Mathias Bellino
Ne rien lâcher !
Grièvement blessé fin août au Rallye d’argentine, Mathias Bellino est désormais en centre de rééducation en France près de Lyon. Un endroit où il mène un combat quotidien pour récupérer son autonomie avant d’un jour, peut-être, retrouver l’usage de ses jambes. On a pris de ses nouvelles.
Comment vas-tu ?
« On me pose souvent cette question et ce n’est pas simple d’y répondre. Ça va, je n’ai pas le choix, c’est pas évident, y’a des hauts et des bas… J’essaie en tout cas de rester positif. »
Combien de temps vas-tu rester à Lyon en rééducation?
« Je suis ici depuis début septembre et l’on m’a dit que j’en avais pour environ six mois. L’objectif est d’abord de retrouver mon autonomie. Pouvoir me débrouiller par moimême. Et d’y arriver d’ici Noël. Ça paraît difficile mais on bosse dur tous les jours pour qu’à Noël je sois chez moi. Je ne fais pas vraiment de la rééducation mais surtout de la réhabilitation. On ne t’apprend pas à marcher, mais à te réinsérer dans la société. Savoir se servir d’un fauteuil, savoir s’habiller, conduire une voiture. C’est une première étape très importante par laquelle il faut passer avant toute chose. »
Obtenir son autonomie, c’est aussi disposer de matériel quand tu vas sortir d’ici. Pas mal d’initiatives se sont mises en place pour te venir en aide financièrement. Et ça va continuer…
« Oui, c’est surtout pour financer des centres de rééducation dans l’avenir, des opérations, un fauteuil, etc. Je n’ai plus de travail désormais et puis je veux mettre toutes les chances de mon côté, subir des opérations pour essayer de récupérer mes abdominaux tout d’abord. Et puis il existe l’implantation d’un stimulateur électrique qui aide beaucoup les paraplégiques, mais ça coûte très cher. Je lance donc une vente aux enchères bientôt sur mon site internet. On pourra y acheter des équipements de grands pilotes de cross, supercross, rallye, enduro… des maillots, des casques, etc. Ces fonds me seront directement reversés. J’en profite ici pour remercier du fond du coeur tous ceux qui ont fait un don sur internet ou dans des urnes pour me venir en aide. J’ai aussi eu beaucoup de messages de soutien et ça m’a fait chaud au coeur. Et même si ça ne m’aide pas directement à retrouver mes jambes, ça m’apporte beaucoup d’empathie, de bonheur, d’humanité. Quand on est au plus bas, relire ces messages fait du bien. Et je me dis que ce que j’ai fait dans ma vie, ça a touché des gens et aujourd’hui j’en ai les témoignages. »
Les gens se demandent parfois pourquoi tu as besoin d’aide financière alors que tu es pilote professionnel, avec licence et contrat d’usine. Que leur réponds-tu ?
« Dès après ma chute, les gens du HRC ont fait beaucoup pour moi, trouver un hôpital, me faire opérer par un bon chirurgien, trouver un rapatriement. Ils ont même avancé l’argent avant que les assurances ne fonctionnent car tout ça prend du temps, forcément. Je tiens à remercier Honda mais aussi Gérard Valat mon agent qui s’est démené pour que les choses se débloquent rapidement. Et aussi la FFM qui a avancé les fonds pour mon rapatriement qui a été plus rapide que prévu. J’ai été très soutenu et je leur dis merci beaucoup. Heureusement, j’avais des assurances complémentaires en tant que pilote, mais après la sortie du centre je vais avoir besoin de fonds qui ne seront pas débloqués avant deux ans. Comme je l’ai dit, si l’électrostimulation s’avère bénéfique pour moi et que je me fais opérer dans les mois qui viennent, cette opération coûte 120 000 € que je devrai financer moi-même. C’est pour ce genre de chose que je lance cette vente aux enchères. M’aider à remarcher dans le futur. En tout cas Honda ou la FFM ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour m’aider. »
Comment vis-tu ces moments difficiles? Pas trop isolé?
« Je suis très bien entouré. J’ai un noyau d’amis au top. Il y a aussi ma copine qui est d’un grand soutien. Elle m’aide énormément. Il y a beaucoup plus de bas que de hauts pour être honnête. Mais je suis bien soutenu, chacun met sa petite pierre à l’édifice et ça fait la différence. On m’a fait lire certains livres, rencontrer des personnes et tout ça mis bout à bout fait que je positive. Il ne faut pas lâcher. Il est arrivé des miracles dans certains cas, des miracles que les gens ont provoqués, ça ne tombe pas du ciel. Mais il faut essayer de chercher des solutions dans les semaines, les mois et les années à venir. Ne rien lâcher. » N.B. : la vente aux enchères avec des maillots dédicacés de pilotes tels que Musquin, Bolley, Pichon, Despres et nombre d’autres pilotes internationaux, des casques personnalisés… etc., sera ouverte dès le 1er décembre minuit sur le site internet de Mathias : www.mathiasbellino.com