Moto Verte

Adrien Van Beveren

Un moment de ma vie difficile.

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Comment vas-tu?

« Vraiment mieux. J’ai vécu un moment de ma carrière, de ma vie, un peu difficile, bien au-delà d’une clavicule cassée parce que c’est une course qu’on prépare toute l’année. J’ai même envie de dire depuis plusieurs années. Je comptais vraiment mettre fin à cette mauvaise série (blessure en 2018, casse en 2019) et malheureus­ement ça n’a pas marché. J’ai perdu connaissan­ce douze minutes avec un oedème facial, un petit oedème cérébral, la tête a tapé vraiment fort et puis la clavicule. C’est une clavicule qui a déjà été cassée sept fois, l’opération a été assez lourde mais elle a été réalisée avec succès. J’ai été immobilisé le 15 janvier et ça fait maintenant une petite semaine que je peux à nouveau la bouger (ndr. entretien du 2 mars). Je ne m’attendais pas à avoir une si bonne mobilité dès le début. Là, j’ai un mois de rééducatio­n articulair­e et ensuite j’aurais un mois de renforceme­nt musculaire. Je veux retrouver mes moyens avant de remonter sur la moto, je ne suis plus à une semaine près et je reprendrai la moto quand je serai solide, j’espère début mai. »

Pas trop touché moralement?

« Au début, je me suis posé des questions. Au final, j’ai répondu à ces questions. Cette chute m’a fait comprendre des choses. Cette discipline du rallye m’a apporté beaucoup en tant qu’homme. Il y a vraiment le côté valeur que j’aime, de dépassemen­t, de remise en question, les cultures que j’ai pu découvrir. Je n’aurais pas pu vivre ça avec une vie normale, m’ouvrir autant au monde. Je me suis rendu compte à quel point cette discipline me plaît. »

Pas de dégoût du rallye alors?

« Non, elle est cruelle cette discipline mais quand tu mets tout dans la balance, pas que les points négatifs qui donnent envie de tout envoyer chier, elle est magnifique. Maintenant je suis heureux de me relancer. Avant de parler de gagner ou quoi que ce soit, j’ai besoin de me retrouver en tant que pilote sur une moto. Je vais mettre toutes les chances de mon côté pour pouvoir de nouveau rouler à fond sereinemen­t, sans la peur au ventre, et je vais bosser pour ça afin de pouvoir retourner sur le Dakar. »

As-tu compris ce qui s’est passé lors de ta chute?

« Oui. Ce n’est pas que j’ai voulu passer vite ou plus vite sur un obstacle, c’est que je n’ai pas vu cette barre rocheuse. Il y avait un soleil rasant qui éblouissai­t avec de grosses zones d’ombre et cette barre était dans une zone d’ombre. Je l’ai vue mais beaucoup trop tard, à 120 km/h et ça allait beaucoup trop vite. Après ça touche une deuxième crête, la moto est partie en travers et c’était mort. »

Penses-tu avoir abordé ce Dakar de la meilleure façon?

« J’ai des choses à améliorer mais sincèremen­t, je n’ai pas de regrets. Évidemment, je vais travailler d’autres paramètres pour essayer d’être plus réactif sur ma vision, mais demain je repars sur la même spéciale, dans les mêmes conditions, je pense que je retombe de la même façon. Je ne cherche pas d’excuses, mais je n’ai pas fait de grosse erreur de pilotage ou quoi que ce soit. C’est frustrant, c’est dur à vivre mais c’est la discipline. »

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