1991 : L’ANNÉE DES HÉROS
30 ans plus tard, il est un fait incontestable. Jean-Michel Bayle et Stéphane Peterhansel sont les héros français de la moto verte. Chacun dans son domaine, mais en ayant çà et là mixé les disciplines et dans des styles très différents, Peter comme JMB ont porté la performance au sommet, avec ce supplément d’exploit qui fait d’un champion un héros ou une légende. Si le hasard des chiffres nous ramène 30 ans en arrière, c’est parce qu’en 1991 précisément, Stéphane et Jean-Michel ont vu leur carrière basculer et s’envoler dans des sphères galactiques. Vous n’étiez pas nés ? Vous n’aviez pas l’âge de raison ou de passion ? Un petit rappel. En 1991, Stéphane Peterhansel est considéré avec Gilles Lalay comme le meilleur enduriste français. Élevé dans le giron de la SIMA sous les ordres de Marcel Seurat, Peter a muté vers Sonauto-Yamaha qui veut lui donner un statut de champion dans la discipline tout-terrain la plus médiatique et la plus glorieuse, le rallye et, point d’orgue, le Dakar. Jean-Claude Olivier veut voir une moto bleue gagner de nouveau avec son nouveau pilote emblématique au guidon, le surdoué Peterhansel. Stéphane participe à son 4e Dakar, dans un team musclé, aux côtés de LaPorte, Magnaldi et Picard. Il dispose du bicylindre d’usine YZE750T baptisée 0WC5 pour s’imposer enfin après plusieurs éditions où il ne s’est montré « que » rapide. C’est un tournant. JCO est aux manettes, Petzl vissée sur la tête, regard braqué quotidiennement sur les cartes libyennes, maliennes, mauritaniennes, nigérianes puis sénégalaises dans le petit avion affrété par Sonauto pour sauter de bivouac en bivouac. Rien n’est laissé au hasard. Grosse pression. Peter démarre tranquillement, attaque, accélère puis s’échappe dans une étape de navigation entre Dirkou et Agadez. La suite du rallye est un modèle de gestion.
Il conforte son avance, il contrôle, il remet un coup de collier quand il faut. La guerre du Golfe éclate alors que la caravane du Dakar traverse le Mali et qu’un membre de l’assistance Peugeot est abattu à la traversée d’un village. Le Dakar est sur la sellette, pas certains d’arriver à son terme alors que le succès du couple Peter/Yam semble si proche… Soulagement le 17 janvier. Stéphane arrive jusqu’au bord du Lac Rose. Il devance Lalay et Magnaldi. Un coup de maître pour Yamaha mais surtout un aboutissement et la concrétisation d’un objectif majeur, prioritaire, presque vital pour Peter. Il est porté héroïquement en triomphe sans qu’on se doute qu’il remportera ensuite les Dakar 1992, 1993, 1995, 1997 et 1998, battant le mythique record de victoires de Cyril Neveu sur deux roues. Et je ne vous parlerai pas ici de voiture ! Le génial enduriste, réputé talentueux mais peu travailleur, surdoué mais presque trop sympa pour être de la race des champions et de leur caractère égoïste et rugueux, s’installe dans une suite présidentielle au palace des dieux de la moto toutterrain suite à cette édition 91 si particulière, si chaotique. Quelques mois plus tard, une deuxième suite est prise d’assaut par le crossman Jean-Michel Bayle. Comme Peter, le Kid de Manosque est allé au bout de son rêve en remportant le mythique championnat SX 250 US avant de réaliser le triplé SX/MX 250/500. Un exploit qui restera unique dans l’histoire avec la réduction du nombre de catégories (cf. page 130). En 1988, Peter comme JMB avaient déjà posé leur empreinte. L’un en devenant champion du monde 125 avant de coller aux basques des Ricains au MXDN de Villars. L’autre en réalisant le scratch aux ISDE de Mende. Il n’est pas de hasard, il n’est que des coïncidences. 1991, Peter, JMB, quelle année !