Moto Verte

Les 250 CR 91 et 96 de JMB et McGrath de retour…

- PAR MATHIAS BRUNNER - PHOTOS EWAN RAVO

La Honda 250 CR passionne de plus en plus les nostalgiqu­es d’une époque glorieuse ainsi que les collection­neurs. Germain et Lucas sont deux amis dans la vie et ils ont un point commun, ils ont chacun restauré une 250 CR de leur année de naissance. Miracle, les éditions les plus mythiques de l’histoire : celle de McGrath et de Jean-Michel Bayle.

Le vintage a le vent en poupe, ce n’est un secret pour personne. Il suffit de se rendre sur une épreuve d’anciennes, sur le championna­t de France ou encore d’admirer l’engouement pour Le Touquet vintage. Cette passion pour les anciennes ne concerne pas uniquement les cinquanten­aires ou plus qui retrouvent dans la restaurati­on des motos la nostalgie d’une époque qu’ils ont vécue, souvent avec les parents. On voit de plus en plus de jeunes s’adonner à cette tendance. C’est notamment le cas de Germain Vincenot et Lucas Cordonnier. Le premier a 29 ans. Il n’est pas inconnu dans le milieu du tout-terrain avec derrière lui une belle carrière en motocross (EMX125 avec Kawasaki CLS) puis une reconversi­on réussie en supermotar­d ponctuée de deux titres de champion de France S2 chez Honda Luc1. « C’est vrai qu’au premier abord, on pourrait croire que le vintage, ce sont les souvenirs de nos parents. Au final, ça concerne également les jeunes. Il y a un essor avec l’authentici­té du 2-temps. Tout le monde aime se retrouver, rouler avec moins de pression. L’état d’esprit est très cool. Pour ma part, c’est venu d’un petit projet sentimenta­l. Je voulais acheter la moto de mon année de naissance. Mon choix s’est vite orienté vers une Honda car j’ai roulé pendant cinq ans pour cette marque. Ensuite, je suis né en 1991 et ça avait tout son sens. La 250 CR de JMB a marqué l’histoire du supercross et du motocross en tant que Français. C’est Jordan Labbé, un journalist­e de chez vous et ami, qui m’a parfaiteme­nt conseillé pour trouver une 250 CR.

Après quelques mois de recherches, il m’a déniché la perle rare en Belgique. Je l’ai achetée en 2015 sans l’avoir vu. Elle était détenue par un passionné qui l’avait partiellem­ent refaite. J’étais content de partir sur cette base saine pour ma restaurati­on. » De son côté, Lucas, 25 ans, vit sa passion pour le motocross à travers le plaisir de quelques courses de ligue en région

« LA PASSION POUR LES ANCIENNES NE CONCERNE PAS QUE LES CINQUANTEN­AIRES ! »

« PRÊTE À ÊTRE EXPOSÉE OU PARÉE POUR ROULER, À CHACUN SON BON PLAISIR… »

parisienne. C’est en accompagna­nt son ami Germain sur une course vintage, à savoir les Memory Moreau en 2018, que le déclic est venu. Un désistemen­t de dernière minute a permis à Lucas de faire ses premiers tours de roues sur une Honda 250 CR. « Je me suis régalé et j’ai apprécié l’ambiance. En rentrant, j’ai cherché une moto. J’ai toujours été piqué Honda et il se trouve que l’année de ma naissance est 1996. C’est la moto qui a tout gagné à l’époque avec Jeremy McGrath. C’est la plus aboutie à mon sens et l’une des plus belles. Ça m’a pris du temps pour trouver une moto saine qui correspond­ait à mes critères.

J’ai repéré la bonne occasion en avril 2019. » Dès lors, nos acolytes découvrent la magie d’une restaurati­on se jouant sur internet pour trouver les pièces, de bons conseils pour les astuces et des connaissan­ces pour les bons plans.

« Au fur et à mesure des recherches, par sympathie, échange de services, en fréquentan­t le milieu (ndr : Germain roule chaque année au 100 % More’O), on nous donne des tuyaux et l’on se construit un réseau. Ça ne se fait pas en quelques mois. À partir du moment où tu es passionné et ouvert, tu trouves facilement des contacts. Mon jeune âge n’a jamais été un handicap, au contraire. J’ai l’impression que les anciens se réjouissen­t et sont très avenants. Ils aiment partager leur passion et leur vécu. Je pense que ça va avec l’envie de conserver le patrimoine moto. Je prends beaucoup de plaisir à échanger, découvrir des histoires, partager du bon temps, bricoler et rouler sans prise de tête. Je pense même après ma carrière en supermotar­d monter un team vintage et faire le championna­t de France avec mes potes à la cool. »

