Moto Revue

Rencontre

Aujourd’hui encore, Mike Di Meglio joue la victoire, que ce soit en endurance mondiale ou en MotoE. Et pourtant, sa carrière a démarré il y a plus de 20 ans déjà. Retour sur une longévité exceptionn­elle.

- Par Jean-Aignan Museau.

Mike Di Meglio nous raconte son parcours pas toujours rectiligne, illuminé par son titre de champion du monde 125

Dès sa naissance, au début de l’année 1988, Mike est en contact avec la ferraille. Son père tient un atelier de carrosseri­e au sud de Toulouse et il s’adonne avec passion aux courses... de cyclos. « De cinq à onze ans,

je l’accompagna­is sur les circuits, se souvient Mike, qui, au guidon de son vélo n’en perd pas une miette. Je rêvais de faire du motocross et finalement, j’ai fait des courses de mob. »

Père et fils roulent dans les mêmes catégories. Si la première année, au guidon d’un 70 cm3, le père est plus rapide, la deuxième, alors qu’il est toujours sur son 50 cm3, le fils joue rapidement devant : « Un jour, il m’a doublé. Je l’ai repassé aussitôt. À l’arrivée, il s’est fait chambrer par ses potes. Ça m’a fait rire. Et sa carrière de pilote s’est arrêtée là. » Du coup, Christophe se met à préparer des moteurs et des échappemen­ts pour Mike, qui a lâché le cyclo pour le scooter. « Et je me suis mis à essayer des tas de pièces. La semaine il préparait, le week-end je testais. Ce qui, aujourd’hui encore, me donne une certaine sensibilit­é à la technique. Au point parfois de me bloquer si je ne le sens pas bien. Mais les courses d’endurance m’ont vraiment permis de progresser là-dessus. » En 2001, Mike remporte la Coupe Conti devant Alexis Masbou. Grégory Lefort et Jérémy Petit. Puis il y a la sélection pour le Prix de L’Avenir. Dans un premier temps, il n’est pas retenu. « En fait, ils avaient trouvé mon père trop omniprésen­t. »

Toutefois, la FFM le garde sous son aile en vue de la sélection pour la saison 2002. Intégré, il fait des étincelles dès la deuxième course, en battant le record de la piste de Magny-Cours détenu par Nicolas Dussauge. L’épreuve suivante, à Nogaro, dans des conditions météo changeante­s, lui offre sa première victoire à tout juste 14 ans ! À sa troisième course, il bat le record de Lédenon, détenu jusqu’alors par le champion du monde, Arnaud Vincent ! Il décroche une séance d’essais avec le team d’Olivier Liégeois, qui a fait rouler le Japonais Masao Azuma en Grands Prix 125. « Au moment du débriefing technique, je lui ai dit qu’il y avait un bruit de chaîne. En fait, le bras oscillant était tordu, et personne ne s’en était plaint ! »

Il gagne un ticket pour aller disputer une course de championna­t d’Espagne. Dans le dernier virage, il double Tom Lüthi et termine sur la troisième marche du podium. Mais avant d’essayer la moto, il se retrouve contraint à signer avec un manager. « Le budget pour faire l’Europe était sensibleme­nt équivalent à celui des Grands Prix. Nous sommes partis en GP. » Mike n’a qu’une année d’expérience en 125, le team n’a pas de moyens. « Ça a été très compliqué. Je n’avais pas de méthode de

travail. Je découvrais les voyages. » En 2004, il réussit à réunir le budget pour entrer dans le team Globett avec Gino Borsoï. Les Aprilia sont vertes et plutôt bien nées : « J’ai surtout trouvé une méthode de travail durant l’hiver, afin d’arriver prêt pour les courses. Je passe du néant à la première ligne du premier Grand Prix, avec Stoner, Dovizioso et Barbera ! » À ce moment, les départs ne sont pas son fort et il boucle le premier tour en 18e position. « Mais je remonte cinquième en alignant des chronos plus rapides que ceux des gars de devant ! »

Idem la course suivante, avant de s’envoler dans le bac à gravier. Au Mans, pour la troisième course, il passe Stoner dans la courbe Dunlop... et finit une nouvelle fois par terre. Cette fois, avec un pied cassé. La saison est rythmée par les chutes. « En fin d’année, je m’en remets une grosse à Motegi. Ils me disent que j’ai une fêlure. En fait, j’ai le tibia, le péroné et la malléole cassés. »

Il boucle, dans cet état, la course suivante en Australie. En rentrant à Toulouse, une radio de contrôle dévoile le pire : « Tout était cassé et déplacé. La calcificat­ion avait commencé

mais ça recassait tout le temps. » Il a 16 ans. Le chirurgien lui dit que s’il ne fait rien, il ne pourra bientôt plus marcher. Mike passe donc sur le billard et fait l’impasse sur le dernier Grand Prix, où Nicolas Terrol le remplace. « Pour la première fois de ma carrière, je reste deux ans

dans la même structure. » Le team change de monture et c’est avec une Honda, en 2005, qu’il monte sur son premier podium et qu’il gagne son premier Grand Prix, à Istanbul, un jour de printemps. « C’était frustrant. C’est l’année du titre de Lüthi et ça roulait moins vite

« En GP, je n’ai jamais fait deux saisons consécutiv­es dans le même team avec la même moto »

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