Bande dessinée
Zeina Abirached et Mathias Énard, Casterman, Paris, 2018, 344 p.
Quand deux grands connaisseurs et amoureux du Procheorient se rencontrent, cela ne peut donner qu’une oeuvre magnifique. L’écrivain français Mathias Énard et la dessinatrice libanaise Zeina Abirached, tous deux reconnus pour leurs travaux, ont croisé trois histoires pour en faire une seule : celle de l’afghanistan des années 1930, celle de la guerre à Alep, celle des réfugiés syriens à Berlin. Là, des liens amoureux se tissent, se construisent au-delà des souffrances. Avec son trait qui est le sien, en noir et blanc, Zeina Abirached accompagne l’érudition d’un Mathias Énard jouant avec les époques, l’astronomie ; de quoi amener le lecteur à une réflexion essentielle sur son temps, sur l’importance des sentiments. Retenons par exemple ce dialogue : « Je suis fatiguée. Je me noie », « Je te retiens. Je suis là », prononcé après avoir brodé un poème d’amour sur la Lune. Une humanité rare et qui fait du bien !