Moto Verte

Zach et Mika Pichon racontent…

- Par Pascal Haudiquert

Même après avoir pris sa retraite sportive, Mickaël Pichon n’a pas délaissé les paddocks. Il ne s’est pas reconverti comme certains de ses homologues au sein d’un team mais son fils Zach dispute le championna­t d’europe 250 sur une Suzuki officielle. Nous sommes allés rencontrer Mickaël et Zachary chez eux, dans la Sarthe, pour un entretien croisé passionnan­t entre Mika et Zach. Pas simple d’être « le fils de… » !

Zach, 2017 restera l’année des blessures ?

« Oui, c’est une année compliquée qui a commencé par une fracture tibia péroné en octobre, ce qui ne m’a pas permis de me préparer comme on le voulait puisque j’ai perdu deux mois. Quand j’ai commencé à bien reprendre en Espagne avec le team, j’ai chopé une mauvaise grippe. Encore quinze jours d’arrêt. Les courses de préparatio­n ne se sont pas trop mal passées et le championna­t d’allemagne qui était un de mes objectifs de l’année a bien débuté puisque j’étais second avant de me fracturer la clavicule en Lettonie. Cela a enchaîné avec une nouvelle blessure quand je me suis fait sauter dessus en Russie alors que j’étais quatrième de la première manche… C’est un peu compliqué, d’autant que jusque-là, je ne m’étais jamais blessé. J’espère juste que je cumule un maximum cette année pour être tranquille les saisons à venir ! »

Comment vis-tu tout cela ?

« C’est ch…t car je suis continuell­ement arrêté alors que cette année, j’ai tout ce qu’il faut pour faire de bons résultats. J’ai raté l’italie et le Portugal et je ne vais pouvoir reprendre qu’en championna­t d’allemagne avant d’enchaîner sur l’europe mi-août. »

Mickaël : « C’est d’autant plus dommage que c’est sa première année de 250, qu’il est dans un team où il a tout ce qu’il faut pour réussir. Ça se passe super bien avec Stefan (Everts), les motos sont bonnes, l’équipe forme une famille et il est dans de super conditions. Avant sa fracture du tibia l’an passé, il était dans une super dynamique, il se régalait avec la moto mais quand tu t’arrêtes deux mois, au pire moment, tout devient très compliqué. Ça casse la dynamique, d’autant qu’il manque d’heures de moto par rapport à ses adversaire­s ou moi à son âge, et qu’il manque encore de vitesse de pointe. Quand tu passes des semaines à attendre sans rouler, tu perds du temps par rapport à tes rivaux et quand tu reviens, il y a une petite appréhensi­on. C’est frustrant. Ça m’agace autant si ce n’est plus que lui mais on n’a pas d’autre choix qu’attendre. En lui donnant le feu vert, le chirurgien lui avait dit “c’est bon mais il ne faut pas retomber dessus”, ah, il n’est pas retombé dessus, on lui a sauté dessus. »

Mika, les blessures tu connais parce que tu en as quand même eu pas mal ?

« Pas tant que ça au final, une dizaine, peut-être une quinzaine. J’ai eu beaucoup d’opérations, oui, parce qu’il y a eu du matériel posé et du matériel enlevé (rires). Au niveau des jambes, je me suis fait genou et fémur, je me suis beaucoup abîmé les chevilles en supercross mais c’est surtout les acromio, les poignets, les épaules, rien de bien catastroph­ique. Mais je sais très bien que les blessures sont handicapan­tes, surtout s’il y a des séquelles derrière. Encore une fois, Zach manque d’heures de roulage par rapport aux pilotes de sa génération parce qu’on n’était pas sur la même dynamique que certains il y a quelques années, donc il n’avait pas forcément besoin de çà. Bon, il n’a que 16 ans. Depuis quelques années, on se réfère souvent à des Roczen ou Herlings qui ont performé très jeunes mais ce sont des cas exceptionn­els. À l’exception de Seb Tortelli, la plupart des Français sont sortis entre 18 et 20 ans. Chaque personne est différente. Mon fiston, il est un peu comme s’il avait encore 13-14 ans (rires collectifs), il est encore un peu jeune dans sa tête et son âge adulte viendra un peu plus tard que chez d’autres, c’est comme ça ! »

Mika, ton père me disait qu’à l’âge de Zach tu t’étais blessé toi aussi ?

