Moto Verte

Eli Tomac et Ken Roczen face à leur défi…

Déjà titrés en MX 450 mais jamais en SX, Eli Tomac et Ken Roczen entrent dans leur septième saison de Supercross. Les deux pilotes sont ultra-motivés, mais abordent 2020 avec des philosophi­es bien distinctes, aussi contrastée­s que le rouge et le vert peuv

- Par Olivier de Vaulx

« Un paquet de pilotes peut être titré. C’estce qui rend la saison excitante… » Ken Roczen

En l’absence de Marvin Musquin, Eli Tomac et Ken Roczen semblent les deux pilotes les plus susceptibl­es d’empêcher Cooper Webb de garder son titre de champion Supercross. En pleine possession de leurs moyens physiques, les deux hommes attaquent la saison nouvelle avec des motos et des teams qu’ils connaissen­t bien, des situations familiales stables et des entraîneur­s de confiance. Les deux superstars n’ont jamais été aussi confiantes mais leur approche du sport et de la vie reste assez différente. À la veille d’Anaheim, l’Allemand et l’Américain nous ont accordé quelques minutes, chacun sous leur auvent, pour une interview-croisée révélatric­e de différence­s culturelle­s qui dépassent largement la couleur de leurs motos…

C’est la nouvelle année, avez-vous pris de bonnes résolution­s pour 2020?

Ken Roczen : « Pas vraiment, je reste sur le même état d’esprit. Les résolution­s du Nouvel An, c’est l’occasion pour les gens qui ont eu des problèmes de repartir de zéro. En ce qui me concerne, je ne change rien parce que c’est la nouvelle année, je suis mon propre rythme et j’essaie de faire au mieux en permanence. Je passe d’une année à l’autre sans y penser spécialeme­nt… » Eli Tomac : « Ma résolution serait d’essayer d’être plus organisé à la maison. Si j’arrivais à me souvenir de l’endroit où j’ai laissé mon portefeuil­le, ce serait pas mal ! Dans la vie courante, il faut que j’arrive à ralentir, je ne tiens pas en place et c’est dur à vivre. Sachant que je vais être papa au printemps, il serait temps que je fasse un peu plus attention… »

Avez-vous profité de l’intersaiso­n pour faire quelque chose de vraiment fun ?

KR : « Je suis retourné en Allemagne pour deux semaines. Je n’y étais pas allé depuis deux ans alors c’était cool. J’ai aussi beaucoup surfé ici, en Californie… Je sais que j’ai fait un autre truc aussi, si j’oublie ma femme va me tuer (rires). On a dû faire un voyage ou un truc dans ce genre-là… Ah oui, ça me revient, on est allés quelques jours à Hawaii, j’ai pu surfer à Oahu avec la triple championne du monde de surf Carissa Moore… Le monde du surf semble très cool vu de l’extérieur, mais en fait, c’est très dur. Ils surfent absolument tous les jours ! De notre côté, on ne fait pas de la moto sept jours par semaine, on ne pourrait pas tenir le rythme. En revanche, ils ont deux mois de vacances après leur championna­t et ça, c’est quand même plus tranquille… » ET : « Ce que j’ai fait de plus cool cet hiver, c’est d’emmener ma Porsche sur un vrai circuit. Je ne l’avais encore jamais fait. J’avais déjà roulé sur circuit, mais avec un instructeu­r, à Las Vegas. Là, j’ai sorti ma voiture, j’avais le circuit pour moi tout seul, personne avec moi pour surveiller. Ça a été une super expérience, mais bien plus difficile que ce que j’imaginais. Rouler vite sur le bitume, ça demande des trajectoir­es tellement différente­s de ce qu’on fait sur la terre… C’est un autre monde. Au final, c’était vraiment fun d’utiliser ma Carrera de la manière dont elle est censée être pilotée, et ça conforte ma passion pour les voitures de course. Je me verrai bien me lancer dans une carrière sur 4 roues quand j’en aurai fini avec la moto… »

En France, on dit souvent que sept ans c’est l’âge de raison. Alors que vous entrez tous les deux dans votre septième saison SX 450, vous sentezvous plus sages, plus mûrs ?

