Puissance khat : Vie politique d’une plante stimulante
Céline Lesourd, PUF, Paris, 2019, 400 p.
Le public qui s’adonne à la mastication du khat reste circonscrit à ses zones de production ou à leurs communautés yéménite, éthiopienne, somalienne, kényane, djiboutienne en situation d’émigration. Des champs aux étals, le commerce de cette plante psychotrope, cultivée depuis des siècles dans la Corne de l’afrique, irrigue de nombreux secteurs de ces sociétés ; ses pérégrinations formelles et informelles font l’objet de contrebande, de législations, d’interdictions. Au Yémen, le khat représente un « danger addictif pour l’économie », soit un tiers du PIB. Anthropologue, Céline Lesourd a conduit ses recherches auprès de vendeuses en Éthiopie. Vendeuses, car ce commerce revient aux femmes et est auréolé de beaucoup de fantasmes et de puissance. Et l’auteur de décrire les enjeux de production, de consommation et de transport de cette plante vue comme une drogue, mais que mastiquent au moins 20 millions de personnes à travers le monde, faisant fi des prohibitions et des contrôles. L’auteur décrit les plaisirs masculins de la mastication dans les lieux réservés (mabraz), les berceaux de plantation, les enjeux identitaires et les distinctions de classe, etc.