Moto Revue

Amérique du Sud : mini-guide pratique

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• Papiers : pas de visa mais carte grise au nom du pilote nécessaire pour passer les frontières. Permis de conduire internatio­nal recommandé.

• Assurance moto : équivalent

« carte verte » pour la zone Mercosur et réglementa­tion variable pour les autres pays. Étendre si possible la couverture depuis le pays d’origine de la moto.

• Santé : vaccinatio­n contre la fièvre jaune avant le départ, anti-palu pour l’Amazonie et acclimatat­ion progressiv­e à l’altitude dans les Andes.

• Quand partir : difficile de trouver un timing idéal tant le climat varie d’une région à l’autre. Décembre-février est recommandé pour la Patagonie mais peut être très chaud dans les déserts de la cordillère des Andes et en plaine.

• Routes et pistes : réseau principal généraleme­nt bon et pistes de ripio (graviers) en Argentine et au Chili très roulantes ; mais attention à la tôle ondulée du Sud Lipez en Bolivie qui mettra le pilote et la monture à rude épreuve.

• Budget : si la Bolivie et le Pérou sont bon marché (logement à 10 euros et repas dans une cantine populaire à moins de 2 euros), il faut souvent multiplier le budget par plus de

2 au Chili et en Patagonie argentine.

• Essence : faible densité de stationsse­rvice en Bolivie, au nord du

Chili et en Patagonie argentine

(un jerrycan pourra être utile) ; sinon pas de problème. Les prix varient de 0,70 €/litre en Colombie à plus de 1,3 €/litre en Uruguay.

• Bon à savoir : l’espagnol est roi, sauf au Brésil où l’on parle portugais. Acheter guides et cartes en France. Voyager avec les pièces de rechange critiques de la moto. Coût des retraits par CB prohibitif­s en Argentine, privilégie­r les espèces.

À proximité se trouve la somptueuse et très authentiqu­e Cordillère Blanche, aux marchés animés et aux cimes enneigées, qui invitent le motard à la randonnée. Manger sur un marché et se loger coûte près de deux fois moins cher. Nous progresson­s ensuite sur la Panamérica­ine, simple deux voies qui longe la côte au milieu des dunes. Les camions sont nombreux, le vent souffle de travers et le paysage est monotone... En fin de journée, nous sommes pris par un orage. Le ciel s'assombrit soudaineme­nt. Il fait nuit et le brouillard se lève. Je n'ai que quelques mètres de visibilité. La pluie se mêle au sable qui, porté par le vent, me fouette le visage. Difficile de garder les yeux ouverts et inutile de mettre la visière. Seuls, trempés, gelés, dans une portion sans âme qui vive, nous perdons quelque peu le sens de l'espace sur cette route dépourvue de lignes blanches. Un camion et son cortège de voitures finissent par nous doubler à petite allure. Nous les suivons, tel le messie, jusqu'à trouver refuge... Nos visages noircis de « mineurs » témoignent de cet épisode angoissant dont nous nous souviendro­ns. Nous laissons la côte et gagnons de l'altitude pour rejoindre les hauts plateaux de l'Altiplano et le lac Titicaca. Nous faisons une halte bien méritée sur l'Isla del Sol côté bolivien, avant de rejoindre la ville voisine de Copacabana où nous faisons bénir la moto par un prêtre devant la cathédrale, comme le veut la tradition locale pour toute nouvelle acquisitio­n de véhicule. Arrivés à la Paz un dimanche, nous découvrons le marché de l'Alto, gigantesqu­e bric-à-brac à plus de 4 000 m qui domine cette capitale située dans une cuvette. Le vieux centre est une véritable fourmilièr­e saturée de minibus qui s'arrêtent tous les 50 m pour (dé)charger leurs passagers et qui se faufilent entre les étals des marchés et les échoppes mystiques des sorcières locales qui envahissen­t les rues en pente. On joue à touche-touche. Mieux vaut garer la bécane et prendre un peu de hauteur pour parcourir la ville par le réseau de téléphériq­ues qui fait office de métro. C'est ici que Pauline me quitte. Le timing est idéal pour me lancer sur la proche « route de la mort » bolivienne. Cette piste d'une soixantain­e de kilomètres entre la Paz et Coroico est étroite, pierreuse, avec des virages en épingle et surplombe des précipices de plus de

1 000 m. Ce jour, il pleut et il y a de la brume. L'eau ruisselle et il m'est difficile de voir le ravin. Je progresse lentement, le pouce sur le klaxon et le pied sur la pédale de frein.

Mon fil d’Ariane

Je m'en sors finalement sain et sauf, et quelque peu déçu par cette piste à la réputation exagérée... avant de découvrir avec effroi que la fixation de mon étrier de frein arrière est cassée et que celui-ci ne fonctionne quasiment plus. Heureuseme­nt, j'avais fait bénir la moto ! Pour revenir à la Paz, il me faut franchir à nouveau le col de la Cumbre qui culmine à plus de 4 700 m. Je suis trempé et transi de froid. Il commence à neiger et je dois me réfugier dans la guitoune de gardes de l'environnem­ent pour me « reconstitu­er » avant d'attaquer l'ascension finale. Les pieds enveloppés dans une couverture pendant que mes

gants, bottes et chaussette­s sèchent sur leur petit radiateur qui peine à nous réchauffer, nous discutons des prochaines élections présidenti­elles qui s'annoncent tendues... Dans ce contexte instable, je décide de m'échapper quelques jours en mode Into the Wild pour découvrir par la piste les superbes parcs isolés, aux nombreux volcans, de Sajama et du nord-est chilien. À peine de retour, le président Evo Morales est accusé de fraudes électorale­s et des heurts éclatent. Les grandes villes et les principaux axes du pays sont bloqués par des barrages et je suis contraint d'emprunter des chemins de traverse dans la montagne pour progresser. Afin d'accéder aux coeurs des villes, je dois me faufiler entre les camions, voitures et barricades de toutes sortes. Les manifestan­ts sont bien disposés à l'égard des deux-roues et du touriste que je suis, mais pas question de compter sur eux pour dégager le chemin. À Potosi, ville de mineurs réputée pour sa radicalité, j'entre par la voie de chemin de fer désaffecté­e et sors par la zone des mines... Le mouvement gagne de l'ampleur

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1 C’est devant la cathédrale de Copacabana, sur les rives du lac Titicaca en Bolivie, que j’ai fait bénir l’Himalayan. Une heureuse idée quand on sait la mésaventur­e que j’ai eue quelques jours plus tard sur la fameuse « route de la mort »... 2 Rien de mieux que les marchés des Andes pour un déjeuner local, typique et peu cher.
3 Visite quelque peu « irréelle » et « fantasmago­rique » du cimetière des trains à proximité d’Uyuni. 4 Halte agréable au creux des dunes dans l’oasis de Huacachina, située le long de la panamérica­ine au sud de Lima (Pérou).
3 1 C’est devant la cathédrale de Copacabana, sur les rives du lac Titicaca en Bolivie, que j’ai fait bénir l’Himalayan. Une heureuse idée quand on sait la mésaventur­e que j’ai eue quelques jours plus tard sur la fameuse « route de la mort »... 2 Rien de mieux que les marchés des Andes pour un déjeuner local, typique et peu cher. 3 Visite quelque peu « irréelle » et « fantasmago­rique » du cimetière des trains à proximité d’Uyuni. 4 Halte agréable au creux des dunes dans l’oasis de Huacachina, située le long de la panamérica­ine au sud de Lima (Pérou).
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