La Sherco 450 à l’essai…
Les splendides dunes de Merzouga au Maroc, une Sherco RTR 450 TVS Racing entre les jambes, moto d’usine spécialement taillée pour mettre du gros gaz dans le désert. Non, il ne s’agit pas d’un mirage, mais de l’essai dans des conditions exceptionnelles d’une machine hors normes parée pour jouer aux avant-postes sur le Dakar… MV y était.
Au bout du fil, Clément Da Silva, responsable communication
chez Sherco : « Nous organisons une conférence de presse à l’issue du Rallye du Maroc. C’est une présentation du team rallye TVS Racing, le sponsor est indien et des journalistes de là-bas sont invités pour l’occasion. On aimerait aussi avoir des journalistes français, nous pourrons vous présenter et faire essayer la 500 SEF, la 450 Lite et la moto de rallye du team, êtes-vous intéressés ? » Et comment ! Quand en plus Clément ajoute, cerise sur le gâteau, que l’essai va se dérouler dans les dunes de Merzouga sous la houlette de David Casteu, le team manager rallye, là, il y a du lourd à ne pas rater ! Me voilà au guichet Royal Air Maroc pour un voyage direction Errachidia via Casablanca. Entre temps mauvaise nouvelle, la 500 enduro que nous n’avons pas encore eu l’occasion d’essayer ne sera malheureusement pas présente. Pas grave, la Sherco RTR 450 TVS Racing est elle bel et bien là, les deux frères Metge, pilotes officiels de la marque sont aussi de la partie, tout comme le nouveau venu en rallye Lorenzo Santolino, ça se présente bien. L’an passé, j’avais eu l’occasion de faire quelques tours de roues au guidon de cette moto d’usine avant son départ en Amériquedu-sud pour le Dakar. Une expérience inoubliable, mais le spot limité de l’essai n’avait pas permis d’apprécier pleinement les capacités de cette machine hors normes. Là, me voilà aux côtés d’un berbère et son dromadaire, face aux immenses dunes de Merzouga, bref, le terrain de jeux est grandiose et va permettre de tester vraiment le bolide dans son élément. Quid de la 450 Lite ? Ce modèle équipé spécifiquement pour les courses de type Baja est bien présent, mais dans une version préparée, donc pas d’origine. Je vais l’essayer (cf. encadré), de là à vous la
présenter comme une véritable compé’ client, pas tout à fait. Revenons à cette 450 rallye officielle. Il y a là une machine qui a reçu toute l’attention des ingénieurs Sherco et nécessité des heures de développement. Laurent Le Gat, responsable du service R&D, est aussi de la partie, nettement plus détendu que l’an passé où la moto devait dès le lendemain rejoindre Le Havre direction le Pérou. La moto a encore évolué comparée à la version 2018, principalement au niveau du moteur. Les évolutions sont constantes, le travail de développement ne s’arrête jamais. Les pilotes officielles viennent d’ailleurs de partir en compagnie de Lionel Monzo (Mac Racing) pour une séance de testing suspensions. « Il y a des heures de travail pour réaliser une telle moto et il est impossible d’estimer son prix qui serait forcément énorme… », David Casteu apporte quelques précisions techniques, embrayage usine, puissance moteur 63 CV, poids total sans essence 142 kg… Et nous donne les dernières recommandations avant de se lancer dans le grand bain. Nous, je suis en compagnie d’un confrère qui s’inquiète quelque peu avant d’aller rejoindre le bac à sable géant. « Surtout roulez toujours ensemble, méfiez-vous car en fin de matinée, quand le soleil plombe, on a tendance à ne plus distinguer le relief… » Le team manager ne semble pas plus inquiet que ça de laisser partir les deux journalistes en freeride avec la Lite et une moto d’usine… Ouais, du jamais vu ! Mon confrère est quelque peu inquiet en grimpant sur la moto d’usine. Il y a là une 450, certes moins imposante que les monstres du désert des années 90, mais on reste quand même assez éloigné d’une enduro classique. J’enfourche la Lite pour commencer et nous voilà partis. Cinq minutes plus tard, quelque peu paumés dans cet environnement inhabituel : « Dis Yann, tu ne voudrais pas échanger ? Je ne me sens pas trop à l’aise là… » Les choses sérieuses vont pouvoir
commencer.
Reine du désert
Me voilà en place sur la bête, haute de selle, ce qui n’est pas trop gênant sabot calé sur la crête d’une dune. Pas de manipulation spécifique, un coup de pouce sur le démarreur suffit à faire craquer le mono. La sonorité n’a rien à voir avec celle de la 450 Lite et son moteur standard. Ça pète vraiment fort, les bouchons d’oreille sont indispensables sur une étape de rallye, ici ce sera sans. Le son est net, pas de vibrations au coup de gaz, on sent immédiatement la grosse puissance. Bien calé assis, rien à redire sur la position, je prends tout de suite mes marques. Première enclenchée, un coup de gaz, je reste sur place et l’arrière commence à s’enfoncer. Euh, va peut-être falloir pousser un peu pour dégager les 142 kg à sec qui commencent à se planter sur ce sol mouvant. Un léger filet de gaz tout en poussant, la belle bleue se dégage et se lance dans la pente. Je m’attendais à me sentir mal à l’aise après la « petite » Lite, l’inverse se produit. Certes l’ensemble est plus balèze, mais on sent immédiatement une moto idéalement suspendue. Dès les premières courbes, le moteur est aussi très bien rempli à bas régimes. Sur le filet de gaz, il conserve de la force et permet dans ce sable mou d’évoluer sans avoir besoin de le faire gueuler. Le couple est vraiment costaud, je prends plaisir à relancer la mécanique sur les crêtes molles, quelle force ! On se trace un petit parcours avec un saut au sommet d’une dune, la moto monte en conservant un équilibre idéal et les suspensions encaissent tout en confort. J’avoue même m’être fait peur après un décollage osé. La moto garde la bonne assiette et j’atterris sans rien ressentir, rassurant quoi ! On sort des dunes pour rejoindre de la piste, l’occasion de mettre du gros gaz. Là encore le moteur dévoile une redoutable puissance et ça allonge vraiment fort. Coup d’oeil au compteur, 130 km/h, on va s’arrêter là mais il y en a encore sous le capot. Niveau freinage, sensibilité et puissance sont au rendez-vous. Quelques bosses cassantes, l’ensemble amorti efficacement là où on se fait secouer sur la Lite. Retour dans la silice, « gaffe
au relief… », les recommandations de David résonnent dans ma tête quand je me retrouve pieds au-dessus de la selle après avoir heurté une herbe à chameaux proéminente. J’ai failli manger grave, mais la partie-cycle hyper stable de cette reine du désert m’a permis d’éviter le pire. Retour au camp de base, en effet cette 450 RTR est vraiment taillée pour évoluer sur ce terrain hostile. En tout cas grand respect aux pilotes quand il s’agit de se battre contre le chrono et mettre du gros gaz dans ces enchaînements de dune, c’est une autre histoire, bravo les gars ! ❚