► Il y a 30 ans… JMB !
Daniel Péan et Jean-Jacques Bruno avaient fait résonner la Marseillaise. Jacky Vimond avait révélé un cross français capable de remporter – enfin – un championnat du monde. Jean-Michel Bayle va lui donner un rayonnement planétaire en remportant en 1991 le Graal aux US, un titre en SX 250. Mieux, JMB va claquer le triplé SX 250/MX 250/MX 500…
Considéré dès ses premières courses en Minivert comme un des plus sûrs espoirs du cross français, Jean-Michel Bayle gravit rapidement tous les échelons nationaux aux côtés de son frère Christian, avant de se placer dans la course au titre mondial 125. Le « Kid de Manosque » sort immanquablement du rang. Il est créatif. Il possède un talent naturel et une apparente facilité qui trouvent un écho éclatant au moment où le supercross apparaît officiellement en France via le championnat de France grâce à l’énergie débordante de JeanLuc Fouchet. Le MX, c’est bien mais le SX magnifié par l’Amérique décuple son envie de progresser et booste ses ambitions.
Le rêve d’évoluer dans le championnat le plus brillant de la planète devient une obsession au moment où JMB décroche le titre mondial 125 en 1988, lors du dernier Grand Prix en Suisse, au terme de l’ultime manche face à Dave Strijbos. On pourra toujours se demander ce qu’il serait advenu si ce jour-là, sur le circuit du bout du monde, JMB avait échoué face à son premier défi. Peu importe aux yeux de l’histoire… Cette consécration in extremis le propulse au rang de star. On lui prédit tous les succès, toutes les conquêtes, même si à l’époque, la perspective de battre les pilotes américains chez eux paraît bien illusoire. Entre deux allers-retours aux États-Unis pour prendre ses marques et poser son nom face aux héros ricains que sont Johnson, Stanton ou Ward, « Jean-Mi » empoche un nouveau titre mondial dans la catégorie supérieure, non sans avoir pris le train du championnat en marche après une blessure en début de saison. Facile et toujours aussi logique… L’Amérique, d’abord surprise de voir débarquer un petit Français bien culotté, puis irritée de le voir chahuter la hiérarchie US, ne lui tend pas les bras. Ça n’empêche pas le caractère en acier trempé de JMB d’imposer sa détermination. Le talent, une volonté hors normes, la puissance de son rêve et sa science de la compétition font le reste. Jean-Michel Bayle ne domine pas outrageusement le championnat mais il ne commet pas d’erreurs et remporte huit victoires cette année-là face à Bradshaw, Stanton ou Kiedrowski.
Il doit aussi se battre face à un public qui supporte mal de voir un « Frenchie » déboulonner la toute-puissance US.
JMB puise sa motivation aussi dans l’opposition, ne faisant aucun effort pour rallier à sa cause les fans ricains. Comme il le souligne : « Il y avait deux solutions : soit je rentrais dans le moule, soit je restais en marge. Rentrer dans le moule, ça voulait dire enlever le drapeau français, prendre un passeport américain et devenir Américain comme Roger de Coster ou des mecs comme Albertyn, Reed ou Langston. Cela aurait facilité les choses. Mais j’ai refusé car je n’étais pas venu dans cet état d’esprit. C’était un choix de vie. Je n’ai pas abandonné Alain Prieur, Pat Boulland, Manosque, la France, mes racines… En prenant cette décision, je savais que je n’allais pas rester longtemps aux USA. L’ambiance était pourrie et ce n’était pas tenable. Je me battais contre mes concurrents, mais aussi contre le système. » Jean-Michel atteint le Graal le 8 juin à Oklahoma (2e de la course). L’émotion est immense mais très « intériorisée ». Pas le temps de fêter cet aboutissement, Roger de Coster le remotive pour aller chercher dans la foulée le titre national MX 250 et le titre 500, ce qu’aucun pilote n’a jamais réalisé. C’est chose faite quelques semaines plus tard. Non seulement un Européen bat les Américains, mais il réalise un truc unique. Le but qu’il s’est fixé dans le motocross est atteint. Trente ans plus tard, beaucoup de pilotes français, portés par le rêve américain, ont essayé à leur tour. Sans succès. Joyeux anniversaire JMB !