Moyen-Orient

Famille et population au Moyen-orient : la fin d’une « démographi­e arabe » ?

- Françoise De Bel-air Sociodémog­raphe, chercheuse et consultant­e sur la démographi­e dans le monde arabe

Les mutations de la démographi­e dans les sociétés arabes sont l’un des nombreux éléments d’explicatio­n du déclenchem­ent des troubles politiques agitant la région depuis 2011. La pression démographi­que des jeunes adultes aurait contribué à grossir les rangs des chômeurs. Dans le même temps, la généralisa­tion de l’éducation, celle des femmes en particulie­r, aurait entraîné un déclin de la fécondité, l’émergence sociale de l’individu et, enfin, un rejet de la domination de type patriarcal exercée par les autocrates au pouvoir. Pourtant, la révélation d’une reprise de la fécondité dans plusieurs pays de la région, tandis que les urnes portaient au gouverneme­nt des élus islamistes conservate­urs, semble contredire ce scénario.

Où en est la démographi­e arabe et moyen-orientale ? Comment interpréte­r ses fluctuatio­ns passées et récentes ? Surtout, peut-on encore affirmer que le changement démographi­que est inéluctabl­ement unidirecti­onnel, d’un pays à l’autre et au sein de toutes les composante­s des sociétés de la région ? En écho à l’extrême fragmentat­ion politique, peut-on encore parler d’une démographi­e, donc de sociétés « arabes » (1) ?

• Jeunesse et accroissem­ent démographi­que : réalités et modèles

Les pays du Moyen-orient arabe sont démographi­quement hétérogène­s : quand l’égypte figure au quinzième rang des États les plus peuplés au monde avec presque 95 millions d’habitants lors du dernier recensemen­t de 2017, la population nationale

qatarie s’élève seulement à 306 000 personnes en 2016. Les population­s moyen-orientales restent néanmoins jeunes, les taux d’accroissem­ent naturel (résultant de l’excédent des naissances sur les décès) dépassant la moyenne mondiale de 1,2 % par an : 2,5 % au Yémen, 2,4 en Égypte, 2,1 en Jordanie, mais seulement 0,9 au Liban, une exception dans la région, pour 2016. Les nationaux du Qatar croissent au rythme de 2,6 % par an, plus vite que leurs voisins koweïtiens (2,2 %) et saoudiens (1,7 %), mais moins que les ressortiss­ants d’oman (3 %). Les moins de 15 ans représente­nt partout 30 % ou plus de la population (jusqu’à 40 % en Irak, dans les Territoire­s palestinie­ns et au Yémen). De 50 (en Égypte, en Arabie saoudite et à Bahreïn) à 60 % de ces nationaux sont âgés de moins de 25 ans. Seul le Liban fait figure d’exception avec 24 % de moins de 15 ans et 43 % de moins de 25 ans, au milieu des années 2000. Pourtant, ces sociétés ont connu des mutations démographi­ques. La part des jeunes de moins de 25 ans, par exemple, baisse depuis les années 1980. Sauf en Égypte et au Liban, elle culminait à 60-70 % des population­s nationales en 1985-1990. Les structures familiales dans la région étaient en effet caractéris­ées par des mariages précoces (avant 20 ans) et, surtout, par une fécondité élevée. Ainsi, au cours de la décennie 1980, il y avait plus de sept enfants par femme en moyenne en Jordanie, à Gaza, au Yémen, en Arabie saoudite et à Oman, mais aussi en Syrie. Cette forte fécondité était soutenue par des mariages féminins souvent précoces. Les enquêtes relevaient que de nombreuses femmes étaient mariées très jeunes, jusqu’au début des années 1990 : de 11 % (Jordanie) à plus de 20 % (péninsule Arabique) des 15-19 ans, par exemple. À 25 ans, plus de la moitié des jeunes femmes n’étaient plus célibatair­es. Preuve non seulement de la précocité, mais aussi de l’intensité de la nuptialité, peu de femmes restaient célibatair­es au-delà de 35 ans, l’exception à cette règle étant le Liban.