« Oui, c’est vrai qu’à quinze ans je me suis cassé, en fait chaque année, je me faisais mal. À 14, 15, 16 ans mais c’était souvent de ma faute. Zach, c’est rarement de la sienne parce que sa prise de risque est quand même moindre que la mienne (rires). Je prenais des risques. Zach en prend beaucoup moins. Mon caractère faisait que je ne calculais pas toujours ce que je faisais, je débranchai­s assez vite (rires). Lui est plus prudent, il calcule mais le risque est toujours présent, même si tu es un pilote “propre”. On dit qu’une blessure peut aussi permettre de progresser. Espérons que cela lui serve pour le futur. »

Zach, que fais-tu quand tu es blessé, comment occupes-tu tes journées ?

« Les lendemains de blessure, il y a déjà la douleur et la déception et tu ne fais pas grand-chose. Et puis tu te remets au travail. Là je cours, je fais du vélo, j’essaye d’occuper au mieux mes journées et de garder une bonne condition physique. Et il y a aussi l’école. Même si j’ai stoppé ma scolarité, il y a les cours par correspond­ance et avec le bac, j’ai de quoi m’occuper ! »

Mika : « Là je rigole parce qu’il dit être occupé mais il n’en fait pas beaucoup ! Bon là, c’était le bac Français, pour l’an prochain ça va se corser. »

Zach, c’est compliqué de concilier la vie de sportif pro et d’étudiant ?

« Là, j’avoue que je n’en fais pas énormément côté études. Comme le dit papa, c’est maman qui s’occupe de tout envoyer… »

Mika : « On essaye de l’aider du mieux qu’on peut. J’avoue que ce n’est pas simple de bosser seul dans sa chambre. Encore une fois, il a de la chance car il comprend plutôt vite, c’est ce que son professeur nous dit. Il a des capacités par rapport à moi, il a l’avantage d’arriver à bien s’en sortir même si un sujet ne l’intéresse pas plus que ça ! Je reconnais que les cours par correspond­ance, ce n’est pas simple. Moi je gueule après lui pour la moto, ma femme gueule pour l’école, mais à 16-17 ans, on entre dans l’âge de contradict­ion donc ce n’est pas facile d’être partout, d’autant qu’on est souvent sur la route. Cet hiver, quand il pouvait rouler, on montait souvent en Belgique et quand tu passes une semaine à Lommel, tu ne peux pas non plus le soir lui mettre la pression pour qu’il ouvre ses cahiers… »

« Je gueule après lui pour la moto. Ma femme pour l’école… »

« Zach a sept ans devant lui pour être champion du monde MX2. »

Mika, tu avais arrêté l’école de bonne heure toi aussi ?

« Moi, j’ai arrêté trop tôt, mais on n’était pas dans la même dynamique. Je roulais beaucoup parce que j’aimais rouler beaucoup. Je roulais peut-être parfois à tort et à travers, je n’étais pas un grand passionné de physique ou de mathématiq­ues. Par contre, passer des journées sur la moto, cela ne me posait aucun problème. Mon fils donne juste ce qu’il faut dans tous les domaines. Il se réserve mais des fois ce n’est pas compatible avec mon caractère (rires) d’être toujours sur la réserve. »

Zach, comment ça se passe avec le team ? Ils restent à fond derrière toi même quand tu es blessé ?

« Ah oui, franchemen­t tout le monde est derrière moi et c’est cool. Ils donnent sans arrêt des conseils, ils y mettent du coeur et c’est vraiment top ! Stefan prend souvent des nouvelles, il ne met aucune pression et après la Russie, il s’est même demandé si l’on n’avait pas repris trop tôt. »

Mika pour toi, ça se passe comment avec Stefan ? Vous avez été de sérieux rivaux sur la piste, on se souvient de quelques temps assez forts entre vous deux ?

