Veni, vidi, Salvini…
Sur un parcours qu’il connaît comme sa poche, Alex Salvini a remporté un nouveau GP en Italie et s’envole au provisoire. Une épreuve de haute volée, mais à oublier…
«On ne va pas cracher sur une épreuve très bien organisée par les temps qui courent… » Loïc Larrieu a bien résumé la situation et se gardera d’en dire officiellement plus sur un GP aussi spectaculaire que totalement décalé. Car oui, les commentaires ont fleuri sur motoverte.com et les réseaux sociaux suite à ce GP de Trentino, disputé sur l’épreuve semi-extrême The Wall en Italie. Un mix de motocross (trois manches) et d’enduro traditionnel (une spéciale en ligne à l’italienne) se terminant par une extrême nocturne. Pas de liaison, un circuit ouvert à tous dans les semaines précédentes (et certains ne se sont pas privés pour y aller rouler), des pilotes qu’on tire à la corde alors que toute assistance est normalement interdite en spéciale et enfin un Alex Salvini forcément avantagé car partie prenante de cette épreuve (sa compagne est mêlée à l’organisation) : on s’éloigne une nouvelle fois à grands pas de l’enduro. À très grands pas. Ouvrons donc la parenthèse : au risque de déplaire au promoteur, à la FIM et à tous ceux qui ont poussé vers ce type de « diversification » de l’enduro mondial, on dira dans un élan fort politique : mais pourquoi ? Pourquoi nous infliger ça ? Pourquoi VOUS infliger ça ? Ce n’est plus de l’enduro et les passionnés de la belle discipline n’en veulent pas. On a beau savoir qu’intégrer cette course au calendrier mondial est un reliquat de la pression mise en place par le groupe KTM-HVA depuis trois ans, ça ne le fait pas. Revenez à plus de raison maintenant que le WESS est en place. Revenez-y vite. Que cette saison soit la dernière comportant ce type d’épreuves bâtardes. Et autant on se réjouit de la tenue d’un GP de France à Mazan (84) les 22 et 23 septembre, même sous forme d’enduro Sprint et de Cross-country, autant on souhaite que le sport reprenne ses droits. Il paraît qu’un calendrier 2019 se met en place avec de vraies belles courses à son programme. Notamment la finale dans l’antre du chaudron enduristique français, à Ambert (63), en octobre 2019. Voire un GP de Corse qui pourrait lui aussi donner du bel enduro s’il est bien torché. On l’espère de tout coeur. On l’attend même avec impatience.
« C’est gros mais ça passait »
Fin de la parenthèse. Car en attentant, Trentino a compté pour une manche (il se disputait sur une seule journée). Donnant des points ou en retirant comme n’importe quelle journée d’enduro mondial. Il y a ceux qui en ont pris de gros, comme Alex Salvini, Steve Holcombe et Loïc Larrieu, top 3 final
Ce n’est plus de l’enduro. Les passionnés n’en veulent pas…
en EGP. Ceux qui ont marqué de beaux points dans leur catégorie comme les Français Christophe Nambotin en E3 et Antoine Basset en E1. Et puis ceux qui ont pris cher comme Christophe Charlier qui s’est bien froissé dans la 3e manche de MX (rien de cassé mais bonne secousse et abandon). Ou encore Jamie Mccanney qui s’est déboîté salement une épaule et laisse ainsi filer Brad Freeman en E1. Matthew Phillips a lui abdiqué avant d’attaquer, souffrant toujours de maux de tête suite à son crash lors du GP précédent. Enfin, dans un moindre mal, Théo Espinasse a lui aussi moins brillé qu’à son habitude en commettant pas mal d’erreurs chez les Juniors. Sur le terrain (de cross), Loïc Larrieu a fait péter deux manches sur trois, la dernière remportée par
son pote Mathias Bellino venu refaire une pige en Mondial. Trois manches favorables aux 450 et aux 300 deux-temps car disputées toutes catégories confondues. Comme le dit Larrieu : « Ça remplit la grille de départ, mais ce n’est pas forcément équitable. Mais je ne vais pas me plaindre, je m’en suis bien sorti. » Suite à cette matinée crossiste où le revenant Giacomo Redondi a signé la 2e position, place à la spéciale en ligne. Une enduro test très technique, lente, dans les cailloux. « Une spéciale à l’italienne comme on en a déjà eu en Italie. Bon, ça ne me plaisait pas, mais c’était
une vraie ligne… », commente le même Larrieu. Qui a perdu pas mal de temps notamment quand son coéquipier Jamie Mccanney se fait évacuer de là, puis en rattrapant Brad Freeman qui avait lui aussi commis une erreur. Résultat, Steve Holcombe domine ces quatre spéciales en ligne devant Salvini. Mais ce dernier se retrouve en tête pour huit secondes au cumul du MX et de la ligne. Tout le monde retourne ensuite au paddock attendre la soirée et que la nuit tombe sur Pietramurata avant de s’élancer pour quatre nouveaux chronos disputés en nocturne, au phare, sur un parcours typé extrême. « Après la première, les organisateurs ont supprimé une partie très poussiéreuse dans laquelle on ne voyait rien avec les phares, raconte Larrieu. Ils ont vite réagi et c’est très bien. Après, on roulait que dans la partie arrosée. » Soit un enchaînement de franchissements assez couillus, dont ce fameux mur qui a donné son nom à l’épreuve (The Wall). « C’est gros
mais ça passait, confirme Larrieu qui
poursuit. Heureusement qu’on avait roulé à l’entraînement un mois avant là-dedans, ça nous a permis d’être plus à l’aise. »
Mais là encore, certains étaient clairement désavantagés car les pneus « extrêmes » autorisés étaient les gommes homologuées. Ce qui n’est pas le cas chez tous les manufacturiers, certaines gommes molles ne l’étant pas… Affûté comme un triathlète et paré de vert-blanc-rouge, l’italien Salvini allait enfoncer le clou, signant les meilleurs chronos de cet extrême devant Holcombe et Larrieu. La logique était donc respectée, les trois hommes forts du championnat se retrouvant 1, 2 et 3 au classement EGP de la journée. Danny Mccanney terminait 4e devant Redondi et Brad Freeman. On retiendra les podiums de Christophe Nambotin, 3e en E3 et la 2e place pour Antoine Basset en E1. De son côté, Mathias Bellino termine 7e en EGP et 4e en E2, un résultat plus qu’honorable vu son manque de pratique en Mondial cette saison. Un Mathias Bellino qui attend certainement avec impatience le futur GP de France (qui suivra le GP d’italie en septembre) car disputé quasiment à domicile (Mazan). On l’a dit, ce sera de l’endurance et non de l’enduro. Mais ce sera l’occasion de voir rouler les gladiateurs de l’endurogp cette année en France. Et d’encourager tous les Français qui jouent encore des titres, de Larrieu à Nambotin et de Basset à Espinasse. On y sera et vous y serez nombreux on l’espère. Ne boudons pas notre plaisir !