FACE-À-FACE ENDURO
La 250 Fantic 4T s’attaque à la GasGas…
Nous avons eu le privilège d’essayer en exclusivité la Fantic 250 XEF pour le numéro d’Enduro by Moto Verte actuellement en kiosque, mais sans avoir pu évaluer son potentiel face à la concurrence. Pour en avoir le coeur net, nous l’avons confrontée à la GasGas 250 EC-F au moteur référence de la catégorie et vous savez quoi ? Elle va bien cette Italienne !
« POUR SORTIR D’UN APPUI, LE MOTEUR DE LA FANTIC EST PÊCHU. »
Ya-t-il d’importantes différences entre les deux motos au niveau mécanique et équipements ?
Oui. La Fantic est équipée d’un cadre périmétrique en aluminium alors que la GasGas possède un élément simple berceau dédoublé en acier. On trouve d’origine un sabot moteur bien enveloppant et des protège-mains sur la Fantic. Il n’y a rien de tout cela sur la GasGas. Cette dernière possède un embrayage hydraulique alors que c’est un modèle classique à câble sur la XEF. Celle-ci a une selle avec housse antidérapante, pas la GasGas. Le moteur Yam de la Fantic incliné vers l’arrière a la particularité d’avoir l’admission sur l’avant et la sortie d’échappement sur l’arrière. C’est l’inverse et donc plus courant sur le bloc Katé. De ce fait, le filtre à air se trouve à l’emplacement habituel du bouchon de réservoir sur l’XEF, sous la selle pour la GasGas. La Fantic propose une application pour smartphone « WiGET » permettant de choisir entre les trois courbes proposées d’origine, standard, soft et hard. Il est aussi possible de créer une courbe personnalisée. Pas encore d’appli pour la GasGas. Par contre un interrupteur avec deux courbes et le traction control est disponible en option moyennant une centaine d’euros.
La prise en main est-elle aussi facile sur les deux motos?
Oui. Sur l’une comme sur l’autre, pas de problème de mise en marche, ça craque au premier coup de pouce. S’il y a juste à appuyer sur le bouton sur la GasGas, un interrupteur de contact est présent sur la Fantic. Il ne faut surtout pas oublier de le déconnecter lors d’un arrêt longue durée au risque de vider la batterie. Au niveau des positions, il y a là deux machines plutôt fines avec le même embonpoint au niveau des ouïes. La GasGas semble un peu moins haute de selle. En tout cas, ça s’affaisse un peu plus une fois en place. Elle fait aussi plus courte de l’avant. Niveau sonorité, la Fantic est un peu plus bruyante. C’est raisonnable mais à pleine accélération, il ne faudrait guère plus de bruit. En tout cas sur ces deux machines, on trouve vite ses marques avec des moteurs souples
permettant de prendre contact en douceur. Même si la Fantic est un peu plus ferme, rien à redire sur les deux parties-cycles qui vous mettent vite à l’aise.
Le moteur de la GasGas est-il plus efficace à bas régimes?
Oui. Si l’on parle d’efficacité afin de négocier une sortie de virage glissante, le moteur de la EC-F offre de la rondeur permettant de conserver la motricité et dans ces conditions, la XEF est moins progressive. Elle peut l’être mais il faut être plus vigilant sur l’utilisation de la poignée de gaz. C’est un peu moins brutal en se connectant sur la courbe « soft », mais il n’arrive pas à être aussi linéaire que le bloc autrichien, référence en la matière.
Par contre, quand il s’agit de sortir férocement d’un appui en spéciale, là le bloc japonais sait y faire et sur la courbe « hard », c’est même carrément pêchu. Sur ce point, l’EC-F a également du répondant. C’est juste un peu moins immédiat mais là aussi, quand ça part… ça pousse fort !
Le moteur de la Fantic est-il plus puissant ?
Non. Un long bout droit sur la spéciale test ou sur une longue accélération dégagée au coeur du domaine, voilà deux secteurs qui nous ont permis de prendre des repères quant à la réponse de ces moteurs menés à plein régime. Ouverture gaz en grand en sortie de virage, le Fantic répond instantanément. Ça grimpe vite et fort
dans les régimes. Passage du troisième rapport, quatrième, en laissant monter dans les tours, pas de doute, ce moteur ne manque pas de force. Toutefois passé un stade, il ne faut pas s’attarder trop longtemps sur le même rapport. La poussée avec la GasGas est tout aussi radicale. L’allonge est même moins limitée et le plafond à ne pas dépasser est moins marqué. Enfin côté puissance, ces deux moteurs sont bien lotis et sur le terrain, difficile de les départager.
La Fantic est-elle plus maniable que la GasGas ?
Non. Dès la prise en main, on ressentait un avant court et posé au guidon de la GasGas et effectivement à l’entrée d’une épingle, elle se place vraiment facilement. La fourche est aussi un peu moins ferme en début de course et l’avant s’inscrit naturellement et sans forcer dans la trajectoire. Pour virer court, la Fantic aussi sait faire, mais il faut accompagner un peu plus l’avant de la moto. Cela dit, là encore on a affaire à une redoutable vireuse. L’inertie moteur est vraiment minime et l’ensemble est même un peu moins pataud dans les parties techniques. Comme pour la puissance, il n’est pas évident de départager ces deux-là au niveau maniabilité. Voilà deux machines vraiment efficaces dès que ça se resserre.
Se valent-elles au niveau de la stabilité ?
Oui. Une spéciale bien trouée sur certains freinages et certaines accélérations, des chemins roulants particulièrement caillouteux et ravinés par endroits, nous avions tout ce qu’il faut pour secouer nos deux candidates. À l’attaque sur la spéciale, on apprécie la précision de la Fantic. Cet accord idéal entre l’avant et l’arrière qui permet de contrôler efficacement l’ensemble sur les trous de freinage ou à l’accélération. L’arrière motrice efficacement dans les trous plein gaz mais aussi pour négocier en douceur une grimpette glissante. Passage sur un chemin empierré particulièrement instable, la moto taille droit et permet de négocier le passage sans appréhension. L’avant peut parfois taper mais jamais au point de se faire peur. Sur ce type de passage, la Gas
« LA SOUPLESSE MOTEUR DE LA GASGAS SE RÉVÈLE ASSEZ BLUFFANTE. »
est un peu plus moelleuse. Par contre, elle peut s’avérer un peu trop souple sur un gros rythme en spéciale. Rien de déstabilisant mais pour un pilote aguerri, c’est légèrement trop souple et louvoyant. Pour le compétiteur, ça mériterait quelques clics en compression afin d’affermir l’ensemble. Au niveau de la motricité, là aussi difficile de la mettre en défaut. Sur les grimpettes accidentées de la boucle, elle s’est même montrée mieux plaquée, moins sautillante sur le passage d’une racine ou sur de la rocaille instable.
Laquelle est la plus agréable pour la rando/balade ?
La réponse précédente a fourni quelques indications sur le comportement que peuvent avoir ces deux motos en rando. Pour la balade, on recherche du confort et sur ce point, la GasGas est la mieux armée avec ses suspensions WP aux réglages particulièrement souples d’origine. Le début de course gomme toutes les irrégularités du terrain, un vrai canapé très appréciable sur les tapis de cailloux. Elle est plus confortable que la Fantic au niveau de la partie-cycle, mais également au niveau du moteur plus linéaire. Le moteur de la Fantic est très facile à gérer pour piloter en douceur, mais pas autant que celui de la GasGas qui dispose d’une souplesse, d’une élasticité assez bluffante.
Plus confortable la Gas ? Oui, mais dommage qu’elle n’ait pas au moins des protège-mains.