MX Mondial, MX US, enduro…
Alors que le Mondial franchira tout juste le cap de la mi-saison lorsque vous aurez ce MV dans les mains, on peut dire que l’angleterre aura été un tournant du championnat. Pas seulement parce qu’herlings y a décroché un nouveau succès – le septième en neuf GP – mais plutôt par la façon dont il a ridiculisé sur la piste un certain Antonio Cairoli.
Battre une légende sur la piste est une chose, la ridiculiser en est une autre et à Matterley Basin, le respect que pouvait avoir Antonio Cairoli pour son jeune équipier a volé en éclat ! On en a eu une évidente confirmation à l’arrivée de la seconde manche du GP, quand l’italien est passé à côté de Jeffrey sans même le regarder alors que le leader du championnat s’était arrêté pour lui serrer la main comme le veut la tradition après chaque course. Antonio en avait « gros sur la patate » et cela se voyait sur le podium où son équipe et ses proches étaient venus en masse pour l’acclamer, tous étant conscients que Tony avait plus que jamais besoin de leur soutien en ces moments difficiles à vivre. Pourtant Antonio avait une nouvelle fois décroché un podium, lui qui depuis le début de saison ne cesse de répéter combien il est important d’être chaque week-end sur « la boîte » qu’il n’avait pu atteindre deux semaines plus tôt en Allemagne. Mais celuilà avait un goût amer, très amer car Antonio avait longtemps cru à la victoire. Facile vainqueur la veille de la course qualificative devant Herlings, Antonio avait réussi dans les deux manches à signer le holeshot sans tenter de manoeuvre hasardeuse comme il en fait parfois, et il s’était échappé pour compter quelques secondes d’avance sur Herlings à l’approche du drapeau à damiers. Mais à chaque fois, c’est le même scénario qu’a mis en oeuvre ce dernier, trouvant des trajectoires inédites et haussant son rythme dans les derniers tours pour fondre sur sa proie avec une facilité déconcertante. Doublant une première fois Cairoli à trois tours de l’arrivée, il se fera reprendre par Herlings avant que les deux leaders ne rejoignent un retardataire au freinage précédant le virage du raccordement sur la ligne de départ. À l’entrée du virage, Jeffrey percute alors Antonio (Jeffrey dira après l’arrivée avoir eu un problème de frein…) qui du coup ne prend pas sa trajectoire habituelle à la réaccélération et voit son rival venir toucher sa roue avant et provoquer sa chute peu après. La messe est dite. Jeffrey a les honneurs de la victoire alors qu’antonio confie à ses proches : « S’il veut jouer à ce jeulà… ». La scène fait bien sûr le bonheur des réseaux sociaux, comme lors du récent accrochage dans une autre discipline entre une autre légende du bitume et un petit Espagnol multiple champion du monde. Certes l’action aurait pu être dangereuse, mais Antonio en a fait lui aussi des actions de ce genre au cours des 224 GP dont il a pris le départ (il a fêté son #222 en Lettonie), et chacun de se remémorer ce fameux virage d’arco où il avait pris l’ascendant sur tous ses adversaires l’an passé… Fin du premier acte !
Bis repetita
Le scénario, nous l’avons dit, s’est répété en seconde manche. Cette fois, Jeffrey pas eu besoin d’aller au contact et comme il l’aurait
sans aucun doute fait en première manche, c’est proprement que Jeffrey a pris le meilleur sur Antonio dans le dernier tour où il signe le record de la piste ! C’est la première fois que Jeffrey joue ainsi au chat et à la souris avec son adversaire numéro 1, un tel scénario étant bien plus terrible à accepter pour le perdant que s’il avait été doublé en début de course par un garçon qui est aujourd’hui plus fort et plus rapide que lui. Tout le monde savait depuis quelques mois que Jeffrey serait sous peu le boss du MXGP. Tout le monde, sauf peut-être Antonio qui, en prolongeant de deux ans son contrat avec KTM en début d’année, pensait bien décrocher un dixième titre mondial cette année ou dans les deux saisons à venir. Sauf blessure de son rival, cela s’annonce bien compliqué. Jeffrey est d’ailleurs monté au créneau en Allemagne lors d’une conférence de presse à laquelle Antonio n’assistait pas pour dénoncer certaines actions de son rival. « Je sais que ça fait partie du jeu de serrer
ses adversaires au départ, mais je déteste cela. Tony m’a coupé la trajectoire aux départs de Red Sand puis d’agueda, quelque chose que je ne lui ai jamais fait moi-même. Ce n’est pas correct. Quand on se bat contre un autre pilote pendant soixante courses dans l’année (NDR : 20 manches qualificatives et 40 manches de course) vous devez rester fair-play et à la fin, ce sera le meilleur des deux, sauf blessure, qui s’imposera. J’ai déjà eu quelques sérieuses blessures en pratiquant ce sport, et je ne veux pas le rendre plus dangereux qu’il ne l’est déjà. » Cette fois, il n’y aura pas eu d’explication de texte après course, Antonio étant absent de la conférence de presse. Boudeur ? Non, il avait tout simplement un avion à prendre dimanche soir pour rejoindre Rome, puis s’envoler dans la foulée pour l’autriche tester une Formule 1 comme… Marc Marquez, un cadeau du taureau ailé. De quoi lui faire oublier l’affront subi en Angleterre ? Pas sûr, car cela va laisser des traces. Il n’était qu’à
« Quelque chose s’est cassé entre Cairoli et Herlings… »
voir comment tous les deux s’ignoraient superbement sur le podium, comme si quelque chose s’était définitivement cassé. Dans la foulée, Jeffrey est redevenu rapidement ce sale gosse qu’on pensait rangé aux oubliettes en publiant sur les réseaux sociaux une vidéo où on le voit en tenue de pilote, ballotté dans tous les sens à l’arrière d’une camionnette et disant à ses fans : « Désolé, mais je n’ai pas eu le temps de me changer avant de partir, j’avais un avion à prendre pour rentrer à la maison… » Les GP à venir ne vont pas manquer d’intérêt avec ce duel qui éclipse tous les autres pilotes (relégués à 40 secondes en seconde manche à Matterley). Voilà Pit Beirer dans une situation pas aisée à gérer avec d’un côté un pilote emblématique pour la firme autrichienne et de l’autre, la future star – si elle ne l’est déjà – de la discipline. Malin, Jeffrey n’a d’ailleurs pas manqué en conférence de presse de faire un clin d’oeil appuyé au patron du sport chez KTM. « KTM, c’est ma famille, et avoir décroché cent podiums avec la même marque n’arrive pas souvent ! C’est aussi mon 74e succès en GP et c’est carrément incroyable, un grand merci à tout le staff KTM et tout particulièrement Pit (Beirer) qui a cru en moi il y a bientôt dix ans et m’a amené là où je suis aujourd’hui. L’objectif chaque week-end est de monter sur le podium, en essayant bien sûr de gagner. » Il reste à l’heure où ces lignes sont écrites pas moins de douze GP au programme, dont deux en Italie…