L’aventure, c’est gonflé !
Par nature, l’aventure comporte sa part de danger. Une part que l’on peut toutefois minimiser en décidant de certaines précautions. Alpinestars, avec son gilet airbag Tech-air Off Road, en est une, en s’occupant du squelette des héros…
L’image fait froid dans le dos. Dans le cou aussi. Lors du shooting photo/ vidéo du team officiel Honda HRC rallye-raid 2024, on voit le généreux Skyler Howes ricocher de gauche à droite dans une succession de vagues de sable avant d’être éjecté de sa 450 CRF Rallye d’usine – façon pantin désarticulé – et de réaliser bien involontairement un cul par-dessus tête qui l’envoie, casque en premier, percuter violemment le sol… L’américain se relèvera sans bobo. Et à l’écouter nous commenter ces images, sans le gilet airbag qu’il portait à ce moment, l’issue aurait été certainement bien plus lourde, voire dramatique. Dans les compétitions de rallye-raid, le port d’un gilet airbag est désormais obligatoire. Mais même à l’entraînement, ou lors d’une « banale » séance photo, les pilotes avouent ne plus quitter cet équipement dorénavant considéré comme indispensable. Une discipline extrêmement dangereuse où les pilotes de pointe roulent toujours plus vite sur leurs 450 monocylindres, transformant le rallye en une sorte de motocross géant long de plusieurs milliers de kilomètres, mais un motocross où les concurrents se lancent sans connaître la piste… Pour accompagner les immanquables chutes, l’airbag est donc intégré comme un garde-fou supplémentaire, celui qui peut vous sauver les os… voire la peau. Depuis vingt-trois ans, Alpinestars travaille sur cette technologie. Déjà quinze ans que les pilotes officiels de la marque italienne en Motogp les portent sous leur combinaison, et treize ans que les premiers exemplaires ont été commercialisés. Pour la piste depuis 2011, et pour la route dès 2014 avec le Tech-air, puis en 2019 et 2022 les lancements des nouveaux produits Tech-air 5 et donc 10 (nouveau développement du modèle piste) et 3 (route/ville). C’est maintenant au tour de la variante off-road aventure de nous être dévoilée en ce début d’année 2024, et d’être commercialisée depuis avril chez les revendeurs ou sur Internet. Au programme du test, plusieurs centaines de kilomètres dans le désert du Nevada, truffé de tous les pièges qu’un désert peut comporter… Sûr de sa force, de son matériel, le staff américain nous explique que le développement du Tech-air Off Road a démarré en 2017, équipant les pilotes professionnels de rallye depuis 2018, puis lançant la réalisation de la version définitive (celle-là même qui sera commercialisée) au moment du rallye d’andalousie 2020. Au-delà des 52 pilotes qui l’auront porté lors du
Dakar 2021 et des 83 autres qui l’auront adopté sur le Dakar 2023, ce sont des centaines d’utilisateurs qui l’auront challengé sur des millions de kilomètres, parsemés de milliers de chutes enregistrées, autant d’enseignements indispensables au développement du produit. Un airbag qui, contrairement au modèle français in&motion, ne bénéficiera pas de mises à jour via Internet. Alpinestars a fait le choix d’une amélioration au long cours, collectant durant des années toutes les données requises avant de les figer et de proposer un article répondant le plus justement possible au fruit de ces enseignements. Deux visions donc, l’une gravée dans le marbre, l’autre évolutive.
Et en dynamique ?
Avant d’enfiler le gilet, il est nécessaire d’ouvrir le « couvercle » qui se trouve sur la plaque dorsale (révélant alors le centre névralgique du système) et d’enclencher un petit bouton d’interrupteur général (un poil bringuebalant d’ailleurs), faisant office de disjoncteur, si vous voulez. Bouton que l’on actionnera ensuite seulement au moment de remiser durablement le gilet ou de prendre l’avion. Sinon, si on s’en sert régulièrement, un commutateur est disposé sur le côté, qui permet de mettre en route le système, et d’opérer un changement des trois modes disponibles (route, enduro et rallye). Mais la mise effective en tension de l’airbag intervient définitivement au moment de clipser la partie gauche de la protection pectorale (une vibration de deux secondes au-dessus du coeur se fait nettement sentir), le gilet devant être fermé préalablement via la fermeture Éclair. L’enfilage est facile, l’aisance assez naturelle, même si on ressent le poids du matériel.
Plus de 3 kilos, ça commence à compter.
Mais le Tech-air s’avère confortable, les protections souples aux coudes et épaules ne gênent pas du tout, et le choix des « textiles » assure un touché agréable. En action, on l’oublie très vite. Les gestes ne sont pas entravés. Attention à sélectionner le mode qui correspond à votre utilisation, le mode « route » étant le plus sensible, le « rallye » le plus permissif. En clair, si vous attaquez un chemin défoncé sur le mode « route », vous tortillant
nerveusement depuis vos repose-pieds pour conserver l’équilibre de votre moto, enchaînant les glisses et les sauts, vous risquez d’entendre un claquement sec avant de vous transformer dans l’instant suivant en un Bibendum complètement étonné… Gaffe à la sélection du mode donc. D’ailleurs, on aurait bien aimé un bouton un peu plus accessible, pas facile avec son casque de regarder vers le bas (la mentonnière heurtant le torse), et encore moins évident en plein jour de déceler la lumière indiquant le mode enclenché.
Un gilet qui reste délicat à nettoyer
Personnellement, je le confesse, je n’ai pas poussé l’expérience jusqu’à déclencher l’airbag. Mais d’aimables collègues s’en seront chargés à ma place, dont une charmante demoiselle piégée par une saignée qui l’enverra voler à quelques mètres de sa moto… Jolie culbute, et pas de bobos. Est-ce que ça aurait été pour elle aussi bien sans airbag ? Je ne sais pas, mais au moins reconnaissons qu’elle s’en est tirée – équipée – sans dommages. Un produit qui a fait ses preuves sur le plus exigeant des rallyes, et une technologie qui ne fera de toute façon que s’améliorer au fil du temps. À ce sujet, la connexion sautait parfois quand j’enlevais la veste (qui n’avait rien à voir avec le gilet airbag), obligeant à déclipser l’airbag puis à le reclipser. Pas grave, mais signe d’un petit dysfonctionnement.
Autre bémol, le nettoyage du gilet ne pourra se faire que de façon prudente, une toilette de chat, sans noyer le textile, au risque d’inonder les connectiques. Et quoi qu’on en dise, l’eau et l’électronique n’ont jamais fait bon ménage… Il faudra certainement recourir à des mousses nettoyantes – et à beaucoup de délicatesse – pour décrasser l’ensemble et lui enlever les stigmates liés à la poussière, à la boue, à la sueur, constantes invariables d’une pratique off-road. ■