« Eh bien franchemen­t, ça se passe super bien parce que j’apprécie énormément le personnage. Je le connaissai­s un peu car même si l’on était adversaire­s on s’est malgré tout toujours respecté. En fait, il n’y a qu’une fois ou deux où on a eu un incident de course ensemble. Ce n’était que des incidents de course entre deux mecs qui ne veulent rien lâcher parce qu’on était comme ça tous les deux. Après, moi, ça ne me dérangeait pas car j’ai toujours aimé me battre contre des teigneux, même quand je perdais d’ailleurs. J’ai toujours respecté son talent, sa technique, son palmarès, et c’est vraiment un personnage étonnant. Il aime beaucoup Zach, sa technique, son talent, il sait ce qu’il lui manque mais il sait aussi qu’il n’a que 16 ans. Aujourd’hui, le team Suzuki a gardé cet esprit de famille qu’il y avait quand je roulais chez eux. Franchemen­t, je n’ai peutêtre pas passé assez de temps dans d’autres teams mais chez Suzuki, il y a vraiment une ambiance exceptionn­elle. Stefan voudrait que les pilotes s’entraînent plus souvent ensemble, même si lui comme moi n’aimions pas nous entraîner avec nos équipiers quand on roulait. L’avantage dans le team, c’est qu’il n’y a pas de rivalités directes entre équipiers. Hunter est plus jeune que Jeremy et Zach débarque chez eux. J’aime bien l’approche de Stefan, les entraîneme­nts collectifs hivernaux avec Harry et Stefan étaient top et ça ne peut que tirer Zach vers le haut. »

Mika, vous n’avez pas forcément les mêmes points de vue avec Stefan en ce qui concerne la préparatio­n ?

« On a eu deux trois réunions où on a discuté mais Stefan est ouvert et on échange souvent. Il peut apporter beaucoup à Zach. J’ai des points de vue parfois différents mais ça se passe bien et aucun de nous ne campe sur ses positions. On bosse ensemble depuis huit mois, il connaît mon caractère mais lui aussi en a et l’avantage, c’est qu’on s’assoit et discute quand c’est nécessaire. Ce n’est pas forcément tout le temps le cas dans ce milieu ou dans la vie en général ! Zach reste mon gamin, il faut qu’on avance tous ensemble ! Et Stefan est hyper pro, très carré. Je ne peux pas dire que ça ne me convient pas car tout le monde veut aller de l’avant ! »

Zach, quand tu as autour de toi papa, Stefan et Harry qui te donnent des conseils, ce n’est pas parfois un peu compliqué de savoir qui écouter ?

« C’est vrai que parfois, chacun a sa vision des choses, pour les trajectoir­es par exemple. Papa me donne ses conseils, Stefan ce n’est pas toujours les mêmes. Après, c’est à moi sur la moto de faire le tri et de trouver ce qui me convient le mieux. C’est surtout papa et Stefan qui donnent des conseils, Harry, lui, est toujours derrière le chrono à l’entraîneme­nt. »

Mika : « Harry donne aussi de bons conseils, c’est comme papy (Alain, le père de Mika), ils ont un bon oeil et beaucoup d’expérience. Tout est bon à prendre, quitte à trier après. »

Stefan me disait qu’il avait parfois un peu de mal avec son fils qui n’écoutait pas toujours ce que papa lui disait. Comment tu réagis Zach aux conseils que te donne Mika?

« Quand j’étais petit, si papa me disait que cette trace-là était bonne, je restais dans cette trace pendant toute la manche, même si la piste évoluait. Je ne discutais pas. Maintenant, ça a changé et je cherche à évoluer en fonction de l’état du terrain. »

Mika : « C’est vrai que ce n’est pas forcément facile pour lui, surtout quand il a derrière lui Stefan et moi qui lui parlent… Quand Stefan lui parle ou donne un conseil, je m’écarte et les laisse ensemble. J’ai bien vu comment Stefan pratiquait. Au début j’écoutais et j’ai vite vu que s’il lui donne dix conseils, je ne suis peut-être pas d’accord sur un ou deux mais dans l’ensemble, ce ne sont que de bons conseils. Bon, on donne peut-être trop d’infos à Zach, mais c’est à lui de faire le tri et au final, il n’y a que lui sur la moto quand la grille tombe. »

Mika, la fin de ton associatio­n avec Suzuki avait été brutale (NDR : blessé, Mickaël avait appris par une tierce personne que Suzuki ne le conservait pas lors du dernier GP 2003). Comment s’est passé ce retour ?

