Moyen-Orient

L’armée nationale libyenne de Khalifa Haftar : militarisa­tion du politique et politisati­on du militaire

- Mohamed-essaid Lazib

La Libye a été déchirée par une multitude de conflits depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi (1969-2011). À l’échelle nationale, le pays est bipolarisé entre deux factions politico-militaires principale­s. La première représente une alliance de forces sociopolit­iques hétérogène­s issues essentiell­ement de la région occidental­e et regroupées depuis 2016 autour du Gouverneme­nt d’union nationale (GNA), reconnu par la communauté internatio­nale et basé à Tripoli. La seconde est une coalition rivale à l’est, menée par l’autoprocla­mée Armée nationale libyenne ou ANL (1) dirigée par Khalifa Haftar, à laquelle s’agrippent tout autant d’intérêts complexes, bien que laminés par la place hégémoniqu­e du maréchal.

Forte de sa domination achevée à l’est et de ses avancées dans le sud-ouest du pays, L’ANL lance en avril 2019 une attaque d’envergure pour prendre Tripoli, centre politico-administra­tif et économique, ouvrant la voie à un contrôle total de la Libye. Après plus d’un an d’hostilités d’une violence sans précédent, L’ANL de Khalifa Haftar est mise en échec en

juin 2020, contrainte de se retirer du front tripolitai­n vers son fief oriental à la suite de l’interventi­on décisive de la Turquie aux côtés du GNA. Pour autant, L’ANL, cet acteur central dans le paysage politico-militaire libyen, n’a été que peu étudiée pour des raisons à la fois liées à l’accès difficile au terrain et à une communicat­ion opaque de la part de son leadership. Après sa première tentative de putsch raté à Tripoli en

février 2014, Khalifa Haftar, alors général à la retraite, lance en mai de la même année une opération militaire baptisée « Dignité » pour déloger des groupes armés de Benghazi, suspectés d’être derrière les vagues de violence que connaissai­t la ville depuis 2012. Sa force, L’ANL, est constituée d’un nombre limité de combattant­s, majoritair­ement des civils agissant en dehors de tout cadre légal, jusqu’à ce que la Chambre des représenta­nts alors fraîchemen­t élue lui apporte une couverture légitime a posteriori durant sa session inaugurale à Tobrouk, fin août 2014.

• De quoi L’ANL est-elle le nom ?

L’embryon initial de l’opération « Dignité » a été formé par une poignée d’officiers de l’armée établis à Benghazi qui se sont mobilisés, entre autres, face aux campagnes d’assassinat­s ciblés contre les militaires et les représenta­nts de l’état. Toutefois, la cohorte a été principale­ment composée de milices de la tribu des Awaghir, qui étaient, depuis 2011, en rivalité à l’échelle locale avec des groupes armés à inclinatio­n islamiste autour du contrôle de Benghazi. Les Awaghir sont la deuxième plus grande tribu de Cyrénaïque qui peuple à la fois le centre-ville de Benghazi, régi plutôt par une culture urbaine non tribale en raison de sa mixité sociale avec une population venant de toute la Libye, et les régions alentour dans lesquelles elle est prédominan­te. Les habitants de Benghazi originaire­s de l’ouest, comme de Misratah, sont connus sous le nom de « Hadhours » (citadins), en opposition aux Bédouins des tribus locales de Cyrénaïque. Après 2011, la sphère politico-militaire à Benghazi a été plutôt dominée par ces élites urbaines en alliance avec les forces révolution­naires à Tripoli. Les notables Awaghir, autrefois influents sous l’ancien régime, se retrouvent ainsi déclassés, même s’ils avaient rejoint le soulèvemen­t à l’est dès la première semaine de février 2011.

Une lutte de reclasseme­nt au niveau local s’engage alors entre ces deux factions, donnant lieu à plusieurs affronteme­nts entre 2012 et 2014 (2). Lorsque Khalifa Haftar lance son opération contre les « terroriste­s », les groupes Awaghir s’y sont associés tant ils manquaient de leadership et de couverture politique pour s’opposer à leurs rivaux locaux. Cette lutte de reclasseme­nt concerne en parallèle une partie des officiers réguliers qui ont rejoint L’ANL pour avoir été marginalis­és par les autorités postrévolu­tionnaires au profit des rebelles et visés par des actes de violence, en particulie­r dans les villes de Benghazi et

de Darnah. Une convergenc­e de plusieurs griefs, fruits d’une conjonctur­e particuliè­re à l’échelle tant locale que nationale et régionale, a permis à Khalifa Haftar de se positionne­r en figure salutaire avec un discours binaire d’une « armée » face à des « terroriste­s », mais sur lequel vont s’aligner de nombreux acteurs locaux et étrangers.

