RETOUR À LA VIE
Après être resté une vingtaine d’années en pièces dans des cartons, une R 90/6 de 1974 est remise sur roues par Thierry Prisco avec la complicité de Philippe Veyssière, direction : les chemins.
Après avoir fait ses armes au guidon d’une Bultaco 125 Sherpa puis enchaîné les grosses cylindrées (Yamaha 750 XS, Honda 750 XLV…),
Thierry Prisco acquiert, au début des années 90, une BMW R 90/6 (moins puissante que la mythique R 90 S, et produite entre 1973 et 1976) de 1974 modifiée dans un esprit raid. Elle lui permet de se mesurer aux petites routes et aux pistes roulantes qui jalonnent ses voyages. Si le flat-twin alimenté par deux carburateurs Bing de 32 mm, bien relayé par une boîte à cinq rapports, ne manque pas de souffle ni de couple (il envoie actuellement 60 chevaux à la roue arrière de 17 pouces enrobée d’un pneu Mitas en 140), la tenue de cap manque de rigueur, le cadre est peut-être faussé… Il en achète un autre (rallongé de 10 centimètres) et, trop accaparé par son travail sur un continent lointain, laisse en chantier la BMW en 1994, la remisant en pièces détachées jusqu’à ce que son ami Philippe Veyssière, en 2014, lui pose la question : « Je vais me monter une BMW façon ISDT, veux-tu que l’on fasse la même chose avec la tienne ou préfères-tu une configuration Dakar ? » Séduit par les sirènes de l’enduro, Thierry penche pour la version ISDT pour que sa béhème reprenne vie en étant préparée de concert avec celle de Philippe. Ce qui fait que nombre d’éléments sont similaires entre les deux machines. Le cadre – peint en bleu, comme c’était le cas sur les motos officielles d’Herbert Schek, Rolf Witthöft, Richard Schalber en 1980 – est relevé et adopte un nouveau carter d’huile (avec une moindre contenance) faisant office de sabot pour augmenter de quelques centimètres la garde au sol. La fourche Marzocchi de 42 mm et les amortisseurs Fournales conjuguent efficacité et sécurité pour attaquer les sentiers sans arrière-pensées, ce qui est appréciable sur une machine de 180 kg. Le freinage avant, avec étrier 2 pistons et disque de 230 mm est prélevé sur une KTM, le réservoir en tôle de 10 litres sur une Montesa
(que Philippe avait sous la main) et la selle sur une Honda 500 XLR. Thierry est quitte de s’escrimer à kicker puisqu’il bénéficie d’un démarreur électrique épaulé d’une batterie placée longitudinalement sous la selle. On note un guidon et une plaque-phare dénichés chez ID Vintage (une excellente enseigne de purs passionnés d’off-road) et des garde-boue Stilmotor. Sur cette moto, c’est Philippe qui s’est chargé de l’échappement en inox, jugé « assez vilain », n’ayant pu être modifié faute de temps avant la course. Rien de rédhibitoire, il va revoir sa copie, animé par l’envie d’améliorations constantes grâce à l’expérience partagée des quatre mousquetaires du cardan.
« UNE AVENTURIÈRE DE POIDS (180 KG) QUI RETROUVE UNE DEUXIÈME JEUNESSE DANS LA PEAU D’UNE ENDURO XXL. »