WEBB EN MODE 5G
On n’a pas tous le talent d’un Jeremy McGrath ou d’un James Stewart, la vista d’un JeanMichel Bayle ou le style « on-off » d’un Ricky Carmichael. Dans un monde digitalisé où la forme prend souvent le dessus sur le fond, où l’hyper communication a pris le pas sur le pragmatisme, on n’a pas non plus tous la dextérité d’un Ken Roczen ou d’un Jeffrey Herlings pour mettre en scène sa vie de pilote. Ça n’empêche pas de claquer du bon gros résultat et de se construire un palmarès en béton armé. Cooper Webb n’est assurément pas le plus beau styliste du plateau US. Il n’a pas une tête de cover-boy, surtout une fois la casquette officielle du team vissée sur le crâne. Il n’empêche. Dans un championnat hyper relevé où les cadors se comptent à la pelle, voilà Webb couronné une deuxième fois champion SX à la force du poignet, comme des prédécesseurs de la trempe de Reed,
Johnson ou Ward, excusez du peu. Soyons honnêtes, au jeu des pronostics en début de saison, l’officiel KTM n’apparaissait pas en tête de liste, balayé par le charisme d’un Ken Roczen ou la force tranquille d’un Eli Tomac. Et puis on se disait que Musquin, Ferrandis, Malcolm Stewart, Anderson, Barcia, bref, on en oubliait presque Webb et sa volonté sans faille. Pas de superflu, du gaz, de la ténacité, un capital confiance au plus haut ont emballé le tout. Cooper Webb ne s’est pas contenté de jouer la régularité pour empocher le pactole, il a mis Roczen à la traîne quand il le fallait.
Webb n’est pas sans rappeler quelques ténors emblématiques du cross US. LaRocco, Stanton…
Des garçons misant avant tout sur leur engagement, leur acharnement dans l’effort pour s’imposer. Tant pis pour le fun. Mais il est plutôt réconfortant de voir que la force du travail reste une valeur essentielle dans la réussite et que la persévérance est souvent récompensée. La perf de Marvin Musquin à Salt Lake 1, comme sa dernière course, suit d’ailleurs cette philosophie. Malchanceux, blessé, puis relégué assez loin l’année de son retour après avoir bien galéré avec un genou, MM25 est parvenu contre toute attente à grimper enfin cette saison sur la plus haute marche du podium. Preuve qu’il dispose du talent (on le savait !) mais surtout d’un mental ultra-costaud après tous les aléas de la vie rencontrés ces dernières années. Chapeau. Le succès de Cooper Webb est aussi (encore et toujours !) celui d’un certain Roger de Coster qui a cru en lui à un moment où il n’était pas débordé par les propositions, lui donnant les moyens et la confiance nécessaires pour réussir. Ne rien lâcher pour gagner, une marque de fabrique définitivement très « autrichienne », un « spirit » au-delà du « ready to race ». On l’avait constaté en rallye puis en MX et enfin en SX US. Bel état d’esprit.