KR : « Oui, absolument. J’ai galéré avant 2019. Je pense que j’aborde cette saison d’une manière plus calme que les années précédente­s. Il y a quelques années, j’étais super excité en arrivant à Anaheim, et en général je commençais la saison super fort pour ne pas tenir la distance. Anaheim, c’est la frénésie avec les fans, les médias, mais maintenant je sais me tenir à l’écart de cette surexcitat­ion. J’essaie de gérer A1 comme n’importe quelle autre course. Je pense que c’est ce qui m’aide le plus, rester d’humeur constante… » ET : « Oui, absolument. Chaque année apporte de l’expérience à tous les niveaux, sur la vie, sur la course… Je pense qu’en vieillissa­nt, on devient un peu plus méthodique, même sur le circuit. On a plus de patience, c’est en tout cas ce que j’ai remarqué sur les courses. Je suis bien plus patient une fois en piste que je ne l’étais en 250 ou lors de mes premières saisons 450. »

Personne n’a rien posté sur les réseaux sociaux cet hiver. Est-ce un signe de maturité de la part des top pilotes qui montre que vous êtes concentrés sur votre entraîneme­nt, ou juste une saturation vis-à-vis de ces réseaux?

KR : « Je ne sais pas si l’on peut parler de saturation, mais c’est vrai que ça ne m’intéresse plus autant qu’avant. Je prête plus d’attention à d’autres choses plus concrètes, comme rester à la maison, être relax… Je n’aime pas être plongé dans le monde du sport 24h/24. Bon, c’est vrai que ça y ressemble quand même un peu, mais je saisis les opportunit­és de m’éloigner du milieu moto quand j’en ai l’occasion. Du coup, je garde de l’énergie pour autre chose que les réseaux sociaux. Ce n’est pas une stratégie à proprement parler, juste un désintéres­sement certain… » ET : « C’est un ensemble de choses. Je pense qu’en vieillissa­nt, on devient moins intéressé par tous ces posts. J’ai aussi remarqué que le fait d’être dans une relation durable change notre comporteme­nt. On est moins sur le téléphone, on poste peu… J’étais déjà certaineme­nt le pilote qui postait le moins, et en prenant de l’âge, ça ne s’arrange pas. Mes priorités changent et la vie réelle est bien plus intéressan­te que ce qu’on voit sur les écrans ! »

Quand vous êtes en repos et qu’il vous arrive de penser aux courses passées ou à venir, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?

KR : « Souvent, quand j’ai eu une mauvaise journée ou que j’ai mal roulé, j’essaie de me visualiser en train de gagner. Ça me donne de la motivation et m’aide à avoir le sourire, à avoir des sentiments positifs. Donc oui, j’essaie de penser à la gloire associée à la victoire et ça m’aide bien. Sinon, d’une manière générale, j’essaie de ne pas trop penser aux courses. » ET : « La semaine suivant une épreuve, je ne peux pas m’empêcher de repenser à la course. Mais quand je suis bien installé dans l’intersaiso­n, j’ai tendance à oublier. Quand la nouvelle saison approche, j’essaie de me concentrer volontaire­ment sur les choses à améliorer, j’ai une approche méthodique. Je visualise la ligne de départ, le premier tour, des choses comme ça… »

Où vous êtes-vous entraînés pendant l’intersaiso­n et avec qui?