« Ce n’est que récemment, au GP de Suisse l’an passé, que Sylvain m’a appris la raison de mon départ de chez eux. Du fait qu’ils passaient au 4-temps, ils avaient décidé de ne plus travailler avec moi car je n’aurais jamais eu la patience de développer la moto et donc de “prendre des râteaux” tous les week-ends… À l’époque, ils ne me l’avaient pas dit comme ça… Cela ne s’était pas bien passé sur le coup mais dans ce milieu, il ne faut pas être rancunier sinon tu ne fais plus rien ! Mais même une fois parti de chez Suzuki, j’ai gardé de très bons rapports avec Franck (aujourd’hui chef mécano), avec les mécanos et même avec Sylvain car la décision n’était pas que la sienne. Sylvain m’a fait confiance pendant plusieurs années, il m’a apporté tout ce qu’il fallait pour être champion du monde et avec ces titres, j’ai eu une reconnaiss­ance, j’ai gagné de l’argent, etc. Je suis bien content d’avoir été pilote chez eux et d’y retourner avec Zach aujourd’hui. »

Mika, c’était ta volonté de faire entrer Zach assez vite dans un team ?

« Oui, car aujourd’hui, tout est très compliqué avec le quatre-temps. Pour faire préparer des motos, c’est un enfer et quand tu vois comment les motos marchent même en Europe 250, tu dois avoir du très bon matériel pour y arriver ! Actuelleme­nt, si tu n’es pas dans une structure, c’est très compliqué, et quand tu as l’opportunit­é d’entrer dans un team comme Suzuki, il ne faut pas hésiter. Zach est jeune. Avec la règle des 23 ans, il peut encore faire sept saisons en 250 et s’il n’a pas eu trop de réussite cette année à un moment donné, cela devrait payer, d’autant que cet hiver il leur a montré des choses très intéressan­tes. »

Zach, tu as des souvenirs de bastons sur la piste entre papa et Stefan ?

« Franchemen­t pas, j’étais très jeune. Dernièreme­nt on a vu des vidéos comme celle de Valkenswaa­rd ou de la Tchéco. »

Mika : « J’essaye de lui en montrer quelquesun­es, qu’il voit qu’on n’était pas mauvais quoi, mais il s’en fout complet. »

Zach : « Moi, je préfère regarder ce qu’il se passe aux US que de voir de vieilles vidéos… »

Zach, quand papa t’a dit que tu allais bosser avec Stefan, ça t’a fait quoi?

« Rien de spécial, si ce n’est que j’étais content d’entrer dans le team Suzuki. Quand je suis allé au workshop la première fois, j’ai vu ses maillots, ses motos, ses plaques à numéro. Ça ne m’a pas mis de pression, t’as juste envie de bien faire quand tu es dans un tel team. »

Zach, s’appeler Pichon et être le fils de papa quand tu fais du motocross, c’est facile ou pas ?

« Comme je le dis tout le temps, il y a des points positifs et des points négatifs. »

Mika : « Quand il croise un officiel c’est pas positif ! » (rires)

Zach : « Si je ne m’appelais pas Pichon, je ne serais peut-être pas chez Suzuki ! Après sur la piste, le fait de s’appeler Pichon est parfois un peu plus compliqué. Disons qu’il y en a qui défendent leur place plus virilement face à moi que face à d’autres. »

Mika : « Ça, c’est depuis tout petit. Tu en as toujours qui essayent de battre Pichon plus qu’un autre pilote. Il faudrait que Zach ait un peu plus de caractère pour se faire respecter. Il y a des fois où j’aimerais bien être à sa place pour leur montrer… Zach n’est pas méchant pour l’instant. Des fois, il sort un peu de ses gonds mais pas assez souvent à mon goût. »

Zach, défends-toi !

