C’est dans la tête!
Quelle est la part du mental dans les performances sportives ? Jusqu’où une défaillance psychologique peut-elle vous faire plonger et au contraire, à quel point une surdose d’adrénaline positive est-elle capable de vous transcender ? Vaste question et thème épineux tant le domaine « psy » se révèle complexe. Tous les sports et les sportifs se trouvent confrontés, à quelque niveau que ce soit, à l’impact de la pensée sur leurs performances. C’est encore plus vrai dans les sports individuels où l’on évolue seul pour se plonger dans l’effort et dépasser les frustrations. Le tennis a ceci de particulier qu’il oblige à composer avec les notions de physique, de technique, de mental, le tout face à un adversaire auquel il faut s’adapter. Et puis quand on entre sur un court de tennis pour un match, on ne sait jamais à quel moment on en sortira ! On évoque du coup l’idée qu’il s’agit du sport « le plus dur du monde ». C’est zapper un peu vite la moto tout-terrain, principalement le motocross qui ajoute à ces caractéristiques le facteur « engagement physique », risques, pour ne pas dire danger. La confiance devient alors un élément clé, prépondérant, pour jouer des coudes au départ, repousser un freinage, se jeter dans une descente minée, se lancer sur un double face à une palette d’ornières. Sans cette confiance, la technique ou un pseudo-talent n’est rien. Elle s’acquiert après avoir posé les piliers d’une préparation physique et technique aboutie. En effet, un pilote parfaitement préparé pourra s’appuyer sur la certitude de ne pas connaître de défaillance. Il aura abattu tellement de manches à l’entraînement, planté tellement de chronos réguliers dans toutes les conditions, sur toutes les surfaces, que la course lui paraîtra presque facile. Presque, j’ai dit ! En plus de ce physique soigné qui dope le mental, il faudra se persuader de rouler sur la meilleure moto. Puissante, bien suspendue, réglée aux p’tits oignons et fiable, ça va de soi. Une machine dont il n’est pas possible de douter car si le doute s’installe… Et puis il faudra combattre l’idée qu’un petit bobo physique peut arriver. À la réception d’un camel, à l’entrée d’un virage troué. Oublier la dernière blessure pour ne plus appréhender la prochaine. S’engager sans crainte, avec insouciance mais contrôle. Tout un art qu’il est difficile de maîtriser au plus haut niveau quand tout va plus vite, plus fort, plus loin. Le pilote de motocross doit entrer dans un état d’euphorie, une spirale positive pour prendre l’ascendant, dégager une confiance inébranlable. Quand le doute s’installe, les problèmes commencent. Un mauvais résultat, deux puis trois, une chute violente et voilà la spirale positive dégradée, prête à tourner dans l’autre sens. C’est la moto ? Mon entraînement ou mon entraîneur m’apportent-ils ce dont j’ai vraiment besoin ? On a vite fait de tout remettre en cause sans jamais se dire finalement, ou oser se dire, c’est dans la tête, ce n’est qu’une affaire de confiance en soi, de volonté… Les trajectoires de Paulin et Febvre depuis deux saisons en MXGP éclairent et montrent à quel point la confiance est fragile. Ils savent piloter. Ils savent gagner. Mais pas toujours. Comment comprendre qu’un Paulin ait connu tant de difficultés dans le team Honda-hrc avec l’apport de JMB et Baker alors qu’il gagne de nouveau au sein d’une plus petite structure chez HVA sans coach prestigieux ? Pourquoi Febvre ne domine plus mais au contraire patine et s’interroge dans une structure qu’il connaît ? On a cherché à en savoir plus. Sans obtenir de réponse précise tant la part du mental est une fois encore au coeur du débat. Dominer ou se laisser dominer, la frontière entre ces deux états est infime. On ne devient et on ne reste champion que quand on parvient à terroriser ses doutes. Une performance presque surhumaine…