Gérer la frustration
Même si ça bouge, même si les Japonais travaillent d’arrache-pied, même si les évolutions arrivent en flux continu… il va falloir être patients. Cet hiver, nous n’avons pu travailler que sur deux circuits avant d’homologuer notre aéro pour le premier Grand Prix. Même si les concessions accordées cette année aux constructeurs japonais nous permettent de travailler un peu plus librement, nous ne pouvons pas non plus faire n’importe quoi. Ce n’est pas évident, mais on avance. On pensait réduire notre retard plus rapidement. Malheureusement, les autres progressent aussi. Ils battent record sur record avec des motos abouties, tandis que nous cherchons toujours notre chemin. Cette situation est compliquée pour les techniciens, mais surtout pour les pilotes qui font du super boulot tout en devant gérer leur frustration. C’est aussi notre rôle de les aider. Pas facile d’avoir à se battre avec une moto moins pointue que celles de ses adversaires. Chez Honda, Johann est sans nul doute le plus positif. Et le plus performant, même si, à Austin, il a été un peu en dedans. À Jerez, il a signé une belle performance aux essais, sous la pluie, avec le treizième temps, loin devant tous les autres pilotes Honda. Et en sprint, le top 5 était à sa portée jusqu’à sa chute dans le dernier virage. Aussi bien dans sa préparation que dans son attitude, Johann est irréprochable. Et sans lui, nous ne sommes rien. Voilà pourquoi il faut s’employer à l’aider à gérer sa frustration en valorisant ses résultats. On le sent parfois bouillir quand il retire son casque, mais il arrive toujours à faire retomber la pression pour livrer des commentaires à ses techniciens et aux ingénieurs japonais. Il fédère, chez Honda comme chez LCR.