Libye : terre de mercenaires, zone d’influence russe
Le 9 septembre 2019, des avions de combat sans pilote Bayraktar TB2, de fabrication turque, bombardent des positions des forces du maréchal Khalifa Haftar dans la région de Qsar ben Gachir, près de Tripoli. C’était l’une des nombreuses opérations menées depuis avril de cette même année contre l’homme fort de Libye qui tentait alors de prendre la capitale. Selon le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, une dizaine de mercenaires russes appartenant à la compagnie privée de sécurité Wagner, proche du Kremlin, ont péri, rappelant le soutien de Moscou à l’armée nationale libyenne (ANL) dirigée par Haftar.
Selon Grzegorz Kuczynski, expert reconnu des questions russes au Warsaw Institute, en Pologne, l’afrique est devenue « un immense champ de bataille entre la Russie et l’occident, engagés dans une sorte de nouvelle guerre froide, mais cette fois avec l’argent au-dessus des idéologies » (1). « Considérant la dramatique situation économique de plusieurs pays d’afrique et le coût financier relativement faible de l’octroi d’aides à certains régimes, il n’est pas étonnant que Moscou soutienne de plus en plus de pays du continent. De plus, les dirigeants savent que la Russie ne leur demandera pas de comptes sur la démocratie ou les Droits de l’homme », ajoute-t-il.
Ce retour de la Russie en Afrique remonte à 2015, peu après l’entrée en vigueur des sanctions internationales prises en réaction au conflit en Ukraine et à l’occupation de la Crimée. Ainsi, entre 2015 et 2016, le commerce entre la Russie et l’afrique est passé de 3,4 milliards à 14,5 milliards de dollars ; la vente d’armement et la privatisation de la guerre se présentent alors comme les