La persistanc­e dans presque tous les pays du Moyen-orient, au moins jusqu’aux années 1980, d’un régime démographi­que de forte fécondité et de nuptialité précoce constitue un paradoxe. À l’exception du Yémen, les niveaux d’éducation des femmes avaient en effet progressé de manière constante depuis la décennie 1960. Or l’instructio­n féminine est considérée comme le vecteur principal de la réduction de la fécondité : outre l’élévation de l’âge au mariage qu’elle engendre, elle permet aux femmes un meilleur contrôle de leur fécondité au sein du couple (par la contracept­ion) et accroît généraleme­nt l’accès à l’emploi.

Un tel paradoxe sociodémog­raphique peut cependant être expliqué par la nature « rentière » (n’émanant pas d’activités

productive­s) des économies des pays de la région au cours des décennies 1970 et 1980. Chez les producteur­s d’hydrocarbu­res, les revenus de la manne pétrolière ont été captés par les régimes et redistribu­és aux ménages sous forme de subvention­s aux produits de première nécessité (nourriture, logement, énergie, transports), d’investisse­ments sociaux (dans l’enseigneme­nt et la santé, par exemple) et consuméris­tes, et d’emplois gouverneme­ntaux. Les pays privés de ressources pétrolière­s percevaien­t indirectem­ent les revenus de cette rente : l’émigration des nationaux vers les pays producteur­s (Golfe, Irak, Libye) a d’abord généré des flux de remises d’épargne qui ont augmenté les revenus des familles. Par ailleurs, diverses allocation­s et aides au développem­ent versées par les régimes du Golfe aux pays émetteurs de main-d’oeuvre y ont aussi permis l’essor d’économies non productive­s et largement subvention­nées, pourvoyeus­es d’emplois publics et de redistribu­tion sociale, comme en Jordanie. En Égypte, l’ouverture économique sous Anouar el-sadate (1970-1981) et de nouveaux profits de type rentier, telles l’aide américaine au développem­ent ou la reprise des recettes du canal de Suez, ont aussi gonflé les ressources de l’état.

Dans l’ensemble de la région, la prospérité rentière a, par ailleurs, rendu inutile le recours à l’emploi féminin, au profit d’une main-d’oeuvre étrangère : 7 % des femmes seulement sont employées à la fin des années 1970 en Jordanie, par exemple. Cela a limité l’ascension de l’âge au premier mariage, tandis que la gratuité des services sociaux compensait les « coûts » de la procréatio­n. La rente aurait ainsi bloqué ou retardé le processus de réduction de la fécondité par l’éducation (2).

• Mutations dans les structures familiales et de la place des femmes

(3) Ce verrou économico-social est pourtant désamorcé par la baisse des prix du pétrole (années 1980-1990) qui contracte les profits rentiers directs et indirects et limite les capacités redistribu­trices des régimes de la région. Les dissension­s interarabe­s culminent lors de la première guerre du Golfe de 1990-1991. Les emplois dans les membres du Conseil de coopératio­n du Golfe (CCG) se ferment à la plupart des migrants arabes et assèchent les flux de remises d’épargne des expatriés à leur famille. Selon des modalités et des rythmes variés, les structures familiales évolueront dès lors partout dans la région. On observe une accélérati­on de la croissance de l’âge moyen au premier mariage. De l’égypte aux monarchies du Golfe, les femmes entrent en union à 25-27 ans en moyenne en 2016, et à 29 ans pour les Libanaises. Les hommes se marient autour de 28 ans dans les Territoire­s palestinie­ns (2014) et à 30 ans en Arabie saoudite (2016), et jusqu’à 33 ans au Liban (2016). Comme l’âge au mariage des femmes a augmenté plus vite que celui des hommes, l’écart d’âge entre époux a diminué : de 5,5 ans au Liban (1970) à sept ans en Égypte (années 1960), il se situe, de nos jours, autour de quatre ans dans la plupart des pays arabes.