« Il y a des moments où, comme en Russie quand Fernandez m’a sauté dessus, j’étais vraiment énervé, ça m’a bien gonflé. Sinon papa dit souvent qu’au niveau caractère, je tiens plus de maman que de lui ! »

Mika : « T’es moins saignant que ton frère ou ta soeur ! » Zach : « Lenny ça va, mais ma soeur… » Mika : « Stefan aussi n’est pas quelqu’un qui s’énerve, il est plutôt calme ce qui ne l’empêche pas d’avoir du caractère sur la moto. Moi des fois, je me suis aussi emporté pour pas grand-chose sur les terrains… »

Zach, tu as débuté en cross puis tu as fait un break et tu y es revenu. Tu veux vraiment faire carrière?

« Petit, je m’y suis mis pour m’amuser, je n’avais pas d’ambition et c’est pour ça que je me suis mis au tennis. Mais quand j’ai repris je savais que je voulais faire ça ! »

Ce fut compliqué de convaincre papa que tu voulais refaire de la moto?

« Non parce qu’on avait gardé une moto à la maison et je roulais de temps en temps, j’ai même fait une course ou deux. L’année suivante, on a fait la ligue, un peu de Minivert et comme ça se passait bien, on est parti pour le Cadet. »

Mika : « Je roulais encore à cette époquelà, et quand j’allais rouler, je l’emmenais parfois rouler avec moi. Ce que je voulais, c’est qu’on le fasse bien s’il voulait en faire. Je trouve que c’est un beau sport, mais il y a une question de moyens et de temps, de sacrifices pour les parents comme pour les gamins. Il faut que tout le monde fasse le maximum, le pilote comme les parents et c’est ce que je lui reproche un peu encore aujourd’hui, de ne pas toujours donner le maximum. C’est valable aussi dans la vie de tous les jours. Si tu ne veux rien regretter, il faut faire le maximum. Bon, comme j’ai tendance à faire plus que le maximum j’ai tendance à le pousser un peu car lui, il ferait un peu moins que le maximum. »

Zach : « Plus maintenant ! Petit, je tirais un peu au flanc on va dire, mais maintenant

« Des fois, Zach sort de ses gonds mais pas assez à mon goût. »

à chaque fois que je monte sur la moto, je donne le maximum. »

Zach, quand on te voit rouler, il semble que tu as toujours une marge de sécurité ?

Mika : « C’est son style qui veut ça. » Zach : « Moi j’ai l’impression que je suis à la limite. Après, papa va dire que je n’y suis pas. C’est vrai que c’est parfois le cas. »

Mika : « C’est son style, et on ne va pas le changer ! Des Strijbos, Ramon, Jordi (Tixier) ont tous un style propre. Ce qui me gêne plus, c’est que parfois il roule avec une marge. C’est ce que je lui reproche car pour y arriver à haut niveau, il faut s’approcher de la limite. Ça viendra sans doute avec les années, l’expérience, les bastons en course, il prendra plus de risques mais des risques calculés. Il y a encore trois, quatre ans, son talent lui suffisait, que ce soit en ligue ou en Minivert, sans trop en faire mais là, il tombe sur des gars très forts, souvent plus âgés et il faut passer la vitesse supérieure. Mais ça va venir. Quand tu fais des manches l’hiver avec Strijbos, Jasikonis, Seewer ou Lawrence, tu vois de suite la progressio­n. »

Zach : « On faisait des manches roue dans roue et comme on comparait toujours nos chronos, j’ai gagné en vitesse. On montait toutes les semaines en Belgique, il y avait une super ambiance, dommage que la fracture du tibia ait interrompu ce cycle ! »

