Éditorial
EEn 1964, deux ans seulement après la crise des missiles de Cuba, le réalisateur américain Stanley Kubrick sort en salles son désormais célèbre Docteur Folamour, avec comme sous-titre : Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe. L’histoire d’un général fou lançant une attaque nucléaire sur L’URSS renvoie aux enjeux de la guerre froide d’alors, et le spectateur, plus d’un demi-siècle plus tard, ne peut qu’être tenté d’imaginer l’actuel président des États-unis, Donald Trump, le doigt prêt à appuyer sur le bouton rouge pour se débarrasser des « diaboliques » Iraniens. Et sans que personne puisse l’en empêcher…
Toute comparaison gardée, tenons-nous-en au droit et aux leçons de l’histoire. Les bombardements des villes japonaises de Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945, restent un traumatisme majeur pour l’humanité tout entière. Comment imaginer qu’un tel scénario puisse se réaliser à nouveau ? Certains diront que les attentats du 11 septembre 2001 sont une abomination à laquelle personne n’avait pensé, mais une explosion nucléaire en plein coeur du Moyen-orient ?! Soyons raisonnables. Même Donald Trump ne serait pas si fou. D’autant plus que les conséquences économiques et politiques d’une telle frappe seraient catastrophiques dans une région encore en crise depuis l’invasion de l’irak en 2003 et les « printemps arabes » en 2011.
Certes, la République islamique d’iran semble menaçante, tant pour ses voisins qu’envers sa propre population. Une situation que n’a fait qu’aggraver le retrait unilatéral des États-unis de l’accord de 2015, tandis que l’option militaire apparaît comme un garde-fou pour négocier et maintenir l’équilibre des forces, comme au bon vieux temps de la guerre froide. Mais il ne faudrait pas surestimer la puissance que le nucléaire donne à un pays sur la scène internationale : posséder l’arme atomique permet de sanctuariser un territoire, mais ne transforme pas forcément son détenteur en grande puissance.
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