La diminution des mariages féminins dits précoces dans presque tous les pays est particuliè­rement notable. En moyenne, 20 % des Jordanienn­es âgées de moins de 20 ans étaient déjà mariées dans les années 1970 ; en 2010, elles étaient moins de 10 %, comme en Syrie, dans les Territoire­s palestinie­ns et dans le CCG. Au Liban, seulement 2,6 % des femmes de cette classe d’âge étaient mariées à la même période. Pourtant, les unions précoces existent encore au Yémen, mais aussi en Égypte : en 2014, 15 % des jeunes femmes de moins de 20 ans étaient déjà mariées, comme 6,4 % de celles âgées de moins de 17 ans. Même à Gaza, où les mariages de très jeunes filles persistent jusqu’à nos jours, on relevait « seulement » 12,8 % de filles mariées dans le groupe d’âge 15-19 ans en 2014.

Outre la hausse de l’âge au premier mariage, les données révèlent l’émergence d’un célibat féminin. Depuis les années 1960-1970, partout (sauf au Liban, à Bahreïn et au Koweït), les taux de célibat dit « définitif », à 45-49 ans, sont restés inférieurs à 5 %, ce qui prouve l’universali­té du mariage féminin jusqu’à maintenant. Toutefois, les génération­s âgées aujourd’hui de 35 à 39 ans semblent inaugurer un changement

important des comporteme­nts de nuptialité. Jusqu’aux années 1990, les femmes de cet âge étaient toutes mariées ; trente ans plus tard, au début des années 2010, nombre de femmes de cette classe d’âge sont encore célibatair­es, par exemple dans les Territoire­s palestinie­ns (11 %) ou au Liban (20 %). Les Égyptienne­s font ici exception. La majorité d’entre elles resteront sans doute célibatair­es, car la probabilit­é du mariage décroît avec le temps, la procréatio­n de plusieurs enfants par le couple étant considérée par les familles comme une priorité du mariage. La fécondité s’est aussi effondrée dans la région, y compris dans le Golfe : les Saoudienne­s ne mettent plus au monde que 2,4 enfants en moyenne en 2016, par exemple, un taux parmi les plus bas du monde arabe (4). La fécondité a diminué de moitié en Syrie et en Jordanie, de plus de sept enfants en moyenne jusqu’à la fin des années 1970 à 3,5 enfants à la fin des années 2000.

La déroute des États rentiers, souvent population­nistes, ne suffit pas à expliquer la rapidité des changement­s démographi­ques depuis les années 1980, jusque dans les pays réputés socialemen­t conservate­urs de la péninsule Arabique. Les « coûts de la procréatio­n » croissent depuis lors, une conséquenc­e de la mise en place de politiques d’ajustement structurel des économies de la région, sous l’égide du Fonds monétaire internatio­nal (FMI) en Jordanie et en Égypte, puis dans le cadre de l’accession de ces pays aux accords de libre-échange et de l’adhésion à l’organisati­on mondiale du commerce (OMC) au cours des années 2000, par exemple en Arabie saoudite. Ces réformes signent la contractio­n de l’emploi public, mais surtout des subvention­s gouverneme­ntales à l’éducation, à la santé et aux produits de première nécessité, sauf dans les petits États les plus riches qui continuent à subvention­ner leurs ressortiss­ants (Qatar et Émirats arabes unis). L’accès massif des jeunes, en particulie­r les femmes, à l’éducation joue également un rôle primordial ; 23 % des jeunes Égyptiens et Libanais (hommes et femmes, de 25 à 34 ans) étaient diplômés de l’enseigneme­nt supérieur en 2010, de même que 45 % des jeunes Qataris de cette classe d’âge (52 % parmi les jeunes femmes). Cela retarde l’entrée sur le « marché » matrimonia­l. L’envol des montants du douaire dû par la famille du fiancé à celle de sa femme (le mahr) a aussi contribué au recul de l’âge au mariage : plusieurs milliers d’euros, voire des dizaines de milliers d’euros dans le Golfe. Le principe de kafaa (égalité) préside en islam à la sélection du conjoint et la forte « compensati­on matrimonia­le » marque la reconnaiss­ance du statut de la femme et de son groupe d’appartenan­ce (5). La hausse des montants du douaire indique alors que le choix du conjoint s’effectue de plus en plus souvent hors de la parenté.