KR : « J’ai été en Floride la plupart du temps avec mon beau-frère et entraîneur Blake Savage. Il travaille à plein-temps avec moi, et c’est exactement ce qu’il me fallait. J’apprécie l’étendue de ses connaissan­ces, sa façon de réfléchir en profondeur sur les

sujets qui comptent et la manière dont il met en place le programme de préparatio­n physique. Le fait qu’on soit amis, qu’il fasse partie de la famille, ça aide bien. Ce n’est pas comme lorsque tu payes un entraîneur et que tu te dis “oh non, mon coach arrive et il va falloir que je parle de mon programme !” (rires). On est super à l’aise, on ne s’agace jamais l’un l’autre, et c’est vraiment une super expérience. Lorsque je suis en Floride, je passe aussi beaucoup de temps avec Adam Cianciarul­o. On est amis, on s’aide l’un l’autre, et comme il lui arrive souvent de rouler plus vite que moi maintenant qu’il est en 450, c’est vraiment stimulant. Je n’ai pas passé beaucoup de temps avec Chase Sexton car il était plus en Californie avant de se blesser. Alex Martin a aussi été pas mal avec nous, de même que Lorenzo Locurcio et Kyle Chisholm. » ET : « J’ai repris l’entraîneme­nt comme d’habitude dans le Colorado où je suis resté jusque début novembre. C’est toujours mon père qui m’entraîne, ce n’est pas près de changer (rires). J’ai roulé là-bas avec Jeremy Martin. Ensuite, je suis descendu en Californie et je me suis entraîné avec mon nouveau coéquipier Adam Cianciarul­o vu que l’on doit rouler sur les circuits Kawasaki ici. »

À l’entraîneme­nt, avez-vous changé des choses pour 2020?

KR : « Déjà, pendant la saison outdoor je profitais des trajets en avion pour noter ce que je voulais faire et établir un programme : quel jour je voulais rouler, pourquoi je voulais faire la gym tel jour et pas tel autre, ce genre de choses. J’ai donc construit un programme très précis, et ensuite on a tout repris en détail avec Blake et c’est devenu un projet commun. C’est différent de ce qu’on a fait les années précédente­s, mais ça reste similaire. Il ne faut pas chercher non plus à réinventer la roue. On a essayé de garder un planning simple et efficace. Ma femme est en charge de la nourriture, en relation avec des docteurs pour résoudre ce problème de fatigue que j’ai eu pendant si longtemps. On travaille aussi énormément sur le mental pour ne plus être trop affecté par une mauvaise journée. On s’est vraiment beaucoup investi sur tous les aspects de la vie quotidienn­e, on a réduit le nombre de personnes autour de nous. Même quand je fais 2 ou 3 heures de vélo, je préfère partir seul ou en très petit groupe pour avoir le temps de me concentrer et aller à mon rythme… C’est ça le plus gros changement par rapport aux années précédente­s. » ET : « On n’a rien changé en fait. Je pense qu’au niveau préparatio­n physique et entraîneme­nt moto, j’étais déjà au point les saisons passées. Il n’y avait rien à améliorer, je n’avais pas de lacunes particuliè­res. Maintenant, on va essayer de plus se concentrer sur l’aspect mental de la course pour essayer de mieux gérer la saison. »

On parlait il y a quelques années de 450 trop difficiles à emmener. Cela ne semble plus le cas… Avec vos entraîneme­nts de plus en plus pointus, peut-on dire que vous commencez à être limités par vos machines?

KR : « Oui et non. En ce qui me concerne, je suis très sensible aux réglages car je sais qu’un détail peut faire une énorme différence. On a une super bonne base mais en début de saison, il y aura bien entendu

des ajustement­s à faire. J’ai plus ou moins les mêmes réglages depuis un moment maintenant. Bien entendu, on pourrait utiliser de nouvelles technologi­es ou de nouveaux designs. Mais les marques sont sur un agenda de trois ans entre chaque nouveau modèle, donc on avance par à-coups avec parfois de grandes avancées, parfois des périodes de stagnation. Ceci dit, lorsque la moto te convient, tu n’as plus envie d’y changer quoi que ce soit ! » ET : « Je pense qu’il y a toujours moyen d’améliorer les choses pour être plus réguliers, plus rapides… Mais aujourd’hui, le niveau est vraiment très élevé car tous les pilotes se copient les uns les autres. Ils sont devenus des maîtres dans l’art de s’approprier ce que les autres font mieux, ce qui explique que tout le monde s’améliore pratiqueme­nt en même temps. Aujourd’hui, les top pilotes prennent tous les mêmes trajectoir­es, attaquent les virages de la même manière. C’est dur de faire quelque chose de vraiment différent… »

Marvin Musquin est forfait pour 2020. Pensez-vous que cela puisse vous aider dans la course au titre?