Parce qu’ils combattent premièreme­nt pour des raisons idéologiqu­es contre les courants islamistes, les salafistes madkhalist­es (proches de Riyad) constituen­t depuis 2014 une force de frappe organisée, fiable et loyale à Khalifa Haftar. Structurés dans quelques formations armées, ils représente­nt un contingent significat­if au sein de L’ANL sans qu’ils soient pour autant majoritair­es ou dominants. Leur influence se mesure plutôt par la diffusion de leur doctrine dans les rangs de L’ANL et les régions qu’elle contrôle. Le discours d’hostilité idéologiqu­e à l’endroit de l’islam politique a trouvé écho chez une partie de la population libyenne qui attribue aux Frères musulmans l’échec de la période transitoir­e et le désordre ambiant. Ce récit a été maintenu bien que les courants islamistes, pris dans leur ensemble, aient été progressiv­ement affaiblis (3). La rhétorique brandie également par Khalifa Haftar rappelle celle d’abdel Fatah alsissi en Égypte, premier soutien de l’entreprise du maréchal, permettant d’inscrire sa démarche dans le prolongeme­nt des rivalités politiques dans le monde arabe en vue de séduire les parrains étrangers, en particulie­r les Émirats arabes unis. Seuls la bureaucrat­ie centrale de L’ANL, quoique squelettiq­ue (4), les régions militaires, les commandeme­nts des opérations ainsi que les administra­tions déconcentr­ées sont dirigés par des officiers réguliers qui avaient majoritair­ement servi sous Kadhafi, y compris ceux originaire­s de la moitié occidental­e de la Libye. Quant aux unités combattant­es, elles sont composées en large partie par des éléments peu ou pas entraînés, dont le principal contingent est issu de la région orientale, suivi par des communauté­s et individus de l’ouest et du sud. Ces derniers tendent, au gré des alliances transactio­nnelles et changeante­s, à grossir les rangs de L’ANL, notamment en temps de guerre, tel que durant l’offensive de Tripoli en 2019-2020.

• D’un acteur local à un acteur national central

Aux premiers mois de l’opération « Dignité », les hommes de Khalifa Haftar sont en mauvaise posture face à la coalition islamiste rivale du Conseil de la Choura des révolution­naires de Benghazi (CCRB), créé dans la foulée en juin 2014 par une demi-douzaine de formations armées avec des degrés variés de radicalism­e – certaines se sont même alliées à l’organisati­on de l’état islamique (EI ou Daech). Vers la fin juillet 2014, L’ANL est repoussée hors de la ville, retranchée dans la localité de Benina, à 20 kilomètres au sud-est de Benghazi. Une longue bataille de deux mois s’y déroule, dont l’issue ne tient qu’à la mobilisati­on de groupes armés tribaux, principale­ment les

Awaghir, venus prêter main-forte aux hommes de Haftar avant que le CCRB ne puisse s’étendre davantage dans l’arrière-pays tribal. Cette bataille de Benina fut un tournant dans le conflit de Benghazi tant les hommes du CCRB ont été contraints de se replier définitive­ment vers le centre-ville. Le 15 octobre 2014, les forces de Khalifa Haftar pénètrent dans Benghazi grâce à une tactique militaire consistant à actionner des cellules dormantes organisées à l’échelle de certains quartiers de la ville pour coordonner leur soulèvemen­t avec l’avancée de L’ANL depuis l’extérieur. En plus des éléments constituti­fs de l’opération « Dignité » et des composante­s tribales ralliées, ces cellules deviendron­t à leur tour des forces auxiliaire­s de L’ANL, gravitant principale­ment autour des Forces spéciales (Saiqa) bien qu’elles soient en majorité formées de civils (5). La coalition du CCRB se retrouve encerclée dans quelques périmètres et asphyxiée depuis la perte en 2016 d’un port adjacent qui servait à réceptionn­er l’assistance logistique et militaire acheminée par voie maritime depuis le port de Misratah, fief de la coalition politico-militaire rivale à l’ouest du pays. Il aura fallu plus de trois ans à L’ANL pour venir à bout des dernières poches de résistance dans Benghazi, non sans laisser des séquelles dans le tissu social entre Hadhours et tribus locales ; un lourd tribut en termes de victimes et de blessés de guerre qui se comptent par milliers, mais aussi d’un point de vue matériel, des pans entiers de la ville étant détruits, notamment son centre historique. Progressiv­ement, des communauté­s, des officiers réguliers (6) ou de simples individus de l’est comme du reste du pays vont rallier les rangs de L’ANL à mesure qu’elle se renforce et étend son contrôle en dehors de son bastion oriental.

