La gamme Sherco 2022 se dévoile…
Il y a quelques années, un ogre autrichien dévoilait ses nouveautés dès le printemps. Une stratégie à laquelle Sherco s’est adapté. Le constructeur nîmois est ainsi le premier à dégainer avec à l’essai cinq modèles 2022. La 125 se modernise, la 450 évolue pas mal et les versions Racing sont désormais équipées de suspensions Kayaba à la place des WP…
« LA POUSSÉE EST RADICALE SUR LA 450, QUELLE PUISSANCE ! »
Nuneous sommes début mai, Sherco nous annonce qu’il y aurait peut-être
possibilité d’essayer quelques motos de la nouvelle gamme 2022 avant la fin du mois. Dans cette drôle de période que nous vivons depuis plus d’un an et vu les soucis de production qu’ont pu rencontrer les constructeurs, on ne s’attendait pas à pouvoir essayer de la nouveauté tout de suite… Erreur ! C’est avec cinq machines que le staff de la marque nous a rejoints du côté de VieilleBrioude où Laurent Malosse nous attend de pied ferme pour nous faire découvrir ces nouveaux millésimes dans sa campagne auvergnate. Pour ces millésimes 2022, les versions Racing équipées dorénavant de suspensions Kayaba seront proposées pour seulement trois modèles, les 250/300 SE et la 300 SEF. Les valves électroniques font leur apparition sur la 125, le reste de la gamme a peu changé si ce n’est la 450 au moteur une nouvelle fois optimisé. Bonne nouvelle, pas d’augmentation prévue pour ces modèles 2022. Sortie prévue en concession fin mai, début juin.
125 SE Factory, une référence
« N’oublie pas de couper le contact si tu t’arrêtes… » Histoire d’économiser la batterie, voilà le genre de phrase qu’on n’entendra plus concernant la 125. En effet, il n’y a plus d’interrupteur de contact. À l’arrêt du moteur, la coupure est dorénavant automatique comme sur les cylindrées supérieures. On remarque forcément la nouvelle déco et la housse de selle grise, mais aussi le boîtier noir au niveau du cylindre qui indique l’arrivée de valves à système de commande électronique. Pas de changements au niveau de l’ergonomie. Une fois à son guidon, on retrouve un ensemble familier assez fin avec une position qui vous porte sur l’avant. Le petit deux-temps miaule au premier coup de pouce dans une sonorité acceptable. Premier virage, le 125 accepte les bas régimes mais il ne faut quand même pas s’arrêter sur le second rapport sous peine de devoir relancer à l’embrayage, voire de descendre un rapport. Là, c’est quand ça fait longtemps qu’on n’a pas posé ses fesses sur un 125, car ce moteur a quand même une souplesse très intéressante au vu de la cylindrée.
Il y a un bon petit couple qui permet de négocier les passages techniques en douceur sans devoir attendre l’ouverture des valves, mais pas de différence par rapport à la version à valves « mécaniques ». En mode attaque, on apprécie tout de suite le punch et l’excellente allonge de ce moteur, mais aussi la légèreté de l’ensemble. Quel régal sur les sentiers sinueux ! La partie-cycle est bien équilibrée et gomme efficacement les irrégularités du terrain. La fourche est un poil ferme en tout début de course, ça ne l’empêche pas d’amortir efficacement les chocs dans les cailloux et autres racines. C’est juste un peu raide. Sinon, dès que ça tabasse fort, que le rythme augmente, rien à redire, ça tient le parquet et c’est sécurisant.
250 SE Racing, ça respire
Avec le remplacement des suspensions WP par des Kayaba, on continue de pouvoir différencier les versions Racing des Factory. Le sticker KYB sur la fourche est noir, rouge sur les
« SÉDUISANTE ET MANIABLE, LA 300 SEF SE FAUFILE PARTOUT. »
Factory à cartouches fermées
(ouvertes sur les Racing), il y a aussi la housse de selle noire (grise sur les Factory) et il n’y a toujours pas de sabot moteur et de ventilateur sur les Racing. La 250 SE démarre sans encombre, la sonorité est discrète et il y a peu de vibrations. Dès les premiers virages, on apprécie la souplesse et le couple du moteur. Besoin de douceur en sortie, ça se gère très facilement. Besoin de punch et là, le deux et demi vous propulse vers l’obstacle suivant. Il a la santé ce 250 ! Et côté couple, c’est un vrai tracteur qui vous hisse sans peiner sur les pentes les plus sévères. Ce moteur est vraiment véloce. En plus il ne manque pas d’allonge, ça déboule en spéciale ! Il faut même y aller en douceur si ça glisse car la réponse à la poignée peut s’avérer percutante. La moto est fine, assez haute de selle, installé, on domine bien l’avant. Les nouvelles suspensions apportent de la souplesse à l’ensemble. Notamment la fourche très moelleuse en début de course mais qui, du coup, peut manquer de progressivité, de retenue quand on met du rythme sur un chemin abîmé. Pour randonner pépère, pas de soucis, on apprécie le confort. Pour un chrono, l’avant peut taper et manquer de précision. Des réglages à affiner mais ce n’est pas simple car il faut ôter le guidon pour accéder à la vis de réglage (pas sur les Factory, le bouchon est différent). Au final, cette 250 SE Racing va carrément bien et encore une fois, quel moteur !