KR : « Ce n’est jamais une bonne nouvelle quand un pilote est blessé. Je fais de la compétitio­n depuis très longtemps, et je ne me suis jamais réjoui de l’absence d’un concurrent en me disant que ça me laissait plus de points à prendre. Je connais Marvin depuis des années, on est très potes, sa femme Mathilde s’entend bien avec Courtney. Je lui ai envoyé un message pour son anniversai­re. Il a eu son lot de blessures au niveau des articulati­ons. On a tous les deux été pas mal blessés et je sais combien c’est dur, combien ça craint d’être sur la touche, comment c’est difficile de revenir à 100 %. Je ne me réjouirai jamais de voir un pilote blessé, jamais. » ET : « C’est un pilote de moins pour nous prendre des points, c’est certain. Marvin a toujours été un adversaire redoutable, il s’est toujours battu pour la victoire, mais il reste encore un paquet de pilotes talentueux et en forme. La bataille pour le titre sera âprement disputée quoi qu’il en soit. »

Pensez-vous que Cooper Webb a eu de la chance l’an passé?

KR : « Je ne pense pas que son titre doive quoi que ce soit à la chance. Beaucoup de gens ont dit que c’était son année et que les choses se sont déroulées en sa faveur la plupart du temps, comme quand il avait de mauvais départs ou de petites chutes ou que la course était arrêtée et qu’un nouveau départ était donné. Mais je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas le refaire cette année. Il a vraiment bien roulé l’an passé, il a gagné un paquet de courses, il a fait peu d’erreurs… Les KTM sont des motos très efficaces au départ, ce qui va l’aider un maximum. La course est tellement plus facile quand tu pars devant ! J’ai d’ailleurs pas mal travaillé sur ma moto pour améliorer les départs. Pas tant du point de vue des performanc­es que de la régularité. Pour revenir à Webb, sûr qu’il peut encore être champion. Il va juste falloir qu’on l’en empêche ! Il y a un paquet de pilotes qui peuvent être titrés, et c’est ce qui rend la saison excitante. » ET : « Il a remporté plein de courses et je pense qu’il a vraiment mérité son titre. Il était vraiment bon, et il l’est resté tout au long de la saison. Je pense que j’étais plus fort que lui sur la fin mais sur l’ensemble de la saison, ça a été lui le meilleur. Il va falloir le surveiller cette année et ne pas le laisser partir devant ! »

Vous avez tous les deux un nouveau coéquipier. Cela peut vous aider?

KR : « Justin Brayton est un gars droit, qui est dix ans plus vieux que moi. J’aime bien l’avoir avec moi sous l’auvent Honda car il est super calme ! On s’entend bien, je n’aurais pas pu demander un meilleur équipier. » ET : « Adam Cianciarul­o est un rookie en 450, mais il est déjà très fort. Il est rapide sur les circuits d’entraîneme­nt, il a été super rapide à la Monster Cup… Ça va être sympa de l’avoir dans le team car on va tous les deux jouer la gagne chaque week-end. Je n’ai jamais eu un équipier qui puisse monter sur le podium de manière régulière. En général, quand je m’aligne au départ d’une course, j’ai l’impression de me battre contre l’équipe d’Autriche, il y a tellement de motos orange sur le circuit (rires) et j’ai toujours l’impression d’être le seul gars en Kawa. Maintenant, ce sera plus équilibré. Même dans un sport individuel comme le supercross, ça aide d’avoir d’autres pilotes sous les mêmes couleurs. On va se pousser l’un l’autre avec Adam, c’est cool. »

Si vous êtes à égalité de points avec un autre pilote à la finale de Salt Lake City, serez-vous prêt à le sortir pour vous attribuer le titre?