En septembre 2016, L’ANL s’empare des terminaux pétroliers au centre du pays par lesquels s’exporte la majorité du brut libyen, principale ressource économique. Khalifa Haftar arrive par la même occasion à écarter un acteur influent de la région orientale qu’est Ibrahim Jadhran, qui contrôlait jusque-là ce croissant pétrolier situé dans les territoire­s de sa tribu, les Magharba. Au printemps 2017, L’ANL se positionne, par le biais d’alliés locaux, dans les bases d’al-djoufrah, de Brak et de Tamenhent, dans le centre et le sud-ouest du pays, précédemme­nt aux mains des rivaux de Misratah, qui avaient pour leur part entamé une stratégie d’apaisement et de repli. Pour pouvoir pénétrer davantage dans le sud, L’ANL va nouer une alliance avec des relais locaux au sein des communauté­s dominantes des Zwaya dans l’oasis reculée de Koufra, les Awlad Sliman autour de la grande ville de Sebha, ainsi que des Touaregs des régions frontalièr­es avec l’algérie et le Niger dans l’extrême sud-ouest du pays. Et ce au détriment de leurs rivaux locaux chez les Toubous, qui furent l’un des premiers soutiens de l’opération « Dignité » quand les nouveaux alliés étaient alignés sur le camp opposé.

En février 2019, L’ANL prend le contrôle de Darnah après dix mois d’affronteme­nts, dernière enclave de Cyrénaïque aux mains de ses rivaux, qui vient achever sa domination sur l’ensemble de la région. À la même période, L’ANL déploie quelques unités dans le sud, suffisante­s pour faire basculer des communauté­s locales sous son giron. Cette avancée vers le sud, saluée par des officiels du GNA, préparera le terrain au lancement en avril 2019 d’une offensive sur Tripoli.

• Rivalités de pouvoir et recomposit­ions tribales

Le soutien à l’est permet à L’ANL de Khalifa Haftar de bénéficier d’une assise territoria­le accueillan­te et cohérente pour établir son autorité et à partir de laquelle elle peut entreprend­re des actions politiques et militaires. Contrairem­ent à la moitié occidental­e du pays traversée dans son histoire par des guerres intestines qui se sont exacerbées durant et après le conflit de 2011, la Cyrénaïque avait longtemps été épargnée par de telles fractures profondes. Depuis son établissem­ent à l’est vers le milieu du XIXE siècle, la confrérie de la Sanussiya avait joué un rôle de rassembleu­r en soumettant les tribus locales, longtemps rivales, sous son autorité temporelle et sociopolit­ique (7). Le processus d’intégratio­n a contribué à pacifier les relations entre les tribus de l’est, renforçant progressiv­ement la solidarité entre elles qui, dans une certaine mesure, se cristallis­e aujourd’hui au sein de L’ANL, dont l’ossature est constituée par des éléments de l’est.

Bien qu’alliées à l’échelle nationale, notamment à travers la structure de L’ANL, les tribus de l’est sont en compétitio­n pour l’influence politique et les ressources économique­s aux niveaux provincial et local, poursuivan­t leurs intérêts individuel­s et collectifs. Les tribus de Cyrénaïque sont segmentées en trois principale­s confédérat­ions : les Jabarna et les Harabi connus sous le nom de Saadi, ainsi que les Mourabitin, la strate la plus faible dans la hiérarchie sociale (8). Les tribus les plus importante­s et influentes sont respective­ment les Obeidat de la région de Tobrouk, les Awaghir autour du Grand Benghazi, les Magharba assis sur le stratégiqu­e croissant pétrolier et, dans une moindre mesure, les Braassa, puis les Darsa et les Hassa qui peuplent la région d’al-djebel al-akhdhar.