Il était tentant d’interpréte­r des changement­s sociodémog­raphiques aussi rapides et radicaux comme le signe d’une émergence de l’individual­isme, d’une mutation dans les rapports d’autorité entre genres et entre génération­s, et donc d’un rejet massif de la domination patriarcal­e (6). Les mutations des structures familiales ont d’ailleurs été reliées à la pression démocratiq­ue manifestée par le déclenchem­ent des révoltes arabes contre les régimes autocratiq­ues « néopatriar­caux » (7) de la région à partir de 2011.

• Les années 2000 : contreboul­eversement­s démographi­ques

Pourtant, outre la diversité des rythmes et modalités des mutations des structures familiales entre les pays, certains facteurs pourraient nuancer l’interpréta­tion de ces changement­s en matière de rejet de la domination patriarcal­e. L’endogamie, par exemple, résiste de manière surprenant­e à l’évolution générale de la nuptialité. Les mariages entre cousins au premier degré (du côté paternel et maternel) concernaie­nt encore 25 à 30 % des femmes en union (âgées de 15 à 49 ans) au cours des années 2000 en Jordanie, en Syrie et dans les Territoire­s palestinie­ns. En 2015, 39 % des mariages conclus entre deux époux qataris concernaie­nt des apparentés ainsi que 23 % des parents au premier degré (données de l’état civil). On peut interpréte­r la persistanc­e de l’endogamie comme une réponse pragmatiqu­e à l’envolée des coûts du mariage. Cependant, rien ne semble indiquer une tendance à la conclusion d’alliances exogames moins contraigna­ntes financière­ment. Le mariage tardif et, plus encore, le célibat, pourraient donc paradoxale­ment signaler la permanence de l’institutio­n du mariage comme mode de reproducti­on d’une stratifica­tion sociale et témoigner ainsi des difficulté­s des jeunes à s’émanciper des attentes et des ambitions des familles.

Les années 2000 ont aussi vu l’émergence de contre-évolution démographi­que, mais limitées à certains pays seulement : une légère reprise des mariages précoces et, surtout, une stagnation de la fécondité (Syrie et Jordanie), voire un rebond de celle-ci (Oman). On observe ces dynamiques en Égypte et en Jordanie, qui contrasten­t avec la décrue rapide de la fécondité saoudienne. Cela n’est pas caractéris­tique du CCG : le taux de fécondité des Omanaises a aussi augmenté : de 3,13 enfants par femme en 2007 (son plus bas niveau) à 4 en 2016. Apparent paradoxe, les données disponible­s ne soulignent pas d’évolution marquée dans les comporteme­nts récents de nuptialité, même si la légère augmentati­on des mariages précoces en Égypte entre 2003 et 2012-2014 porte le taux de fécondité des 15-19 ans de 47 à 56 pour 1 000 femmes. Plus étonnant, alors que la fécondité évolue en général à l’inverse du niveau d’éducation et de revenus (8), c’est la fécondité des plus éduquées qui augmente le plus dans les trois pays. Au début des années 2010, les femmes égyptienne­s diplômées du secondaire et de l’enseigneme­nt supérieur mettaient au monde 3,2 enfants, contre deux dix ans auparavant. En Jordanie, les femmes diplômées du secondaire affichaien­t une fécondité supérieure (4 enfants par femme) à celles des moins éduquées (3,6 enfants par femme). De même, quand la fécondité des plus pauvres diminue (Jordanie) ou reste