Discussion­s et conseils

De fil en aiguille, nos deux apprentis du vintage apprennent sur le tas et sont aidés par des connaissan­ces. Lucas a bénéficié du savoir-faire de son père (tourneur/fraiseur) pour recréer des pièces, des axes, des supports. Il trouve également pas mal de pièces en France via des sociétés qui fabriquent à la demande ou aux ÉtatsUnis. La production de Honda fut assez importante et le stock fourni même si l’envoi en France reste plus compliqué. Quant à Germain, il s’est rapproché de Pascal Bayl (dit Pasky, designer reconnu chez OCD et grand passionné de vintage). Travaillan­t également avec Honda Luc1 où roulait Germain, le contact était tout trouvé. Il possède lui-même une belle Honda CR de 96. « C’est un passionné comme j’en ai peu croisé et je lui dois beaucoup. » Sans le savoir et durant cette présentati­on de leurs motos pour Moto Verte, les deux amis découvrent qu’ils ont fait appel aux mêmes

 ??  ?? Sacré rencontre ! Germain et Lucas étaient comme vous, fan de 250 CR. Ils se sont offert un modèle de leur année de naissance et l’ont « légèrement » customisé…
Sacré rencontre ! Germain et Lucas étaient comme vous, fan de 250 CR. Ils se sont offert un modèle de leur année de naissance et l’ont « légèrement » customisé…
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 ??  ?? Lucas voulait un échappemen­t sans marque inscrite dessus, comme à l’époque. Doma a eu la gentilless­e de lui en faire un surmesure. C’est un pot brut qui reproduit bien le modèle usine. Le silencieux est également Doma, sans le marquage. « Dans l’idéal, il faudrait des protection­s de cadre en alu. C’est assez difficile à trouver et pour patienter, j’ai mis des protection­s classiques en plastique », explique notre jeune passionné.
Lucas voulait un échappemen­t sans marque inscrite dessus, comme à l’époque. Doma a eu la gentilless­e de lui en faire un surmesure. C’est un pot brut qui reproduit bien le modèle usine. Le silencieux est également Doma, sans le marquage. « Dans l’idéal, il faudrait des protection­s de cadre en alu. C’est assez difficile à trouver et pour patienter, j’ai mis des protection­s classiques en plastique », explique notre jeune passionné.
 ??  ?? Ambiance « Terrafirma », le film Fox qui mit en lumière de manière artistique Jeremy McGrath et sa 250 CR 96 !
Ambiance « Terrafirma », le film Fox qui mit en lumière de manière artistique Jeremy McGrath et sa 250 CR 96 !
 ??  ?? Le cadre était en bon état. Lucas l’a juste mis à nu, sablé et repeint en blanc de l’époque. Il a ensuite retravaill­é le tarage des vis.
Les axes moteur n’étaient pas les bons. C’était des tiges filetées avec des écrous. Son père a refait des axes moteur. Il manquait également le support moteur entre le cadre et la culasse.
Il a refait des supports moteur identiques à l’origine.
Le cadre était en bon état. Lucas l’a juste mis à nu, sablé et repeint en blanc de l’époque. Il a ensuite retravaill­é le tarage des vis. Les axes moteur n’étaient pas les bons. C’était des tiges filetées avec des écrous. Son père a refait des axes moteur. Il manquait également le support moteur entre le cadre et la culasse. Il a refait des supports moteur identiques à l’origine.
 ??  ?? On trouve facilement un kit plastique neuf de l’époque. La moto n’est pas si vieille au final. Lucas est passé par Paget Color qui a le kit déco replica 1996 de McGrath. La selle et la mousse étaient en bon état. Lucas a juste refait les pattes de fixation.
On trouve facilement un kit plastique neuf de l’époque. La moto n’est pas si vieille au final. Lucas est passé par Paget Color qui a le kit déco replica 1996 de McGrath. La selle et la mousse étaient en bon état. Lucas a juste refait les pattes de fixation.
 ??  ?? Le carter central était fissuré. C’était un peu la maladie de l’époque. Il a fallu du temps à Lucas pour en retrouver un en bon état sur internet. Il a refait le cylindre, le piston, l’embrayage, la culasse, le vilo. Tout a été remis à neuf. Les carters sont des répliques du modèle Honda HRC d’usine réalisés par un fabricant italien. Les repose-pieds ont tendance à s’user avec le temps et à bouger, son père bricoleur lui en a fait des neufs.
Le carter central était fissuré. C’était un peu la maladie de l’époque. Il a fallu du temps à Lucas pour en retrouver un en bon état sur internet. Il a refait le cylindre, le piston, l’embrayage, la culasse, le vilo. Tout a été remis à neuf. Les carters sont des répliques du modèle Honda HRC d’usine réalisés par un fabricant italien. Les repose-pieds ont tendance à s’user avec le temps et à bouger, son père bricoleur lui en a fait des neufs.
 ??  ?? Pasky, autre passionné, a fait parvenir à Lucas un sticker replica d’origine qu’il possède du contrôle technique AMA. Il avait dû en trouver lorsqu’il était aux US à cette époque. Ce type de détail ainsi que les autocollan­ts officiels sur la plaque avant apportent une « touch of class ».
Pasky, autre passionné, a fait parvenir à Lucas un sticker replica d’origine qu’il possède du contrôle technique AMA. Il avait dû en trouver lorsqu’il était aux US à cette époque. Ce type de détail ainsi que les autocollan­ts officiels sur la plaque avant apportent une « touch of class ».

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