Moto Verte

Comment le Mac a révolution­né le SX…

- Par Jordan Labbé et Eric Johnson - Photo Archives MV

Si le supercross américain est ce qu’il est aujourd’hui, Jeremy Mcgrath n’y est pas pour rien. Au-delà de l’aspect sportif où il domine encore toutes les statistiqu­es plus de quinze ans après avoir gagné son dernier titre, le « Mac » a posé les bases de l’ère moderne du SX. Pilotage, style, attitude, marketing, dollars, Mcgrath a laissé un héritage sans précédent.

Aux USA, les sports mécaniques ont toujours été très populaires. En tête de gondole, le Nascar est bien en place depuis les années 50 mais en 1972, le supercross débarque dans les stades. Deux ans plus tard, un championna­t est lancé et le public afflue. Hannah, Bailey, Hansen, Barnett, Johnson, Lechien, autant de noms qui ont marqué l’histoire du SX et qui l’on fait grandir. À un moment où des bases solides commencent à supporter un sport en plein essor, un jeune Américain va débouler dans l’arène et prendre toute la lumière sur lui. Replaçons les choses dans leur contexte. Au début des années 90, la télévision est dans tous les foyers, les jeunes s’intéressen­t de plus en plus aux sports mécaniques et aux sports extrêmes. On va passer des dimanches en famille dans le désert sur des « dirt bikes » mais le SX manque d’une star, d’un portedrape­au pour faire rêver les grandes foules. En 1990, le boss du SX s’appelle Jeff Stanton et sa domination sera contestée par un Français qui répond au nom de JMB. Un fermier du Michigan qui se bat contre un Frenchy, bien que le duel reste dans les mémoires des puristes comme l’un des plus beaux de l’histoire, il n’y a pas encore là matière à déchaîner les passions chez les jeunes mangeurs de burgers. JMB prend sa retraite fin 92, Stanton fait la saison de trop en 93, au moment où Jeremy Mcgrath pointe le bout de son nez : « J’ai envie de gagner des courses, mais il faut reconnaîtr­e que le jeune est très rapide », avoue alors Stanton. Double champion en titre chez les 125, le Mac va réussir l’exploit de devenir le premier Rookie titré dans la catégorie reine. Les cheveux mi-longs, les boucles d’oreilles, un langage sans filtre, le Mac dépoussièr­e l’image du champion de SX.

Moins haut, plus vite !

C’est encore plus vrai maintenant, mais déjà dans les années 80, pour

réussir en motocross et en supercross au plus haut niveau, il fallait faire ses classes en amateur et travailler dur dès le plus jeune âge. Le MX devient rapidement un métier pour les kids, avec des séances d’entraîneme­nt difficiles, de longs déplacemen­ts, de nombreuses compétitio­ns et beaucoup de pression. Pour le Mac, la donne a été différente dès le départ puisque gamin, il participai­t à des compétitio­ns de BMX. L’esprit était le même, avec un père très dur sur l’entraîneme­nt, mais la moto était sa porte de sortie, un plaisir qu’il pratiquait pour le fun. Voyant que le fiston avait du talent, Papa Mcgrath engage son fils sur une compétitio­n de moto pour la première fois à l’âge de 14 ans. Les résultats sont rapidement encouragea­nts. Jeremy signe cinq ans plus tard dans le nouveau team Peak Pro Circuit : « C’était impensable pour moi d’avoir une moto d’usine parce que ma carrière en Amateur a été très courte et je n’ai pas gagné grand-chose à la Lorreta Lynn’s. J’ai eu beaucoup de chance qu’honda et Dave Arnolds aient décelé un petit quelque chose dans le Rookie que j’étais à la Lorreta. J’avais besoin de cette opportunit­é, de cette chance de montrer ce que je savais faire en supercross », se souvient Jeremy Mcgrath qui connaît immédiatem­ent le succès avec deux titres 125 SX à la clé en 1991 et 1992. Jean-michel Bayle, alors pilote vedette chez Honda, l’a vu venir :

« Quand j’étais chez American Honda, on s’entraînait ensemble avec le team Peak Pro Circuit et je me souviens très bien des débuts de Jeremy. Il avait un super style. Quand je faisais un enchaîneme­nt en 250, il le tentait en 125. J’ai tout de suite vu qu’il avait un énorme potentiel et qu’il allait finir par tout gagner ! » Son secret ? Une précision chirurgica­le et une nouvelle technique de pilotage issue de son passé en BMX « Race » : « Je savais qu’il fallait que je roule en supercross car c’est là que mon expérience en BMX allait m’être le plus utile. Avant moi, aucun talent du BMX n’avait roulé en supercross. J’ai été un pionnier pour apporter au SX des techniques qui permettent d’aller vite en BMX. J’ai vu que je savais faire des choses que personne ne faisait. Utiliser mes jambes comme suspension­s, rester le plus bas possible sur les sauts… Cela me permettait d’arriver plus vite sur les appels. J’ai souvent doublé des pilotes en l’air parce que tout le monde sautait beaucoup trop haut ! » Révolution­naire dans les années 90, l’amorti et quelques années plus tard le Scrub font partie des bases du pilotage aujourd’hui.

Pionnier du FMX !

Des champions, il y en a tous les ans. Alors pourquoi Mcgrath a-t-il autant marqué les esprits dès ses premières saisons ? À l’évidence, ses résultats font partie de la réponse, mais c’est

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1-800-Collect Call est un des premiers gros sponsors extra-sportif à s’impliquer dans le supercross US aux côtés de Mcgrath. Ici entre Stanton et Larry Ward…
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 ??  ?? C’est en 1993 que Jeremy Mcgrath prend doucement mais sûrement la place de number One chez American Honda face à un Jeff Stanton en bout de carrière…
C’est en 1993 que Jeremy Mcgrath prend doucement mais sûrement la place de number One chez American Honda face à un Jeff Stanton en bout de carrière…
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