Loïc Larrieu à l’attaque chez Fantic…
Nouvelle marque, nouvelle équipe, nouvelle catégorie. Quand Loïc Larrieu change de crémerie, il ne fait pas les choses à moitié. Passé de TM Racing à Fantic Motor durant l’intersaison, le n° 1 français va s’aligner en E1 sur une 250 quatre-temps. On a passé un moment avec lui dans le Sud pour faire le point.
«J’ai de bonnes sensations sur cette moto, c’est une base solide et j’ai derrière moi une équipe qui bosse fort. Je ne suis pas inquiet, ça va aller… » Comme d’habitude,
Loïc Larrieu semble serein quand on se retrouve sur l’un de ses terrains d’entraînement perdu en pleine garrigue héraultaise. Une carrière désaffectée dans laquelle il fait ses gammes enduro de temps à autres. Il sort pourtant d’une période difficile après s’être blessé à un genou fin février. Blessure aux ligaments sans opération chirurgicale mais avec quelques semaines de repos obligatoires. Finalement, le report de plusieurs épreuves l’a plutôt bien servi dans ce malheureux contretemps. Lui qui doit contractuellement effectuer deux épreuves du championnat italien Assoluti n’a pu participer aux deux premières et a débuté sa saison 2021 mi-mai à Fabriano, du côté de Rome. Avec forcément pas mal d’appréhension et de doutes. Un manque certain de roulage aussi… Si la plupart des chronos ont été corrects, autour de la 15e position scratch, il a par contre subi une nouvelle alerte au genou gauche. Le même que touché cet hiver. Il a pu terminer la journée mais a préféré lever le pied lors du dernier tour.
Rien de rassurant forcément à quatre semaines du début de la saison mondiale. Et à l’heure de boucler cet article, Loïc attendait de savoir si une opération serait nécessaire.
Pour le reste, le voilà rassuré quant aux performances de sa Fantic 250 officielle. Après tout, la Fantic n’est autre qu’une Yamaha 250 WR-F maquillée. Une machine qu’il connaît bien. « Oui, j’ai passé trois années chez Outsiders, mais c’était essentiellement sur la 450 WR-F. Et puis j’ai passé deux saisons chez TM, donc la moto a évolué entre temps. » On se souvient tout de même de sa victoire au Trèfle Lozérien sur une Yamaha 250 en 2018. « C’était une 250 YZ-F homologuée, ma moto d’entraînement pour le cross à l’époque. Je n’avais jamais roulé sur la WR-F avant cette année », précise Loïc. Mais il s’est vite senti à l’aise sur la 250 XEF
« FANTIC VOULAIT UN PILOTE QUI ROULE DEVANT POUR PROFITER DE SON EXPÉRIENCE. »
LOÏC SEMBLE PLUS INCISIF SUR CETTE FANTIC QUE SUR SA TM 300 DE CES DERNIÈRES SAISONS.
passée dans les ateliers italiens de Fantic Motor. « Ils veulent faire évoluer cette moto et c’est d’ailleurs pour ça qu’on a déjà une moto différente de la production, poursuit Loïc. Ils voulaient un pilote qui roule devant pour améliorer les choses, profiter de son expérience. » Et Loïc de confirmer que sa moto de course est bien une WR-F et non une YZ-F homologuée. Pas mal de développement a été fait sur le moteur avec de nouvelles pièces comme le piston, mais aussi un échappement Arrow différent de la série et accordé avec une cartographie Athena-GET elle aussi différente de celle d’origine. Sur sa moto, on trouve une commande d’embrayage hydraulique « usine » Brembo associée à un embrayage renforcé Rekluse. Il a également demandé des tés de fourche avec un offset différent. Tés qui enserrent une fourche KYB semi-usine préparée chez Mac Racing, tout comme l’amortisseur. Ajoutez également quelques éléments de protections supplémentaires et des repose-pieds plus larges et placés différemment que l’origine. « Tout ça a l’air bien efficace », juge Loïc après ses premiers tours de roues sur cette moto de course définitive.
Le titre E1
« Ma nouvelle catégorie, c’est le E1.
Mais évidemment, quand on est devant dans une catégorie en Mondial, que ce soit le E1, le E2 ou le E3, on est forcément bien placé au scratch, explique Loïc. Il y a eu pas mal de changements cet hiver chez les uns ou les autres. Mais il y aura toujours du beau monde dans toutes les catégories. On aura certainement des surprises. »
Et en E1 Loïc ? « Il faudra suivre ce que font Verona, Espinasse, Magain,
Charlier ou Remes. Et en EGP, il y aura toujours Holcombe, Freeman et maintenant Josep Garcia. D’ailleurs, c’est étonnant qu’il ne soit pas allé en Italie en début d’année. Je pense qu’il n’a pas envie de se montrer face aux Anglais, qu’il préfère ne pas dévoiler où il en est… » Comme l’an dernier, Loïc participera également au championnat de France. Et après six titres E2 plus un titre Junior, il va aller chercher un titre E1 pour Fantic. Et bien sûr essayer de conserver son titre officieux de n° 1 français au scratch. Physiquement, on sait le septuple champion de France à la fois très endurant mais également pas mal fragilisé après de nombreuses blessures. Souffrant des poignets et des épaules depuis de nombreuses saisons, il doit également composer avec ce genou récalcitrant. « Je me suis encore touché ce genou dans l’hiver, le même que l’an dernier. Rien de très grave mais ça s’est répété et les dégâts étaient plus importants. J’ai déjà souffert la saison passée de douleurs au genou qui sont dues à l’usure, de l’avoir étiré, ça n’a pas arrangé les choses et il m’a fallu du repos avant de pouvoir réattaquer. Heureusement que je m’étais pas mal entraîné avant cette blessure même si ça reste une coupure importante avant d’attaquer la saison à mon avis. » Reste que Loïc n’a que trente ans et encore pas mal de jus quand il passe derrière un guidon. Sa séance d’entraînement est un vrai régal pour l’oeil (matez la vidéo sur motoverte.com) tant le champion du monde E2 2019 est précis et efficace. Il semble plus incisif sur cette Fantic 250 que sur sa TM 300 des deux dernières saisons. Juste une impression ? On verra ça quand il attaquera le championnat de France mi-juin du côté de Chaumont (52) avant de se jeter dans le grand bain du Mondial le week-end suivant au Portugal.
Avant de quitter le Sudiste, on était curieux de savoir ce qu’il mijotait avec son site internet LL Motorsport. « J’ai investi dans un bâtiment commercial près de chez moi dans lequel je stocke mon matériel de construction de pistes. Un autre box est libre et je vais en profiter pour faire de la vente de VTT électriques Fantic. De la vente par e-commerce dans un premier temps car je n’ai pas le temps d’être ouvert tous les jours comme un magasin. J’assurerai la livraison et le service après-vente des vélos sur rendez-vous. Je vais également faire de la vente d’accessoires ou d’équipements. » Bref, Loïc Larrieu prépare sa reconversion qu’il sait pouvoir être proche comme un peu plus lointaine dans le temps suivant les circonstances. À 30 ans et avec désormais un enfant à charge depuis 2019, fini l’insouciance de ses années de jeunes pilotes. Le n° 1 français se doit d’être prudent et responsable. La saison 2021 sera un bon révélateur…