KR : « Je ne pense pas que ce soit la bonne manière de faire car on peut aussi se blesser. Tout le monde m’a déjà vu rouler au-dessus de mes pompes et me satelliser. Je ne suis plus du genre à la jouer agressif. J’ai évolué. Je n’irais pas jusqu’à dire que le championna­t m’importe peu car j’ai bossé dur pour être en mesure de me battre devant, mais j’ai été si loin de tout ça avec mes blessures que ce n’est plus comme ça que je vois les choses. Si on arrive à la finale à égalité de points, je serai partagé entre l’envie de tout tenter et l’envie de regarder en arrière et de me dire que si on est arrivé aussi loin, c’est qu’on a déjà eu une belle saison. Ceci dit, si le titre se joue sur la dernière course, je donnerai tout ce que j’ai, quitte à m’évanouir une fois passé la ligne d’arrivée, c’est certain ! En fait, ce qui est fou, c’est que même après tellement de saisons où je n’ai rien gagné, les gens me voient encore comme un champion

« La vie réelle est bien plus intéressan­te quece qu’on voit sur les écrans… » Eli Tomac

potentiel. C’est plutôt cool ! Pendant des années je ne pensais qu’à ce championna­t et ça ne m’a jamais réussi. Je n’ai même jamais été proche de l’avoir. Aujourd’hui mon approche est différente, je fais chaque course en essayant d’être à l’aise et de prendre du plaisir, et c’est généraleme­nt comme ça que je roule le mieux, alors on verra bien ! » ET : « Sortir un pilote pour m’assurer le titre Supercross ? Sans la moindre hésitation ! » (rires)

Oscar Wirdeman, le mécano « historique » de Ken, qui passe des rouges aux verts pour devenir chef d’équipe chez Kawasaki, ça vous pose un problème de confiance?

KR : « On était très proches et on l’est toujours, il faisait presque partie de la famille. Il n’était pas un simple mécano, on avait une très bonne relation. C’est pour ça que j’avais presque envie qu’il parte, car je savais les efforts que ça représenta­it pour lui de travailler chez Honda. Il a été mécano de course pendant tellement d’années, loin de sa famille pendant si longtemps et en plus, il habitait vraiment loin de l’usine… J’ai été le premier à lui dire de changer de poste alors que lui voulait rester. C’est une promotion pour lui, avec moins de trajets quotidiens. Je suis ravi pour lui et sa famille. » ET : « Je pense que c’est un espion rouge… Non, je rigole ! Plus sérieuseme­nt, je ne sais pas exactement pourquoi il a changé de team, alors je ne peux pas trop commenter. En fait, ça ne me concerne pas. On n’est pas vraiment en contact de toute façon. »

En regardant d’anciennes vidéos ou en écoutant James Stewart parler de la nécessité de gagner toutes les courses auxquelles il participai­t, on pourrait comparer avec aujourd’hui où les pilotes sont plus calculateu­rs. Pensezvous que ça puisse nuire à l’intensité des courses?

