NOSTALGIE Sur la piste des XR
C’était un pari osé: ouvrir une enseigne dédiée aux trails monocylindres Honda ayant fait les beaux jours de la marque pendant les années 80. Aux commandes de cette aventure, Philippe Le Mercier, marqué au fer rouge, carburant à l’audace et à la curiosité.
Philippe Le Mercier a toujours manoeuvré pour que sa vie soit en lien avec la mécanique, au sens large du terme, avec un penchant tout particulier pour la moto. Après avoir été conducteur de trancheuse et dessinateur industriel dans le nucléaire, en 1982, il se fait recruter en tant que mécanicien dans une concession Honda. Il découvre l’univers des rallyes-raids – Tunisie, Atlas, Pharaons –, fait la connaissance de
Cyril Neveu et devient responsable technique de la concession tourangelle du quintuple vainqueur du Dakar dont le team est le plus important du Rallye de l’Atlas, avec 23 motos engagées. Philippe est au tour et au moulin, de la préparation à l’assistance. Il apprend, vite et bien, prend du galon et de l’assurance, ouvre une concession Honda, en 1988 à Angers, affûte ses connaissances techniques, développe une marque de pit bikes, des kits moteur pour gonfler les 125 (vendus à 10 000 unités), fait courir des Honda RC 45 et VTR 1000 SP1 en endurance, crée un site « microfiches.net » donnant accès aux « parts lists » de 80 concessionnaires (1,5 million de visiteurs mensuels). Il découvre dans le même temps, il y a 20 ans, le potentiel industriel de la Chine où il se rend tous les trois mois pour faire produire des pièces. Ce boulimique de travail, globe-trotteur qui prend cependant le temps de découvrir le monde en randonnée moto, ayant pris du recul avec ses activités trépidantes, retrouve ses racines tout-terrain à travers Classic Red. Son objectif : se faire plaisir, travailler à son rythme – sous la zone rouge –, avec deux compagnons, pour remettre sur roues les trails Honda, de la 250 XLS, la plus modeste à la XLM 600, le nec plus ultra, en passant par la gamme XLR (250,
350, 400, 500, 600) et les déclinaisons enduro XR, de la 200 à la 600. Que des monocylindres. Il a écarté les 125, très cool mais devenues trop chères à l’achat, et les Africa Twin, trop onéreuses à restaurer à cause du bicylindre à refroidissement liquide.
Un stock de 200 Honda
Pour réussir son challenge et vendre deux ou trois motos chaque mois, nécessitant entre 80 et 100 heures de labeur, Philippe s’est constitué un stock de guerre : pas moins de 200 Honda chinées aux quatre coins de l’Europe, en toute discrétion, pour ne pas créer d’inflation, sans compter quelques tonnes de pièces détachées. Cette accumulation d’accessoires neufs, encore dans les emballages pour certains, parfaitement référencés, est impressionnante : des centaines d’éléments en plastique, des dizaines de réservoirs, selles, moteurs, fourches, bras oscillants... sans compter la visserie d’origine, les stickers, les câbles et tout le toutim, qui permettent des restaurations conformes à l’origine. Philippe Le Mercier ne vend pas ses pièces, son fonds de commerce, qu’il ne pourra pas forcément renouveler. Les premiers à dégainer seront en toute logique les mieux servis. Il s’autorise (mais c’est le client qui a le dernier mot) à conserver quelques pièces qui portent les stigmates d’une vie sur la route, préservant ainsi leur authenticité et leur âme. Non content de commercialiser des motos clés en main, avec une garantie de trois mois, Classic Red propose des Honda à la carte, selon la sensibilité de chacun ou l’usage, avec pourquoi pas, un gros réservoir ou un radiateur d’huile additionnel pour aller taquiner les pistes marocaines comme à la grande époque. Il propose également une série limitée de trois replica de la XR 550 officielle du Dakar 1982 (13 000 €). Si vous aimez les Honda, c’est ici que ça se passe !