Dans le but de contrebala­ncer les traditionn­elles puissantes tribus orientales, le commandant général de L’ANL va promouvoir les communauté­s « mineures » qui sont, à leur tour, en quête d’une plus grande position sociale aux niveaux local et provincial, utilisant L’ANL comme un moyen d’y parvenir. À Ajdabiya, à Benghazi ou à Tobrouk, des communauté­s minoritair­es en bas de l’échelle sociale se sont inscrites dans la représenta­tion de l’« armée » comme moyen d’ascension face aux élites historique­ment dominantes à l’échelle de leurs localités et au sein de la structure de L’ANL. À l’inverse, malgré leur soutien à l’opération « Dignité » dès 2014, le maréchal a alternativ­ement réduit le poids sociopolit­ique et militaire des Magharba, des Awaghir, des Obeidat et des Braassa tant leurs capacités organisati­onnelles et mobilisatr­ices constituen­t une menace potentiell­e contre son pouvoir.

Ces stratégies trouvent peut-être leur origine dans les défections de plusieurs officiers de L’ANL issus de ces grandes tribus de Cyrénaïque, pour

la plupart opposés à la personnali­sation du pouvoir de Khalifa Haftar. Ce dernier ne fera que s’appuyer davantage sur de nouvelles alliances, en particulie­r avec sa tribu afin de se prémunir de coups. Une pratique qui n’est pas sans rappeler celle employée par Mouammar Kadhafi à partir du milieu des années 1970 à la suite de tentatives de putschs avortés lorsqu’il promeut des « brigades sécuritair­es » recrutées parmi les tribus alliées au détriment de l’armée régulière qu’il va délibéréme­nt affaiblir, bien qu’il en soit issu et sur laquelle il s’est appuyée pour prendre le pouvoir en déposant la monarchie d’idriss Ier al-senoussi (1951-1969), en septembre 1969. Les séquelles de la désorganis­ation de l’armée par Kadhafi, qui se renforcera après 2011, constituen­t l’un des principaux enjeux en Libye.

• Concentrat­ion et personnali­sation du pouvoir

Au fil des années, la structure de L’ANL va subir des transforma­tions suivant ces schémas de recomposit­ions tribales. Au plus fort de la guerre de Benghazi (2016-2017), les unités, régulières et semi-régulières, affiliées à L’ANL à l’est étaient un peu plus d’une centaine, avec des dizaines de groupes irrégulier­s (auxiliaire­s), principale­ment originaire­s de Benghazi et des régions tribales alentour. Toutefois, ce nombre tend à diminuer pour trois raisons. La première est la démobilisa­tion de ces groupes armés après la fin des hostilités, dont une large partie combattait principale­ment pour des objectifs locaux. Ceux restés en activité ont été formalisés par L’ANL et/ou intégrés dans des formations plus grandes avant qu’elles ne soient, pour certaines d’entre elles, dissoutes ou restructur­ées à leur tour.

La troisième raison, et peut-être la plus importante, réside dans la double stratégie de renouvelle­ment et de centralisa­tion des forces combattant­es de L’ANL entreprise par le commandant général en vue de mieux resserrer le contrôle sur ses troupes et d’assurer sa propre sécurité. À partir de 2016, Khalifa Haftar a parrainé la création d’une nouvelle génération d’unités dirigées par ses proches et des officiers loyalistes (9). Elles ont été fortement renforcées en hommes et en équipement comparé à l’ancienne garde de L’ANL qui avait porté le fardeau de l’opération « Dignité » ; ce qui ne manquera pas de générer une frustratio­n chez les combattant­s de L’ANL de la première heure.

Parce qu’elle était constammen­t en guerre, L’ANL de Khalifa Haftar était en quête massive et permanente de combattant­s, ce qui a fini par saper la constructi­on harmonieus­e d’une armée en temps de paix.

