Repères Algérie : Cartographie
En juillet 1962, une nouvelle nation naissait au sud de la Méditerranée. Après cent trente-deux années de présence coloniale française et une guerre sanglante (19541962), l’algérie devenait le plus grand pays d’afrique avec 2,38 millions de kilomètres carrés, dont le territoire présentait de prime abord de grandes inégalités, entre une côte peuplée et développée et un sud désertique et abandonné. Mais la géographie révéla des richesses en hydrocarbures uniques, permettant à l’algérie de financer un projet étatique socialiste. Plus d’un demi-siècle plus tard, ce modèle fait pâle figure : le pays apparaît comme bloqué, politiquement et économiquement.
• L’affaire du chasse-mouches
En avril 1827, un incident diplomatique constitue le point de départ, trois ans plus tard, d’une expédition militaire conduisant à la prise d’alger par la France (1). L’algérie – elle ne prit ce nom qu’en 1839 – est alors sous domination ottomane, dirigée par un dey. Au pouvoir depuis 1818, Hussein réclame à Paris le paiement d’une livraison de blé et perd patience en donnant un coup de chasse-mouches au consul français à Alger. Le Directoire répond en imposant un blocus de la côte algérienne ; un navire français est canonné. La France, qui cherche à concurrencer le Royaume-uni en Méditerranée, y voit l’occasion rêvée pour tenter sa chance dans le monde arabe. Le 18 mai 1830, 103 navires de guerre et 40 000 soldats partent de Toulon ; ils débarquent à Sidi-ferruch (Sidi-fredj) le 14 juin. Le dey d’alger capitule le 5 juillet. Quelque 3 millions de personnes, majoritairement rurales et habitant entre Oran, à l’ouest, et Constantine, à l’est, passent alors sous administration française. Les troupes se heurtent à l’opposition des tribus, tandis que la décision définitive de rester est adoptée en février 1834 sur ordonnance royale. Paris ne se limite alors pas à la côte et envoie des expéditions jusqu’au fin fond du Sahara avec la prise de Tamanrasset en 1910. Des campagnes de « pacification » se multiplient, avec l’usage de la force. Des révoltes éclatent, dont la plus connue est celle dirigée par Abdelkader ibn Mouhieddine (1808-1883), qui lutte entre 1832 et 1847. Le système colonial s’installe administrativement avec la création, en 1848, des départements français d’algérie (Oran, Alger et Constantine) et, en 1902, des Territoires du Sud, avec une représentation à la Chambre des députés et un gouverneur général. Toutefois, les autochtones ne deviennent pas citoyens et restent des sujets, malgré le fait qu’ils soient majoritaires – les Musulmans sont environ 9 millions en 1960, contre un million d’européens non musulmans.
De la guerre d’indépendance à la guerre civile : quelle démocratie ?
L’inégalité juridique, économique et sociale entre les populations installées en Algérie est l’une des principales causes du moteur nationaliste. La pauvreté, le chômage, le manque d’accès aux soins et à l’éducation conduisent différentes franges de la population algérienne musulmane, notamment parmi des individus ayant pu aller à l’université, à lutter pacifiquement contre l’idéologie coloniale. Les différentes mesures et les changements de statuts décrétés sur le tard par Paris n’arrivent pas à détendre une période marquée par la Seconde Guerre mondiale et des attentats « anti-français » en Algérie. Le massacre de Sétif, le 8 mai 1945, marque les esprits, et un régime qui perdure jusqu’aux événements de 1988, quand, dans un sursaut démocratique, le peuple appelle à la liberté. Le système s’ouvre, avant de s’engouffrer dans une longue guerre civile (1992-2002). Trente ans plus tard, l’exécutif algérien doit répondre aux attentes d’une population jeune et instruite : en janvier 2018, selon les données officielles, l’algérie compte 42,2 millions d’habitants, dont la majorité a moins de 35 ans ; le taux de chômage atteint 11,1 %, mal touchant surtout les femmes (19,5 %) et les 16-24 ans (26,4 %), alors que le pays possède 2,2% (2017) des réserves mondiales de gaz naturel. G. Fourmont