KR : « Je pense qu’à cette époque, il y avait deux ou trois pilotes qui dominaient le reste du plateau. Les autres n’étaient juste pas dans la même catégorie. Du coup on voyait ces trois top se battre et aller super vite, mais c’est qu’ils avaient la place de le faire. Aujourd’hui, il y a au moins dix pilotes qui sont super rapides et peuvent gagner une course. Alors en cas de départ moyen, on ne peut plus se dire qu’on va se contenter de déboîter quelques pilotes et les laisser dans la poussière. Au contraire, on dépense une énergie folle à essayer de passer chaque gars et on est à peine plus rapide qu’eux ! Je ne pense pas que l’intensité des courses a baissé, mais on a vu tellement souvent des pilotes attaquer à fond dès le début de saison, moi compris, gagner quelques courses et faire ensuite de grosses erreurs qui vous mettent sur la touche… Tout le monde craint ce scénario. Je crois que c’est la raison pour laquelle tout le monde calcule un peu plus aujourd’hui. On l’a vu avec Dungey. Il faisait tout juste le podium en début de saison puis montait en puissance pour finir très fort. Ce qu’on fait à A1 ne compte pas du moment qu’on ne perd pas trop de points. Ceci dit, je ne sais même pas pourquoi je parle encore de ce championna­t. J’en parle depuis des années et je n’ai jamais été en mesure de jouer la gagne, jamais. Mon objectif cette année, c’est de prendre le rythme sur les premières épreuves côte ouest, d’en gagner une ou deux si possible et d’être régulier. Si je peux avoir de bons départs, me sentir à l’aise sur la piste, ce sera le moyen le plus sûr d’avoir de bons résultats… » ET : « Je pense que c’est lié aux 450. Ce sont des motos si fatigantes, surtout vers la fin des manches, que les pilotes sont juste épuisés. Du coup, ils baissent un peu les bras au lieu de se battre pour chaque position et ils essaient juste de rester sur la bécane. Je pense que c’est la raison principale pour laquelle on voit moins de ces batailles épiques. Même les gars du top dix sont fatigués en fin de manche, il ne faut pas se faire d’illusions. Quand on se fait passer, tout dépend de la situation. Il y a des fois où, quoi que ça coûte, il faut répliquer et se battre… »

Si vous deviez dessiner un circuit en ayant carte blanche, que feriez-vous de différent?

KR : « La façon dont ils construise­nt des whoops super raides aujourd’hui, c’est trop extrême. On le voit quand les groupes B et C roulent. Ils n’arrivent pas à les dribbler et les enroulent. La saison dernière, il y a eu peutêtre deux séries de whoops que nous pouvions vraiment dribbler efficaceme­nt. En Supercross, les whoops doivent être dessinés pour favoriser le dribble, pas ces stupides sauts… Tout le moindre se retrouve à faire les mêmes sauts dans les whoops aujourd’hui et ça n’a aucun sens. Je pense qu’il faut les construire de manière à ce qu’il soit relativeme­nt peu dangereux de les dribbler et que le groupe B puisse le faire sans crainte. Le défi, c’est d’encourager les pilotes à ne pas les enrouler, à ne pas les sauter non plus. C’est vraiment la seule chose que je ferais différemme­nt car pour le reste, les circuits me conviennen­t. » ET : « Le dessin des circuits a bien évolué ces dernières années. Ils sont devenus vraiment très bons. Il y a encore quelques saisons, ils essayaient trop de nouvelles choses tout le temps, ça partait dans tous les sens. Ce n’est pas gênant si les circuits se ressemblen­t, la terre sera de toute façon différente, les dimensions du stade également, et on ressentira le terrain de manière totalement différente. C’est dur de dire ce que je changerais. Je suis vraiment satisfait de la manière dont c’est construit aujourd’hui. Bien sûr, il y a toujours moyen de se plaindre de quelque chose, mais je pense sincèremen­t qu’ils font du bon boulot et qu’ils s’améliorent. Si je dessinais un circuit, je ferais des sections rythmiques super longues car c’est la partie que je préfère… »

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Eli Tomac
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Ken Roczen
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Ken Roczen dit avoir gagné en maturité après deux dernières saisons contrariée­s par de lourdes blessures. Il mise sur la régularité pour remporter un premier titre SX 450.
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S’il est content de voir plus de vert au départ des SX 450 cette année, Tomac devra se méfier de son jeune coéquipier Cianciarul­o, déjà ultrarapid­e…
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