La belle 300 YZ-F « Les 2 roues »…
Alexandre Salvatore, dit Coco, est bien connu dans le milieu du supermotard. Le boss de la concession Les 2 Roues en connaît un rayon quand il s’agit de préparer une Yam et quand il décide d’élargir son savoir vers le motocross, ça donne un 300 YZ-F unique en son genre. Nous n’avons pas pu résister à la tentation d’aller essayer la belle…
«C’est sans doute la dernière que je me prépare, le motocross, ce n’est plus trop de mon âge… » L’accent titi parisien, le regard malicieux, Alexandre Salvatore, alias Coco, est le boss de la concession Yamaha
Les 2 Roues située dans le Val d’Oise à proximité de l’aéroport RoissyCharles de Gaule. Son truc à lui, c’est plutôt le supermotard. Ça fait un paquet d’années que son team joue les premiers rôles en championnat de France et Coco est connu pour savoir « booster » les Yam comme personne. Ce n’est pas la Covid que le personnage a chopé depuis longtemps mais le virus de la clé de douze et ça ne l’empêche pas d’enfiler le cuir comme ses pilotes. Mais de temps en temps, il aime bien aussi remplacer les slicks par des pneus à tétines pour bosser le physique sur les terrains de motocross. Un 450 en cross, c’est pour les gros bras, et le 250 manque un peu de peps. Coco a donc choisi de se préparer un 300 cm3 sur base de 250 YZ-F 2021. Il y a quelques années, nous avions déjà eu l’occasion d’essayer une de ses réalisations. À l’époque, il proposait même le kit 300 à sa clientèle. Cette période est révolue. Cette dernière préparation est une pièce unique qu’il a réalisée pour sa pomme et quand il nous sort la belle de la camionnette, on ne peut que constater que côté matos et relookage, il a mis le paquet. À commencer par le cadre aluminium entièrement recouvert d’une peinture époxy noire, tout comme le bras oscillant. Pour
protéger les montants du châssis, un de ses potes s’est chargé de lui confectionner des protections en carbone. Le couvercle du boîtier de filtre à air en carbone a également été fait maison. Les suspensions signées Öhlins ajoutent encore une touche exceptionnelle à la Yam. Les roues Seurat 3 sont composées de moyeux Talon et de jantes Excel A60. Du haut de gamme quoi ! Et comme si ça ne suffisait pas, les disques standard ont été remplacés par des éléments Braking Batfly Wave avec un avant semi-flottant. Repose-pieds Scar titane, tés et pontets Neken SFS, pas de doute, il y a du top matos sur ce bolide. Un gros travail a été effectué sur le moteur pour augmenter la cylindrée. Le maneton de vilebrequin a été décalé, la bielle est plus longue, le piston est Ø 81 mm (77 sur la 250), une cale sous le cylindre, une culasse GYTR, un équilibrage du vilebrequin, un boîtier GET soigneusement mis au point… À cela vous ajoutez une ligne d’échappement Akrapovic. Au final, ça donne un moteur qui, après passage au banc, développe 50,34 CV à 11 667 tr/ min, soit 5 CV de plus que le 250, pour
un couple maxi de 35,8 Nm à 8 447 tr/ min (31,29 Nm à 9 235 tr/min le 250). Cette augmentation de puissance et de couple a permis de faire tirer beaucoup plus long. La transmission est de
14 x 47 dents contre 13 x 50 dents sur la 250 standard. Fini de blablater, allons voir ce que ça donne.
Allonge bluffante
Les pluies de la nuit ont sérieusement humidifié la piste fraîchement hersée deux jours avant. Autant dire que la boue est au rendez-vous et c’est avec une certaine inquiétude que je m’installe aux commandes du bijou. À première vue, le guidon me paraissait assez haut mais une fois en place, je suis surpris de me sentir bien. La selle plus épaisse y est certainement pour quelque chose. Coup de pouce, ça comprime plus fort que d’habitude et le 4T sonne fort au premier coup de gaz tout en restant dans les normes, ça respire quoi ! Le levier d’embrayage
« VOILÀ UN 300 QUI GRIMPE VRAIMENT HAUT DANS LES RÉGIMES. BLUFFANT ! »
est hyper souple, précision d’Alex :
« J’ai fait ça à l’ancienne, j’ai placé une patte plus longue. » Et c’est parti pour une cession sur un terrain particulièrement gras. Premier constat, ce moteur peut s’exploiter en douceur. Les premiers virages se négocient en souplesse et malgré la transmission longue, il vous sort des épingles sans peiner. Un petit temps d’acclimatation avant d’entrer dans le vif du sujet, ouverture des gaz plus méchante et l’accélération est nettement plus tranchante que le 250. Sans aucun doute, ça pousse plus fort et l’on peut se permettre de s’attarder sur le second rapport sans ressentir le plafond très net du 250. L’allonge est vraiment bluffante. Sur la ligne droite forcément plus délicate que dans des conditions plus sèches, je n’ai même pas besoin de passer le quatrième rapport, ça grimpe haut et fort dans les régimes. Le rab de puissance est indéniable mais cela reste très exploitable avec une souplesse, une certaine rondeur très appréciable dans les sorties de virage, tout en conservant le gros coup de boost quand c’est nécessaire. En plus, cette augmentation de la force ne se traduit pas par une inertie supérieure. L’YZ-F conserve son côté joueur et maniable, trop bon ! Mine de rien, les disques Braking avec à l’avant la durit aviation, ce n’est pas que pour les yeux, il y a plus de mordant que l’origine sur les freinages. Les suspensions réglées assez souples ne sont pas pour me déplaire. La fourche amortie avec précision les trous et l’arrière motrice parfaitement. Attention toutefois sur les gros chocs, quand ça travaille vraiment en profondeur, ça tape un peu fort. Un manque de retenue dans l’amorti. Les réglages ne plairont pas à un pilote hyper chevronné mais perso, ça me convient bien malgré la boue collante embarquée. Même dans ces conditions délicates, ce 300 s’est avéré convaincant. Une partie-cycle très saine et quel moteur !