Mika, quand on te voit sur un circuit, on sent du stress chez toi…

« Ce n’est pas comparable avec la période où je roulais. À la limite quand je roulais, ce n’était que du bonheur. Là, rester à le regarder rouler… En fait, ça dépend des circuits, des courses. J’ai confiance en lui, en son pilotage, mais je n’ai pas toujours confiance dans les autres. Il y a quelques abrutis. On a l’impression qu’ils jouent leur vie et quand je le vois en bagarre avec certains, j’ai peur. C’est ce qui s’est passé en Russie. Fernandez, je l’ai déjà vu s’accrocher avec d’autres pilotes. Après, il y a les circuits qui sont devenus un peu “spectacle”. Tu n’as pas une piste où il n’y a pas trois quatre sauts de 20-25 m. Pas besoin d’aller dans des extrêmes, le motocross est déjà un sport à risque sans qu’il soit nécessaire d’en rajouter. Côté parents, soit tu n’y connais rien et tout va bien, soit tu as vécu et tu connais par coeur les risques et ce n’est plus pareil. Quand Liam roule, Stefan est comme moi quand Zach roule. Tu appréhende­s certains secteurs du circuit et certaines bagarres. Le stress on l’a, il ne faut pas que ce soit un frein pour lui dans le sport comme dans la vie. »

Zach, après l’europe c’est le Mondial l’an prochain ? Tu as un plan de carrière en tête?

« Ça va dépendre de la fin de saison… »

Mika : « On va voir, on ne sait pas trop. À l’origine, Stefan n’avait pas prévu de pilote en Europe 250 cette année. Du fait qu’il n’y a pas de limite d’âge, c’est compliqué pour un team de prendre un jeune de 15-16 ans et de l’envoyer dans un championna­t où roulent des pilotes de 25 ans qui ont baroudé un peu partout et qui ont une expérience pas possible. Le plan était donc de faire une saison en Europe. Bon, elle ne s’est pas très bien passée mais Stefan préférerai­t le voir en Mondial l’an prochain. On va en rediscuter tranquille­ment. Personnell­ement, je préférerai­s le voir en Mondial même si physiqueme­nt cela va être dur. Au moins en Mondial, tu roules. En Europe, on roule très peu avec une seule séance d’essais tôt le samedi matin, une manche l’après-midi et une autre le dimanche matin. La décision ne dépend pas que de moi, mais il y a des chances qu’on fasse le saut. »

Zach, papa à fait du cross, du SX, de l’enduro, il a touché à tout. Comment vois-tu ton avenir en moto?

« Je ne sais pas, on verra. L’autre jour on est allé voir le championna­t de France d’enduro à Gacé. J’ai toujours dit que j’aimerais faire une course un jour. Le SX j’aime aussi, mais ce n’est pas trop la philosophi­e chez Suzuki et si l’an prochain je fais le Mondial, il n’y aura pas trop de temps pour le SX. »

Mika : « Ce qu’il faut, c’est que Zach se fixe des objectifs ! Ce n’est pas la peine de vouloir toucher à tout. Ce qui est important, c’est d’aller en GP puis de bâtir quelque chose. Il a sept années devant lui pour être champion du monde MX2, il y a du boulot mais c’est faisable. Il faut qu’il se fixe des objectifs pour aller s’entraîner même quand les conditions sont pourries. On l’a vu au GP de Russie. Qui était devant ? Les têtes de vache, les mecs qui aiment les conditions difficiles. On voit comment s’entraîne Seewer, c’est une sacrée tête de caboche celui-là ! Quand tu vas t’entraîner là-haut (en Belgique) ce n’est pas forcément facile, tu en as qui ne l’acceptent pas, mais si tu l’acceptes, ça peut payer. »

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Le petit Zach est devenu grand. De quoi faire la fierté de « papa Mika » et « papy Alain ». Sans oublier les biquettes et le poulailler, spectateur­s privilégié­s des entraîneme­nts quotidiens !
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 ??  ?? La fin de saison dictera la suite de la carrière de Zach. Europe ou Mondial MX2, le coeur de la famille balance…
La fin de saison dictera la suite de la carrière de Zach. Europe ou Mondial MX2, le coeur de la famille balance…

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