Cette année-là…
1988. Vous êtes un ancien. Vous vous souvenez de l’émoi qui a saisi la France du motocross lorsque plus de 20 000 fans auréolés d’un bob bleu-blanc-rouge ont envahi le site de Villars/écot pour assister à un mémorable Motocross des Nations où, pour la première fois sur une épreuve de motocross internationale, débarquaient les stars américaines et leur coach Roger De Coster. Mais 1988 restera aussi et surtout l’année de l’avènement au plus haut niveau mondial de Jean-michel Bayle. Le circuit du Bout du Monde (le bien nommé) accueille la dernière manche d’une saison folle qui a vu s’entrechoquer deux mondes, deux cultures, deux générations, deux époques. D’un côté la « Hollandie » de Dave Strijbos, jeune champion du monde 125 en 86, pilote officiel Cagiva, qu’on peut rétrospectivement qualifier de pilote « à l’ancienne ». De l’autre, la « frenchitude » de JMB, promu officiel Honda-hrc après deux années qui l’ont vu exploser au plus haut niveau. Style moderne, clean, fluide, potentiel incroyable, adepte du free ride, génération SX. Chaque pilote a connu des hauts et des bas toute l’année. L’opposition est aussi devenue une guerre de clans entre les Bataves et les Latins. L’ultime GP en terre neutre déterminera de quel côté la couronne basculera. Sur ce vaste circuit éphémère tracé dans les prairies, JMB compte un peu de retard mais après la première manche, il revient à égalité. C’est au terme d’un départ chaud bouillant et d’une manche parfaitement maîtrisée que la nouvelle idole du peuple France obtient ce titre mondial. Logique tant le talent du garçon n’a cessé de s’exposer, mais surtout capital pour la suite de la carrière du Kid de Manosque. Jeanmichel Bayle a la conquête de l’amérique en tête. Il est facile de dire aujourd’hui que ses exploits étaient programmés. L’histoire n’est pas si simple. Que serait-il advenu si JMB n’avait pas été titré ce dimanche-là en Suisse ? Le Motocross des Nations de Villars aurait-il connu autant de brio et l’officiel Honda serait-il resté en Europe ? En 125 ? En 250 ? Dans quel état d’esprit ? Gardons-nous d’extrapoler en marche arrière mais soyons conscients que 1988 aura constitué LE déclic pour un pilote et plus largement pour un sport en France qui connaîtra à la suite de cette saison une montée en puissance exceptionnelle. Elle donnera naissance à beaucoup de vocations avec à la clé une ribambelle de champions du monde, des performances aux États-unis jusqu’aux succès à répétition au MX des Nations. Notre héros national revient sur cette année 88… révolutionnaire. Ne manquez pas ! (page 88, tiens donc !).