L’éclat de rire du barbare
Sema Kaygusuz, Actes Sud, Arles,
2017, 224 p.
Des touristes turcs installés dans un motel sur la côte égéenne passent leurs journées entre farniente et règlements de comptes. Un incident vient troubler cette ambiance agréable et pesante à la fois. Qui, d’entre ces gens si bien élevés, commet chaque jour une telle infamie dans la buanderie ? Si ce troisième roman de Sema Kaygusuz se veut en apparence léger, il fouille dans les recoins de l’âme et de l’histoire d’un pays hanté par son passé. En ces temps de renforcement autoritaire, les lettres turques subissent de plein fouet le couperet de la censure. Jeune romancière issue d’une famille alévie, Sema Kaygusuz appartient à cette génération d’écrivains turcs entrés en résistance. Plusieurs fois primée à l’international, elle occupe une place de plus en plus singulière dans le paysage de la nouvelle littérature turque avec ses écrits engagés où la voix des minorités bâillonnées cohabite avec l’esthétique d’une écriture acérée.