La France en échec aux ISDE…
Vainqueurs des ISDE 2015 en Slovaquie après que la France soit disqualifiée sur le tapis vert, les Australiens ont pris leur revanche en survolant l’édition 2018. Un coup d’arrêt à la belle série des Bleus. Seuls les Juniors accrochent un podium.
Arrivés au Chili une bonne semaine à l’avance pour bien repérer le tracé concocté par les organisateurs, les tricolores avaient pourtant apprécié les longues spéciales tracées au milieu de la végétation locale dans des propriétés privées vallonnées. Seule déception, le sable annoncé manquait cruellement à l’appel, divers mouvements écologistes ayant contraint les organisateurs à changer tardivement l’emplacement des spéciales mais aussi les liaisons, le sable laissant place au bitume ! Dès le premier jour de course, notre équipe Trophée victorieuse l’an passé à Brive prenait l’eau, concédant près de deux minutes aux équipes américaines et australiennes. Partis dans la poussière sur une terre béton hyper glissante, les Bleus ne perdaient pas espoir, mais la journée de mardi allait enfoncer le clou puisqu’ils bouclaient la deuxième journée de course avec plus de cinq minutes d’avance sur les leaders… Le nouveau parcours proposé le mercredi redonnait quelques couleurs aux nôtres qui revenaient à une minute trente du podium et voyaient les Australiens perdre un des leurs, moteur cassé. Espoir de courte durée puisque cette embellie n’était pas confirmée le jeudi, le podium leur échappant définitivement après que les Italiens aient remis un coup de gaz pour finir la semaine en beauté. Quatrièmes
de ces ISDE à plus de six minutes des Italiens, dix minutes des Américains et dixsept des Australiens, les Bleus ont enregistré leur plus mauvais résultat depuis bien longtemps sans jamais être dans le rythme, seul Loïc Larrieu sauvant la face avec un top cinq au scratch mercredi et un succès en E2 lors du cross final. Programmés tardivement dans la saison, ces ISDE n’auront donc pas souri aux tricolores qui ont globalement manqué de rythme tout au long de la semaine sur les longues spéciales (quelques-unes courues en 6-7 minutes mais plusieurs en 11 minutes) poussiéreuses et glissantes comme on n’en trouve pas en Europe. « À l’issue des reconnaissances, on s’était dit que si ça ne marchait pas le premier jour, ce serait compliqué d’inverser la tendance », confiait Christophe Nambotin, capitaine des bleus pour sa neuvième sélection. Officialisant au soir de l’épreuve son retrait de la scène internationale, Nambot’ ne cherchait pas de fausses excuses au moment de rentrer en France. « C’est la première fois qu’on fait si loin. Nous n’avons pas été avec Loïc et Christophe à la hauteur pour emmener l’équipe dans le haut du tableau. Aucun de nous n’a dominé ses rivaux cette saison en Mondial. Nous ne sommes pas arrivés ici en position de force face à des adversaires qui ont bien progressé dans la gestion de la course. On a clairement manqué de vitesse de pointe. Il va falloir bosser ce point pour rebondir dans le futur. » Recomposée après la blessure de Mathias Bellino, l’équipe a donc souffert, que ce soit Loïc Larrieu arrivé au Chili avec
les séquelles d’une hernie discale, Christophe Charlier pressé de lâcher cette moto avec laquelle il n’a jamais été en osmose cette saison ou Thomas Dubost propulsé en Trophée sans avoir eu le temps de faire ses gammes chez les Juniors ! Des Juniors qui ont sauvé le bilan final en accrochant une marche du podium face à des Chiliens surmotivés à domicile, mais là encore sans pouvoir approcher les chronos des Italiens et Américains qui ont survolé la catégorie. Très souvent dans le top dix du scratch, Andrea Verona et Matteo Cavallo ont confirmé le potentiel entrevu en Europe, offrant à l’italie son premier succès depuis 2009 !
Milner leader australien
Bien que n’ayant jamais mis les pieds sur le Mondial, Daniel Milner possède un joli palmarès et un sacré coup de gaz. Multiple champion d’australie et habitué aux grands espaces, il n’a pas mis longtemps à dompter les spéciales chiliennes au guidon de sa grosse KTM, débutant en douceur (3e le lundi soir) avant de mettre du gros gaz pour s’adjuger seize des vingt-huit spéciales disputées dont les cinq du quatrième jour ! Vainqueur du scratch avec près de deux minutes d’avance, il n’a guère été inquiété que par Taylor Robert qui, bien qu’ayant remporté neuf spéciales, lui concède au final près de deux minutes. Seul pilote à piquer des spéciales à Milner et Robert (trois spéciales remportées et 3e au scratch), Daniel Sanders a été un autre atout majeur pour le team australien dans la mesure où Joshua Strang termine, lui, dixième au scratch, à plus de huit minutes du vainqueur. Plus homogènes que leurs rivaux américains qui se sont eux aussi régalés sur ces grands espaces poussiéreux leur rappelant le pays, les Australiens n’ont en fait craint qu’euxmêmes après la perte de leur quatrième homme à mi-course, tout autre abandon étant rédhibitoire. Leaders du scratch dès le deuxième soir, ils n’ont cessé de faire fructifier leur avance (1’31 mardi, 3’23 mercredi, 5’50 jeudi et 7’29 vendredi) face aux Américains qui ont pu compter sur Robert et Steward Baylor (4e au scratch, mais à plus de sept minutes de Milner) alors que Ryan Sipes se prenait une pénalité jeudi et que Zachary Bell pointait chaque jour à deux ou trois minutes de ses équipiers. Frustrés de n’avoir pu savourer leur succès en 2015 (la France ayant fait appel de la décision du jury, ce sont les Bleus qui étaient montés sur la plus haute marche avant d’être déboutés de leur appel quelques semaines plus tard), les Australiens ont cette fois pu célébrer ce succès comme il se doit, récompensant leur fédération du lourd investissement consenti chaque année pour amener trois équipes à l’autre bout du monde. Il se murmure d’ailleurs que leur heure pourrait bientôt venir pour accueillir chez eux cette épreuve phare de l’enduro mondial ! ❚