300 SE Factory, du gros couple
En descendant de la 250 SE Racing pour monter sur la 300 Factory, on ne note pas de différence si ce n’est la mousse de guidon et les bouchons des tubes de fourche rouges. Le gabarit est identique. C’est au démarrage que ça sonne différemment avec un 300 qui ronronne plus grave au coup de gaz, ça vibre même un peu plus entre les jambes. Rien à signaler du côté de la position, l’ensemble un peu haut avec un avant qu’on domine bien, c’est parti ! Première accélération, première constatation, ça marche fort. Le moteur est puissant et ne craint pas le pilotage un rapport au dessus. Il y a un gros couple pour évoluer sur le filet de gaz. La 250 avait largement ce qu’il fallait. Là, c’est encore plus costaud et ce n’est pas près de faiblir dans les grimpettes. Quand on lâche les chevaux, il y a du répondant.
On remarque qu’en utilisant la courbe « soft », la poussée est moins méchante sans être pour autant étouffée. Pas de problème d’allonge, on peut s’attarder sur la même vitesse sans crainte, même si un plafond doit toutefois ne pas être dépassé pour bénéficier de la pleine puissance. La partie-cycle n’a pas laissé entrevoir
de faiblesses. La fourche Kayaba mériterait un peu plus de moelleux en début de course pour être parfaite. Sinon elle se comporte idéalement partout et l’on n’hésite pas à attaquer sans retenue sur cet ensemble bien accordé. D’ailleurs, il semble même moins raide qu’il n’était. Les évolutions apportées à l’amortisseur en sont sans doute la cause. On note toutefois une inertie plus importante que sur la 250 dans les secteurs techniques, la moto est un peu moins facile à bouger… Logique.
300 SEF Racing, bonne à tout faire
Chez Sherco, la 300 quatre-temps est longtemps restée le best-seller de la marque. Elle a été récemment détrônée par la 300 SE… Le retour du 2T. Ici aussi, pas besoin de s’acclimater, on connaît cette petite cylindrée intermédiaire sur laquelle on prend tout de suite ses marques. Curieusement, la moto fait plus petite que les 250 et 300 2T. Ce petit quatre-temps est un vrai vélo pour slalomer sur les sentiers techniques le long de l’Allier. Le moteur souple est incalable et ses reprises en sortie de virage sont particulièrement « punchy ». Sur des zones glissantes, il faut même rester raisonnable sur les gaz, même s’il se laisse exploiter sur le filet, il peut aussi répondre du tac au tac. Et là aussi, la courbe « soft » est efficace. Son punch ne disparaît pas mais on ressent une légère baisse d’énergie. Côté allonge, ce 300 a du répondant, il prend des tours et permet de s’attarder sur le même rapport sans s’essouffler. La partie-cycle est séduisante, maniable, elle se faufile partout. Sur les chemins défoncés, les suspensions sont bien accordées et ça taille droit. On apprécie le moelleux de la fourche et la gêne ressentie sur la 250 SE Racing quand on augmente le rythme est ici nettement moindre. Certes, quand la nouvelle fourche KYB travaille en profondeur, on n’a pasla même retenue que sur les Factory, mais sur les petits chocs le confort est meilleur. Dévers, accélération, l’arrière tracte sans se dérober, la motricité est toujours aussi efficace.
450 SEF Factory, besoin d’espace
Pour l’avoir utilisée en premier sur notre rando/test, la 450 est facile d’utilisation mais reste toutefois un outil imposant dans le technique.
Elle nécessite un certain niveau pour passer partout. Elle est facile à inscrire dans les virages, mais on ressent tout de suite une inertie et un poids qui la pénalisent quand il faut aller vite dans les portions serrées. Le moteur est souple mais il manque de progressivité pour évoluer en sous régime. Il a un côté un peu trop on/off quand on tourne la poignée. Pour piloter sur le filet, ça manque de rondeur. Par contre, quand on se retrouve sur du roulant, il y a là un moteur particulièrement féroce. La poussée est radicale et ça monte haut dans les régimes, quelle puissance ! Il faut de l’espace ou un bon niveau pour apprécier pleinement cet ensemble idéalement suspendu. Une bonne assiette, des suspensions qui travaillent efficacement, on peut éventuellement lui reprocher un léger manque de confort sur les petits chocs mais à part ça… ?