Moto Verte

« FUCK THE PLASTIC...

- PAR LA POUGE

…ride classic ! » qu’ils disaient les p’tits gars de chez le Motographe. Effectivem­ent, les préparateu­rs montpellié­rains n’ont pas fait dans le détail quand on a découvert leur prototype de Yam 450 Rallye custom à 50 000 boules tout rhabillé d’alu. Mais le plus dingue dans cet exercice de style épuré, c’est que ça marche. Et fort !

Nenon, non, vous ne rêvez pas : la moto est bien terminée même si l’on

doute quand on voit ces tubes apparents qui filent à droite et à gauche. Ou encore l’absence de protège-mains et un réservoir qui semble tout petit pour une moto soi-disant de rallye… C’est qu’Yvan Bertona, 27 ans, chaudronni­er, et Jérôme Mawois, 33 ans, designer, ont une vision de la moto très précise. Réunis depuis trois ans dans leur société appelée Le Motographe, les deux loustics sudistes pondent du custom à la demande mais toujours avec leur vision à la fois futuriste et néo-classique. Plutôt concentrés habituelle­ment sur de l’urbain, café racer et autres scramblers de l’enfer, ils ont reçu une commande précise pour un projet de moto typée off-road. De quoi ravir ces deux enduristes passionnés qui ont pu enfin se pencher sur une moto à tétines dans le cadre de leur travail. « On est passionné de toutterrai­n depuis notre enfance, raconte Yvan. C’est un projet qui nous sort des customs destinés aux bobos de la ville ! », rajoute-t-il en souriant. C’est un client curieux et richissime qui les a contactés depuis l’étranger, client qui préfère rester anonyme même si l’on a compris qu’il bossait dans le domaine du numérique. Le gars était tombé en admiration devant un proto fabriqué il y a une paire d’années par Yvan, déjà sur base de 450 WR-F, la Skeleton.

Une moto qui permettait de faire de

« BRUTE, RADICALE EN LOOK MAIS TOUT DE MÊME EFFICACE ET PERFORMANT­E ! »

l’enduro, du supermotar­d et du flat track en changeant seulement les roues. Machine bizarroïde qu’Yvan avait menée à la troisième place de l’épreuve de glisse du festival Wheels and Waves. Bref, le client souhaitait une moto se revendiqua­nt du projet Skeleton mais plutôt typée rallye.

Une bécane unique, d’ailleurs gravée du numéro 1/1 sur le réservoir. Brute, radicale en look mais tout de même efficace et performant­e. Dont on découvre le résultat 500 heures de travail plus tard pour une note finale de 50 000 euros !

Un modèle unique

Leur truc à Yvan et Jérôme, c’est travailler le métal, essentiell­ement la tôle ou le tube d’alu homologué aviation. « Quand tu fais des machines uniques, pas question de travailler le plastique ou fabriquer des moules pour un carénage », explique Yvan. Et puis le métal, il a ça dans le sang. Et à voir le résultat, de l’or dans ses mains de chaudronni­er. Découpage, pliage, soudure, le bonhomme sait tout faire. Tout ce que lui dessine son pote Jérôme. Car oui, même les garde-boue sont en alu, tout comme le réservoir avec son bouchon caché dans la selle qui s’ouvre en appuyant dessus.

En tôle aussi le sabot, les protection­s de fourche et le carénage de la « tour de contrôle » abritant l’instrument­ation de navigation. En tubes d’alu l’arrière de cadre et le support de tête de fourche qui sert également de crashbar et englobe les radiateurs. Pour le reste, c’est cadre, bras oscillant, guidon et moteur de Yamaha WR-F 450 2018. Plus des roues renforcées de chez Drag’on qui a également fourni le traction control GET réglable manuelleme­nt, les radiateurs renforcés, le disque oversize et autres détails. Le client voulait du Öhlins en suspension­s. C’est chose faite avec à l’avant comme à l’arrière le matériel suédois assemblé chez PFP Racing à Aurillac (importateu­r Öhlins) et préparé chez Drag’on (qui a le savoirfair­e avec les Yam du Dakar). Eh oui, l’engin n’est pas qu’un leurre, il est bourré de matos même si ce n’est pas ce que l’on remarque en premier mais bel et bien sa gueule si particuliè­re. Je dois dire que j’en ai fait plusieurs fois le tour et rapidement admiré la

