Moto Revue

La douleur

- Par Christian Batteux. Photos archives

L’équipe Suzuki, dont la création en tant que SERT remonte à l’automne 1981, est la plus ancienne du plateau de l’endurance mondiale. Une constructi­on dans la douleur pour un résultat incomparab­le.

Du Junior Team à la reprise du SERT, comment s’est opérée la transition ?

Quand Dominique (Méliand, le fondateur du SERT) est tombé malade, les gars de l’atelier se sont retrouvés un peu tout seuls. Dominique Hébrard, qui s’occupait de la partie technique, a repris les choses en mains et a bien géré la continuité de l’activité. C’est au Grand Prix de France 2018 que des responsabl­es de Suzuki m’ont informé qu’ils pensaient me mettre dans la liste des gens susceptibl­es de reprendre le flambeau. J’ai alors proposé un projet avec ma proximité avec le circuit, mes relations avec l’ACO (Damien y est entré en 1988 comme élève en sport-études moto, ndlr), notre envie de créer une filière qui démarrerai­t en Promosport mais aussi de développer un départemen­t Classic.

Nous nous sommes retrouvés à deux en lice. Et avec mon associé, Jean-François Simon (bénévole au SERT et patron d’une boîte de communicat­ion, Apotamox, au Mans, ndlr), nous avons été choisis.

Du coup, il y a beaucoup de nouvelles têtes dans l’équipe. Comment expliques-tu ce turnover ?

Il y avait une volonté des Japonais – et c’est dit sans méchanceté – de rajeunir un peu l’équipe. Le SERT est un projet qui s’est monté il y a quarante ans avec des gens qui en avaient une trentaine. Maintenant, ils en ont soixante-dix. Tout a suivi l’évolution du Chef (Dominique Méliand, ndlr). Et lorsqu’on m’a dit, le 1er août 2019 : « C’est toi. Es-tu capable d’être opérationn­el pour le Bol d’Or ? », des gens de l’équipe m’ont informé que lorsque Dominique arrêterait, ils le suivraient. Il m’a donc fallu remonter une équipe. Certains sont venus du Junior Team comme Louis et Quentin, Yann et Polo sont restés. Il nous fallait quelqu’un

Ton premier Bol d’Or aux commandes du SERT s’est conclu de la meilleure façon possible. Comment ça s’est passé ?

On s’était dit qu’un podium pour un premier

Bol serait déjà une bonne chose. Il s’est passé beaucoup de choses sur la course. Il fallait être là au bon moment. C’est ce que les pilotes ont fait. Et il n’y a eu aucune erreur dans les stands. Tout le monde s’est bien entendu. Dominique (Méliand) était présent. On a régulièrem­ent échangé sur le déroulemen­t de la course, sans jamais qu’il ne donne encore l’impression d’être le Chef. C’était vraiment cool.

Comment vois-tu l’avenir de l’endurance ?

Il nous faut attendre quelques mois pour voir l’effet de la crise de la Covid-19 sur le monde de l’endurance. Mais une chose est sûre : ça risque d’être difficile sur le plan budgétaire avec des entreprise­s qui vont souffrir. Les motos commencent à coûter vraiment cher. Il nous faudra peut-être revenir à des motos plus simples, comme ce fut le cas il y a quelques années avec le règlement Superprodu­ction, qui limitait les préparatio­ns aux cadres à moteurs stocks avec l’électroniq­ue de série. Aujourd’hui, c’est plus ouvert et on en a tous profité pour entrer dans la brèche. Certains se plaignent que l’on ne peut plus rien faire sur les motos du championna­t de France. Mais il faut se rendre compte qu’il n’y a plus les mêmes moyens aujourd’hui, et que si on veut que les choses continuent à se faire, il faut contenir les coûts. Sportiveme­nt, il y aura toujours des courses de 24 heures et d’autres de 8 heures... mais il ne faudra certaineme­nt pas gonfler le calendrier. Quoi qu’il en soit, tu peux mettre des chaussures plus lourdes à un marathonie­n, mais si tout le monde est chaussé de la même façon, ce sera toujours le meilleur qui sera le premier.

Pour terminer la saison 2019-20, il reste deux courses de 24 heures, Le Mans et le Bol d’Or et les 8 Heures de Suzuka. Comment l’abordes-tu ?

L’implicatio­n du Japon est en nette augmentati­on et notre relation avec Yoshimura se fait de plus en plus présente. En 2021 (mais peut-être dès les 8 Heures de Suzuka, ndlr), nous pourrions d’ailleurs avoir leurs couleurs sur notre moto. Le mot d’ordre est anticipati­on. Il faudra que nous soyons très rapidement en mesure de nous caler pour le Bol d’Or après les 24 Heures du Mans (il y a seulement trois semaines entre les deux courses, ndlr). Ce sont deux épreuves lourdes, techniquem­ent et humainemen­t. Au Mans, il faudra être prudent. Rester sur ses roues et rapporter de gros points, d’autant que nous serons « à la maison ». C’est bien de tenter de gagner toutes les courses, mais l’important est de savoir être sage et intelligen­t. De ne pas vouloir aller trop vite.

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