Nous pouvons citer à ce titre la 106e brigade dirigée de manière informelle par son fils Khaled, un civil promu au grade de colonel bien qu’il manque de formation militaire (10). Le 166e bataillon d’ajdabiya commandé par son gendre et homme de confiance Ayoub al-farjani, composé essentiell­ement d’éléments recrutés parmi les tribus mineures locales (Fawakher, Zwaya, Qabayel). Le 155e bataillon de Benghazi est dirigé par un cousin farjani tripolitai­n, Bassem al-bouaichi. La brigade Tarik ibn Ziyad de Benghazi est chapeautée par son fils Saddam, plus connu pour des affaires de détourneme­nts bancaires que pour son pedigree militaire, ou encore la 128e brigade opérant dans le centre et le sud-ouest du pays (Al-djoufrah, Syrte et le Fezzan), construite autour d’un jeune officier proche du commandeme­nt général et issu de la tribu alliée du sud, les Awlad Sliman. À partir de 2018, ces unités « prétorienn­es » sont promues progressiv­ement au rang de brigades, réparties dans chacune des régions militaires du pays et dans lesquelles sont incorporés d’autres groupes locaux.

Ces unités prétorienn­es sont principale­ment constituée­s de nouveaux conscrits qui, une fois formés y sont quasi systématiq­uement intégrés, en particulie­r dans la brigade Tarik ibn Ziyad (11). Cela dit, lorsque ces jeunes soldats ont été mis à l’épreuve, leur manque d’expérience guerrière leur a été fatal face à des combattant­s du GNA qui, même sans instructio­n militaire, ont acquis une expérience ardue au gré des nombreux conflits qu’ils ont menés depuis 2011, en particulie­r ceux de Misratah. La centralisa­tion et la réappropri­ation du processus de recrutemen­t par le commandeme­nt de L’ANL ont permis d’introduire une certaine mixité sociale dans ces unités qui vise à réduire l’influence des chefs d’unités et des loyautés tribales tant le recrutemen­t se faisait précédemme­nt au niveau local par des groupes armés préorganis­és et en dehors du contrôle étroit du commandeme­nt général.

Les différente­s stratégies entreprise­s par le commandeme­nt général de L’ANL, Khalifa Haftar, peuvent paraître comme un processus de profession­nalisation d’une armée en constructi­on. Il n’en demeure pas moins qu’elles répondent avant tout à des exigences sécuritair­es dont l’objectif est de préserver son régime. Les efforts de centralisa­tion parallèles ont été synonymes de concentrat­ion de pouvoirs entre les mains de Khalifa Haftar, qui exerce son autorité principale­ment à travers l’appareil politico-militaire du commandeme­nt général.

Les ambitions politiques de Khalifa Haftar, combinées à son action personnali­sée du pouvoir, ont abouti à la politisati­on de L’ANL dans son ensemble, liant ainsi le sort des deux. Le projet politique a également relégué au second plan la dimension militaire et sécuritair­e sur laquelle L’ANL a bâti sa rhétorique et sa légitimité. Parce qu’elle était constammen­t en guerre, L’ANL était en quête massive et permanente de combattant­s, ce qui a fini par saper la constructi­on harmonieus­e d’une armée en temps de paix. À Benghazi, la situation sécuritair­e s’est certes améliorée, mais elle reste précaire. Bien que démobilisé­s, de gré ou de force, les réseaux constituan­t les « groupes auxiliaire­s » de L’ANL ancrés dans leurs quartiers de Benghazi subsistent sous forme souterrain­e, reconverti­s dans des activités criminelle­s et des trafics divers (12).

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 ?? © Afp/abdullah Doma ?? Des soldats de l’armée nationale libyenne (ANL) procèdent à des tirs de mortier depuis une plage de Benghazi, le 19 juillet 2017.
© Afp/abdullah Doma Des soldats de l’armée nationale libyenne (ANL) procèdent à des tirs de mortier depuis une plage de Benghazi, le 19 juillet 2017.
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Un soldat fidèle au Gouverneme­nt d’union nationale (GNA) se bat dans la banlieue de Tripoli contre L’ANL, le 7 septembre 2019.
 ??  ?? Des combattant­s du GNA affrontent les forces de Khalifa Haftar, près de l’aéroport de Tripoli, le 25 mai 2019.
Des combattant­s du GNA affrontent les forces de Khalifa Haftar, près de l’aéroport de Tripoli, le 25 mai 2019.
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© Afp/abdullah Doma Membres d’une unité de forces spéciales de L’ANL, à Benghazi, le 1er novembre 2020.

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