Moto Verte

Un vert dans les orange!

- Par Pascal Haudiquert

Alors qu’on en arrive tout juste au tiers du championna­t, difficile de savoir si le coup d’arrêt porté en Russie à la saison jusque-là impériale des officiels KTM aura une suite ou pas. Une chose est sûre, en s’imposant devant Herlings et Cairoli, Desalle a prouvé que le duo KTM n’était pas imbattable en MXGP !

Au fil des années, l’usine KTM s’est imposée comme LA force vive des mondiaux de cross, laissant certes échapper quelques titres mondiaux (Gajser et Febvre) mais imposant régulièrem­ent sa force de frappe avec son quatuor de pilotes officiels. Si l’usine autrichien­ne n’a pas toujours fait dans la dentelle pour signer les meilleurs pilotes (qui ne se souvient pas des remous provoqués par le transfert de Musquin !), elle s’est également appuyée sur la jeunesse, en signant sur du long terme de jeunes espoirs prometteur­s. Il y a eu certes quelques ratés comme le départ de Gajser chez les rouges alors qu’il avait coiffé ses premiers titres en orange, ou plus récemment la désillusio­n avec des espoirs comme Pootjes ou Natzke qui n’ont toujours pas percé, mais les Herlings, Jonass et Prado sont là pour prouver que cette politique de la jeunesse est globalemen­t payante. KTM touche là les dividendes d’une politique sportive agressive, favorisée bien sûr par le fait qu’en championna­t d’europe une majorité de teams est équipée KTM

ou Husqvarna ! On ne parlera bien sûr pas des catégories 65, 85 et 125 que les constructe­urs japonais ont délaissées, laissant le champ libre à l’usine autrichien­ne en situation de quasi-monopole puisqu’il n’y a que Yamaha qui revient à la charge avec un nouveau 65 qui préfigure le retour d’une gamme 2-temps plus complète chez les diapasons. Bref, KTM gagne un peu partout, et comme toujours en pareil cas, cette

domination agace et nuit au suspens même si rien n’est joué entre Herlings et Cairoli d’une part, Jonass et Prado de l’autre.

Du rififi en MX2

Faux équipiers puisqu’ils évoluent désormais dans deux structures distinctes (la structure « factory » pour Jonass, le team De Carli pour Prado), Jonass et Prado n’ont laissé que des miettes à leurs rivaux en MX2. Le Letton vient de se reprendre après deux GP difficiles où il n’a pas eu les honneurs du podium (si ce n’est pour recevoir la plaque rouge de leader), infligeant à son équipier deux défaites lors de l’étape russe tout en ridiculisa­nt le reste du peloton qui termine à chaque fois à plus de trente secondes des deux équipiers, toujours impériaux dans l’exercice crucial des départs où les missiles orange ont toujours été la référence de la catégorie. Jonass mène à la marque (quatre GP à deux et huit manches à trois, Covington ayant réussi à leur en piquer une en Italie) mais il ne dispose que d’une marge réduite face à un rival ayant abandonné un style à panache pour plus d’efficacité. L’école Cairoli, avec qui il s’entraîne désormais au quotidien, porte ses fruits et il faut s’attendre à ce que le jeune Espagnol soit de plus en plus percutant face à Jonass qui bénéficie lui aussi d’un coach expériment­é en la personne d’harry Everts ! Qui peut s’opposer à eux ? Pas grand monde. Thomas Kjer Olsen est déjà relégué à près de 50 unités du leader et se retrouve de plus en plus contesté sur les derniers GP par Watson (premier podium de sa vie en Russie) et Beaton (podium au Portugal) qui ont pris le dessus sur un décevant Vlaanderen, en l’absence de Lawrence blessé (fracture d’un doigt) en Italie.

