Un vert dans les orange!
Alors qu’on en arrive tout juste au tiers du championnat, difficile de savoir si le coup d’arrêt porté en Russie à la saison jusque-là impériale des officiels KTM aura une suite ou pas. Une chose est sûre, en s’imposant devant Herlings et Cairoli, Desalle a prouvé que le duo KTM n’était pas imbattable en MXGP !
Au fil des années, l’usine KTM s’est imposée comme LA force vive des mondiaux de cross, laissant certes échapper quelques titres mondiaux (Gajser et Febvre) mais imposant régulièrement sa force de frappe avec son quatuor de pilotes officiels. Si l’usine autrichienne n’a pas toujours fait dans la dentelle pour signer les meilleurs pilotes (qui ne se souvient pas des remous provoqués par le transfert de Musquin !), elle s’est également appuyée sur la jeunesse, en signant sur du long terme de jeunes espoirs prometteurs. Il y a eu certes quelques ratés comme le départ de Gajser chez les rouges alors qu’il avait coiffé ses premiers titres en orange, ou plus récemment la désillusion avec des espoirs comme Pootjes ou Natzke qui n’ont toujours pas percé, mais les Herlings, Jonass et Prado sont là pour prouver que cette politique de la jeunesse est globalement payante. KTM touche là les dividendes d’une politique sportive agressive, favorisée bien sûr par le fait qu’en championnat d’europe une majorité de teams est équipée KTM
ou Husqvarna ! On ne parlera bien sûr pas des catégories 65, 85 et 125 que les constructeurs japonais ont délaissées, laissant le champ libre à l’usine autrichienne en situation de quasi-monopole puisqu’il n’y a que Yamaha qui revient à la charge avec un nouveau 65 qui préfigure le retour d’une gamme 2-temps plus complète chez les diapasons. Bref, KTM gagne un peu partout, et comme toujours en pareil cas, cette
domination agace et nuit au suspens même si rien n’est joué entre Herlings et Cairoli d’une part, Jonass et Prado de l’autre.
Du rififi en MX2
Faux équipiers puisqu’ils évoluent désormais dans deux structures distinctes (la structure « factory » pour Jonass, le team De Carli pour Prado), Jonass et Prado n’ont laissé que des miettes à leurs rivaux en MX2. Le Letton vient de se reprendre après deux GP difficiles où il n’a pas eu les honneurs du podium (si ce n’est pour recevoir la plaque rouge de leader), infligeant à son équipier deux défaites lors de l’étape russe tout en ridiculisant le reste du peloton qui termine à chaque fois à plus de trente secondes des deux équipiers, toujours impériaux dans l’exercice crucial des départs où les missiles orange ont toujours été la référence de la catégorie. Jonass mène à la marque (quatre GP à deux et huit manches à trois, Covington ayant réussi à leur en piquer une en Italie) mais il ne dispose que d’une marge réduite face à un rival ayant abandonné un style à panache pour plus d’efficacité. L’école Cairoli, avec qui il s’entraîne désormais au quotidien, porte ses fruits et il faut s’attendre à ce que le jeune Espagnol soit de plus en plus percutant face à Jonass qui bénéficie lui aussi d’un coach expérimenté en la personne d’harry Everts ! Qui peut s’opposer à eux ? Pas grand monde. Thomas Kjer Olsen est déjà relégué à près de 50 unités du leader et se retrouve de plus en plus contesté sur les derniers GP par Watson (premier podium de sa vie en Russie) et Beaton (podium au Portugal) qui ont pris le dessus sur un décevant Vlaanderen, en l’absence de Lawrence blessé (fracture d’un doigt) en Italie.
Un vert qui en veut
À bientôt 29 ans, Clément Desalle reste une des références de la catégorie MXGP, et après avoir surpris en tenant pendant vingt bonnes minutes la cadence d’herlings en Italie, il a encore fait mieux en rééditant en Russie le succès acquis l’an passé, dans des conditions bien différentes puisqu’il faisait beau et chaud cette fois sur les bords de la mer Noire. Souvent bien placé au premier virage, Clément a particulièrement travaillé ses départs avec son équipe technique et cela est payant, alors qu’herlings a lui aussi (enfin) trouvé le bon mode d’emploi de sa moto au moment du départ. Frustré de son abandon au Portugal (problème technique) Desalle ne s’est surtout pas désuni et a prouvé sur un tracé russe rapide et piégeux qu’il faudrait compter avec lui pour le podium, voire pour le titre si d’aventure Cairoli ou Herlings connaissaient des mésaventures. Son succès russe est un message fort envoyé à Febvre, Gajser et Paulin qui sont, avec lui, les seuls à pouvoir espérer battre à la régulière les KT boys. Mais pour l’heure, alors que le championnat va bientôt atteindre son premier tiers, ni Herlings ni Cairoli n’ont de réels soucis à se faire, comptant respectivement 74 et 51 points d’avance sur leur plus proche rival ! La question qui se pose est de savoir combien de temps encore Cairoli va subir la domination d’herlings qui mène la danse dans tous les compartiments du jeu (huit manches à trois et quatre GP à un) et qui excelle désormais aussi lors des départs…