Moto Verte

DU DAKAR À BRIOUDE

Pour enduriser différemme­nt, Denis, Béhèmiste convaincu, a fait le pari d’une R 80 G/S qui ne manque pas d’allure, mais réclame une condition physique sans faille pour faire des étincelles.

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Denis roulait en Yamaha 125 YZ en 1981 et en BMW 1200 GS en 2017, un quart de siècle de passion de la moto qu’il a conjugué avec éclectisme au guidon de Suzuki 400 DR et 600 Djebel, Kawasaki 750 GPZ, Honda 750 CBX, Yamaha Super Ténéré, Buell XB/X Ulysses. Il débute l’enduro sur le tard, en 2009, avec une Suzuki 400 DR-Z puis participe au GS Trophy en 2015 et 2017, à l’Aveyron Tour en 2016 et quelques belles randos avec des potes, notamment dans les Bardenas. « La R 80 G/S est une super moto, avec un moteur très coupleux. Elle est très maniable, bonne à tout faire », plaide Denis, 56 ans. Achetée en 2016 pour 6 500 € à Gérald Bousquet (Technic Évasion), elle était ready to race grâce à la réfection du flat-twin et une bonne révision générale. Cette R 80 G/S millésimée 1981 avait une histoire avant même de s’aventurer en enduro. Elle avait fait le Dakar en assistance, avant d’être récupérée par Gérald Bousquet qui l’avait modifiée pour en faire un prototype. Le cadre a été réduit en hauteur afin d’augmenter la garde au sol, une boucle arrière a été fabriquée accueillan­t la trousse à outils et le bras oscillant a été doublé, faisant oublier le monobras d’origine. Pour s’aventurer dans les chemins, la suspension met en scène une fourche Marzocchi M1 de 42 mm et un amortisseu­r Wilbers stage 7. Le réservoir est un « toaster » d’origine BMW de 17 litres (pour 170 kilomètres d’autonomie) et les plastiques sont prélevés sur une KTM des années 80. Côté moteur, on note l’adoption de cylindres et pistons de BMW R 90 S (900 cm3) avec des culasses et carburateu­rs Bing de 40 mm de R 100 G/S, ce qui permet de disposer de 80 chevaux pour un poids de 180 kg.

« Un régal dans le roulant, dur dans le technique car elle est trop lourde et un peu haute. En revanche, elle est puissante et maniable », avoue Denis. On veut bien le croire. Denis a déjà 5 000 kilomètres dans les bottes avec cette BMW dont le prix de revient est de 8 500 €, qu’il convient de piloter avec une technique bien particuliè­re :

« Il faut utiliser au maximum le frein moteur et jouer sur le couple et l’allonge du bicylindre. »

À Brioude, dans le gras et sur un tracé qui ne facilite pas l’évolution de cette enduro XXL, les choses ne furent pas faciles pour Denis. « Je n’ai roulé que le premier jour… J’ai été stoppé contre un rocher au niveau du cylindre gauche et j’ai failli perdre un carbu dans la spéciale de Verneuge… J’ai donc préféré arrêter les frais avant que cela n’empire et j’ai rejoint notre

assistance. Mais j’ai passé un super moment ! » Il est vrai que pour les spectateur­s, assister au démarrage puis entendre ronfler dans les chemins les flat-twins des quatre mousquetai­res en BMW était impression­nant et nous renvoyait cinq décennies en arrière, sur ses mêmes terres auvergnate­s où, aux mains de pilotes officiels, les BMW (à l’époque 50 ch pour 138 kg) nous laissaient dans un état second, partagés entre interrogat­ion et admiration. Denis ne donne qu’un seul conseil aux amateurs désireux de se lancer dans le challenge de faire rouler une BMW en enduro : « Être costaud ! » À bon entendeur…

« PUISSANTE, MANIABLE, LOURDE, HAUTE. UN RÉGAL DANS LE ROULANT, DUR DANS LE TECHNIQUE. »

 ??  ?? La R 80 G/S de 1981 boostée affiche 80 ch pour 180 kg, avec son bidon de 17 litres (170 km d’autonomie).
La R 80 G/S de 1981 boostée affiche 80 ch pour 180 kg, avec son bidon de 17 litres (170 km d’autonomie).
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 ??  ?? Le prix de revient de la Béhème de Denis est de 8 500 €. Raisonnabl­e pour une moto et des sensations rares.
Le prix de revient de la Béhème de Denis est de 8 500 €. Raisonnabl­e pour une moto et des sensations rares.

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