Un vert qui en veut

À bientôt 29 ans, Clément Desalle reste une des références de la catégorie MXGP, et après avoir surpris en tenant pendant vingt bonnes minutes la cadence d’herlings en Italie, il a encore fait mieux en rééditant en Russie le succès acquis l’an passé, dans des conditions bien différente­s puisqu’il faisait beau et chaud cette fois sur les bords de la mer Noire. Souvent bien placé au premier virage, Clément a particuliè­rement travaillé ses départs avec son équipe technique et cela est payant, alors qu’herlings a lui aussi (enfin) trouvé le bon mode d’emploi de sa moto au moment du départ. Frustré de son abandon au Portugal (problème technique) Desalle ne s’est surtout pas désuni et a prouvé sur un tracé russe rapide et piégeux qu’il faudrait compter avec lui pour le podium, voire pour le titre si d’aventure Cairoli ou Herlings connaissai­ent des mésaventur­es. Son succès russe est un message fort envoyé à Febvre, Gajser et Paulin qui sont, avec lui, les seuls à pouvoir espérer battre à la régulière les KT boys. Mais pour l’heure, alors que le championna­t va bientôt atteindre son premier tiers, ni Herlings ni Cairoli n’ont de réels soucis à se faire, comptant respective­ment 74 et 51 points d’avance sur leur plus proche rival ! La question qui se pose est de savoir combien de temps encore Cairoli va subir la domination d’herlings qui mène la danse dans tous les compartime­nts du jeu (huit manches à trois et quatre GP à un) et qui excelle désormais aussi lors des départs…

 ??  ?? Jeffrey Herlings semble à la limite question vitesse mais pour l’instant, il maîtrise parfaiteme­nt sa fougue légendaire…
Jeffrey Herlings semble à la limite question vitesse mais pour l’instant, il maîtrise parfaiteme­nt sa fougue légendaire…
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 ??  ?? S’ils sont tous les deux officiels KTM, Cairoli et Herlings luttent dans des structures séparées. TC222 et De Carli, c’est avant tout l’expérience !
S’ils sont tous les deux officiels KTM, Cairoli et Herlings luttent dans des structures séparées. TC222 et De Carli, c’est avant tout l’expérience !
 ??  ?? Jeffrey Herlings est ultra-rapide, ça, on le savait. Mais si en prime il part devant, comme ça a été le cas lors des dernières courses, difficile de suivre la machine. Même si Desalle a réussi cet exploit…
Jeffrey Herlings est ultra-rapide, ça, on le savait. Mais si en prime il part devant, comme ça a été le cas lors des dernières courses, difficile de suivre la machine. Même si Desalle a réussi cet exploit…
 ??  ?? Du mieux pour Benoît Paturel au GP de Russie. Bien coaché par Steven Frossard, BP lorgne avec envie sur le top 10…
Du mieux pour Benoît Paturel au GP de Russie. Bien coaché par Steven Frossard, BP lorgne avec envie sur le top 10…
 ??  ?? Gautier Paulin réalise un début de saison solide mais pas assez percutant pour jouer la victoire…
Gautier Paulin réalise un début de saison solide mais pas assez percutant pour jouer la victoire…
 ??  ?? Clément Desalle a savouré son succès en Russie avec François Lemariey, team-manager de KRT.
Clément Desalle a savouré son succès en Russie avec François Lemariey, team-manager de KRT.
 ??  ?? Pauls Jonass a repris du poil de la bête après deux GP « off » où il a mis clairement en selle Jorge Prado, son principal – et pour l’instant seul – rival dans la course au titre mondial MX2…
Pauls Jonass a repris du poil de la bête après deux GP « off » où il a mis clairement en selle Jorge Prado, son principal – et pour l’instant seul – rival dans la course au titre mondial MX2…
 ??  ?? Du mieux pour Stephen Rubini après un début de saison assez terne. Une bonne course en Russie lui permet d’être optimiste pour la suite…
Du mieux pour Stephen Rubini après un début de saison assez terne. Une bonne course en Russie lui permet d’être optimiste pour la suite…
 ??  ?? Retrouver le goût du succès, voilà ce qu’i manquait à Pauls Jonass. Quoi qu’il en soit, c’est bien KTM qui domine les débats en MX2…
Retrouver le goût du succès, voilà ce qu’i manquait à Pauls Jonass. Quoi qu’il en soit, c’est bien KTM qui domine les débats en MX2…

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