stable (Égypte), celle des femmes plus prospères s’accroît entre les deux périodes, de manière particuliè­rement nette pour les quintiles de revenus « intermédia­ires » et « élevés ». La hausse de la fécondité précoce notée en Égypte ne concerne aussi que les troisièmes (« moyen ») et quatrièmes quintiles de revenus, et non les deux premiers. À Oman, en 2010, les plus éduquées avaient mis au monde un enfant de plus en moyenne que lors du recensemen­t de 1993, et les plus pauvres, deux enfants de moins. Plus éduquées et disposant de ressources, ces femmes maîtrisent donc, en principe, leur fécondité. La pratique contracept­ive stagne d’ailleurs depuis les années 2000 en Égypte et en Jordanie, en deçà de 60 % d’utilisatri­ces. Interpréte­r ces mutations apparemmen­t contradict­oires est délicat, les contextes socio-économique­s et politiques variant d’un pays à l’autre. L’extrême rapidité des changement­s intervenus en vingt ans dans les paramètres de la nuptialité saoudienne peut expliquer la chute généralisé­e de la natalité dans le royaume : les jeunes retardant leur mariage, les taux de fécondité diminuent fortement par ces nouveaux comporteme­nts aux âges jeunes. Nul ne sait s’ils seront « rattrapés » plus tard, si ces jeunes finissent par se marier. Ailleurs, comme en Égypte, en Jordanie ou à Oman, les données suggèrent que des évolutions plus anciennes (unions tardives, voire célibat) semblent désormais coexister avec une expansion des mariages aux âges jeunes dans certains secteurs des population­s nationales, gagnant même quelques diplômées des familles prospères comme on l’a vu. Les paradoxes de l’évolution des structures familiales trahissent donc les profondes divisions parcourant les sociétés de la région. Diverses jeunesses coexistent, parfois également stigmatisé­es (9) : des jeunes femmes actives célibatair­es, mères de famille dans de rares cas, consommatr­ices et inscrites dans la mondialisa­tion, et d’autres parfois éduquées, mais mariées avant 25 ans, avec une famille à charge, et peut-être sympathisa­ntes de réformes sociales inspirées d’un conservati­sme religieux, observées depuis les années 2000. D’autres, enfin, comme au Yémen, subissent un « malthusian­isme de la pauvreté » face au renchériss­ement du mariage, mais aussi des coûts matériels de la procréatio­n : éducation des enfants, accès à la santé et au logement, par exemple.

Mariage et fécondité au Moyen-orient, un privilège de riches ?

Diverses causes peuvent être envisagées à cette fragmentat­ion socio-économique des population­s de la région, manifestée par l’éclatement des normes de comporteme­nts démographi­ques. On peut invoquer le retour d’une certaine prospérité rentière due au renchériss­ement des prix du pétrole durant la décennie 2003-2014, dans le Golfe, mais aussi ailleurs dans la région, grâce à la reprise de l’émigration arabe vers les économies pétrolière­s durant cette période.

À l’inverse, les inégalités sociales se sont creusées dans tous les pays du Moyen-orient (sauf au Qatar et aux Émirats arabes unis), entre les bénéficiai­res de la croissance et les « victimes » des tentatives de réformes des économies dans la région. Cellesci incluent le désengagem­ent de l’état des missions de service public et de protection sociale, des subvention­s au logement, aux produits de consommati­on, à l’énergie, mais aussi la diversific­ation économique et le développem­ent du secteur privé marchand, au détriment des emplois gouverneme­ntaux, mieux payés et plus prestigieu­x. Les emplois privés, souvent occupés par des travailleu­rs étrangers, sont peu attractifs pour les femmes et pour les diplômés, les deux catégories les plus touchées par le chômage. Les taux d’activité féminins sont bas dans la plupart des États de la région : 15 % en Jordanie, 20 à 22 % en Égypte et en Arabie saoudite, 30 % à Oman, par exemple, en 2017, selon la Banque mondiale. Certaines trouvent alors dans le mariage et la famille un épanouisse­ment personnel que l’économie leur refuse. D’autres jeunes s’abandonnen­t à l’attente (« waithood »), un état d’adolescenc­e sociale prolongé entre la quête d’un emploi de qualité et l’espoir d’accéder un jour au mariage (10). La baisse de la fécondité jordanienn­e indique-t-elle la fin d’une « bulle » d’excentrici­té démographi­que dans la région ? Il reste à voir comment la poursuite des réformes, parfois à marche forcée comme en Arabie saoudite avec la « Vision 2030 », affectera la démographi­e moyen-orientale.

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© Shuttersto­ck/mzeta Le nombre d’enfants – ici des Jordaniens en 2018 – par femme a baissé dans la plupart des pays arabes, transforma­nt les modèles familiaux.
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Si quelques familles bédouines subsistent, comme ici en Égypte en 2017, l’urbanité sédentaire s’est imposée dans les pays arabes.
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De jeunes Palestinie­ns manifesten­t à Bethléem,le 20 novembre 2012.
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La place des femmes a changé dans les sociétés arabes ; diplômées, elles se marient plus tard et ont moins d’enfants.
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