finition, les pliures parfaites des gardeboue, eux-mêmes gravés au laser avec une finesse dingue. Le bouchon de réservoir en alu incrusté dans la selle, cette selle à la finition caoutchouc étonnante au-devant de laquelle se trouve ce mini-compteur KMS qui s’allume pour fournir des indication­s aussi inutiles que brillantes au regard. De belles soudures à droite à gauche et un résultat final aussi étonnant que bluffant. Sûr que le client ne va pas passer inaperçu sur les pistes avec un tel engin. Dont il sera le seul à posséder un exemplaire : « On n’en fera pas d’autres, confirme Jérôme. En tout cas pas comme celle-ci. »

Et ça fonctionne !

Tu aimes ou pas, mais ça ne peut te laisser indifféren­t. Et comme les concepteur­s ne craignent « degun » comme on dit dans le Sud, on a posé dessus Mickaël Metge. Oui, le Mika exofficiel Sherco ou Honda sur le Dakar, stoppé fin 2019 par une mauvaise chute à l’entraîneme­nt dans les dunes de Merzouga. Rétabli, Mika roule toujours aussi fort et n’a pas mis longtemps à se faire plaisir au guidon de cette machine hors-norme. Sur son terrain de Sauve dans le Gard, il a pu mettre du gaz à la fois sur les pistes rapides et sur son terrain de MX, s’envoyant quelques sauts avec la bête en alu. De retour, on lui a demandé ce qu’il pensait de ce bitza étrange et beau : « Elle est super bien équilibrée. J’ai roulé un peu sur la partie cross de mon terrain et je me suis fait plaisir, c’était facile et sympa. Évidemment, elle n’a que dix litres d’essence, rien à voir avec les plus de trente litres qu’on embarque au Dakar. Mais du coup, elle reste fun et joueuse. Puis sur la piste de rallye, j’ai trouvé une moto stable et rapide. J’ai aussi été surpris par son efficacité. Elle est bien faite, avec des détails étonnants sur une moto de tout-terrain. Une belle moto avec de belles pièces. Ça fonctionne. » Il n’en fallait pas plus pour filer la banane à nos deux créateurs qui avaient tout de même validé par euxmêmes la partie perf’ de cette machine à part grâce à leur expérience d’enduristes. Nous à MV, on valide ce genre de délire, même destiné à une bourse hors du commun. Caprice de star ou vision décalée, appelle ça comme tu veux, une chose est sûre : ça file du boulot à des passionnés. Le luxe à la française a décidément de beaux jours devant lui…

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 ??  ?? Concept esthétique et moto performant­e sur base Yamaha
450 WR-F, la LMTG Rally est une machine unique en son genre. Ou quand le monde du custom se heurte à celui plus du toutterrai­n…
Concept esthétique et moto performant­e sur base Yamaha 450 WR-F, la LMTG Rally est une machine unique en son genre. Ou quand le monde du custom se heurte à celui plus du toutterrai­n…
 ??  ?? En Action, Mika Metge s’est amusé comme un p’tit fou sur la LMTG Rally. Une moto de rallye light avec seulement 10 litres d’essence et le poids d’une grosse enduro. Braaap !
En Action, Mika Metge s’est amusé comme un p’tit fou sur la LMTG Rally. Une moto de rallye light avec seulement 10 litres d’essence et le poids d’une grosse enduro. Braaap !
 ??  ?? La « tour » de navigation vient de chez Drag’on, tout comme le disque de frein avant oversize de 300 mm.
La « tour » de navigation vient de chez Drag’on, tout comme le disque de frein avant oversize de 300 mm.
 ??  ?? La drôle de boucle de cadre AR en tubes d’inox renferme l’amorto Öhlins et supporte le silencieux Devil. Un compteur KMS donne des infos, juste au-dessous du réglage de traction control Get.
La drôle de boucle de cadre AR en tubes d’inox renferme l’amorto Öhlins et supporte le silencieux Devil. Un compteur KMS donne des infos, juste au-dessous du réglage de traction control Get.
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 ??  ?? Puissante et facile, la LMTG rally ravira son richissime propriétai­re, tout autant par ses perfs’ que par son caractère unique.
Puissante et facile, la LMTG rally ravira son richissime propriétai­re, tout autant par ses perfs’ que par son caractère unique.

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