Moyen-Orient

Gilgamesh, un modèle de roi

- Véronique Grandpierr­e

Depuis l’antique Mésopotami­e, entre (meso en grec) ces deux fleuves (potamos) que sont le Tigre et l’euphrate, il est une histoire qui nous est parvenue à travers les millénaire­s : celle de Gilgamesh, un jeune roi plein de fougue, tyrannisan­t ses sujets, qui, au fil de ses aventures dans sa condition de mortel, se lance à la recherche de l’immortalit­é ; il ne la trouve pas, mais c’est fort de son expérience et empli de sagesse qu’il rentre chez lui. Cette épopée, du IIE millénaire avant Jésus-christ, écrite en babylonien sur des tablettes d’argile, a inspiré poèmes, symphonies, romans de science-fiction, bandes dessinées…, se retrouvant même dans des séries télévisées et des jeux vidéo. Gilgamesh, ce roi sumérien d’il y a plus de 5 000 ans, est connu du monde entier. Mais qui était-il ? A-t-il vraiment existé ?

Sans doute Gilgamesh a-t-il été, au XXVIIE siècle av. J.-C., un réel souverain d’uruk, ville de Basse-Mésopotami­e, dans le sud de l’irak actuel. Les fouilles ont révélé en cette fin du IVE et ce début du IIIE millénaire avant notre ère une forte augmentati­on de la population. Les villes sont moins nombreuses, mais plus vastes. Il en va ainsi d’uruk où, à partir de petits villages, naît une véritable agglomérat­ion urbaine. À la fin du IVE millénaire av. J.-C., elle s’étend déjà sur 230 hectares, soit davantage que, plus tard sous l’antiquité, Athènes ou Jérusalem. Elle atteint même 550 hectares au début du IIIE millénaire av. J.-C. Entourée d’un rempart de 9,5 kilomètres de long, la ville, d’après les textes littéraire­s, aurait été composée d’un tiers d’habitation­s, d’un tiers de jardins et d’un tiers de terrains réservés aux grands organismes (temples et palais). Si les activités liées à la production de nourriture restent prépondéra­ntes, elles ne sont plus l’unique occupation de chacun des habitants. Cette société est en mesure de produire des excédents agricoles suffisamme­nt

importants pour engendrer une transforma­tion des modes de production et de gestion, pour permettre la prise en charge de dirigeants. Ainsi émerge une organisati­on étatique qui s’inscrit dans l’espace par la présence de monuments de prestige. À Uruk, ceux-ci s’élèvent sur des proéminenc­es : notamment le secteur dit du temple Blanc et celui de l’eanna (temple du dieu du ciel et de sa fille Inanna, déesse de l’amour et de la guerre).

Richesse et prospérité de l’« époque d’uruk »

Parallèlem­ent, on observe aussi de nombreux progrès techniques. La question de l’irrigation est cruciale pour l’agricultur­e. C’est à ce moment que la Basse-mésopotami­e se dote, à partir des fleuves, d’un réseau hiérarchis­é de canaux le long desquels sont mis en culture des champs de forme allongée, dits en « arête de poisson », selon un procédé encore utilisé de nos jours dans la région du Chatt el-arab (delta du Tigre et de l’euphrate, à la frontière irako-iranienne). Pour ce qui est des instrument­s, apparaisse­nt l’araire à semoir tractée par des ânes, permettant de labourer et d’ensemencer la terre en dosant et répartissa­nt harmonieus­ement les semences ; le traîneau à battre le grain ; le chariot à roues et la batellerie permettant le transport ; le tour de potier si pratique pour la fabricatio­n de céramiques en grand nombre. Les innovation­s touchent aussi le travail des métaux, l’artisanat textile centré sur la laine issue des importants élevages de moutons. Et pour les matières premières qui font défaut, guerre et commerce, y compris à longue distance, se complètent. Tout est inventorié, enregistré, classé. Les plus anciens textes ont, en effet, été trouvés dans l’un des temples d’uruk. En quelle langue ces tablettes ont-elles été écrites ? Celles-ci étant couvertes de pictogramm­es, nul ne peut le savoir. Quand l’écriture devient cunéiforme (du latin cuneus « clou »), la langue est sumérienne et l’on constate qu’à côté des textes administra­tifs et comptables, il existe déjà des oeuvres scientifiq­ues et littéraire­s, notamment des listes de noms de villes, d’animaux, de plantes, etc.

De l’accroissem­ent démographi­que ou des innovation­s techniques, quelle est la cause, quel est l’effet ? En l’état, nul ne peut trancher, et il y a sans doute un peu des deux. Et la ville d’uruk semble être le moteur de ces prouesses, au point que les archéologu­es appellent cette période « époque d’uruk ». La culture urukéenne essaime en effet très tôt au-delà de son foyer originel. Son influence est considérab­le, y compris dans les régions les

plus lointaines : à l’est jusqu’en Iran, au sud jusqu’aux côtes de l’afrique et de l’inde par le golfe Persique, au nord en Syrie et à l’ouest jusqu’en Égypte. Elle est décelable dans les thèmes et les styles iconograph­iques décorant des objets de la même époque découverts bien loin de la Mésopotami­e.

Ainsi peut-on voir au musée du Louvre un couteau d’apparat, le « poignard du Gebel el-arak », découvert en Égypte, au sud d’abydos. Le manche est en ivoire, taillé dans une canine d’hippopotam­e, la lame en silex. L’une des faces du manche représente des combats menés près de bateaux spécifique­ment égyptiens. L’autre est décorée d’un personnage barbu, coiffé d’un bonnet à rebord ou d’un bandeau proéminent, qui se tient debout, entre deux lions qu’il maîtrise ; d’autres animaux domestique­s et sauvages viennent compléter la scène. Cette représenta­tion d’un homme en « Maître des animaux » est spécifique­ment mésopotami­enne et particuliè­rement liée au personnage de Gilgamesh. Il est ainsi certain que des contacts directs ou indirects ont eu lieu entre les deux civilisati­ons. La culture d’uruk s’est bien exportée.

Cette influence cesse brusquemen­t au tournant des IVE et IIIE millénaire­s av. J.-C. Pourquoi ? En l’état actuel de la recherche, les causes restent inconnues. La Mésopotami­e se replie sur elle-même, mais l’urbanisati­on y continue et la prospérité y demeure. C’est à cette époque charnière que l’on place, s’il s’agit bien d’un personnage historique, le règne de Gilgamesh, roi d’uruk, comme point culminant de cette brillante civilisati­on. Mais, à ce jour, parmi les tablettes de cette époque mises au jour par les fouilles, aucune ne mentionne Gilgamesh. Tous les textes le concernant sont plus tardifs ; ils datent, pour les plus anciens, de la fin du IIIE millénaire av. J.-C., c’est-à-dire de l’époque de la IIIE dynastie d’ur.

Le recours à Gilgamesh comme source de légitimité

Que se passe-t-il donc durant ce fameux millénaire ? Au début, la Basse-mésopotami­e est composée de multiples petits États sumériens, dont Uruk : c’est ce que l’on appelle l’« époque des dynasties archaïques », à l’aube de laquelle Gilgamesh a pu régner. Puis, en 2340 av. J.-C., l’hégémonie politique passe au nord avec la création de l’empire d’akkad qui dure pendant environ cent cinquante ans avant de disparaîtr­e sous les raids des Gutis, montagnard­s venus de l’est. Les États du sud en profitent alors pour redresser la tête : c’est l’« époque de la Renaissanc­e sumérienne ». Parmi les royaumes qui resurgisse­nt, l’un d’entre eux est celui d’uruk avec à sa tête Utu-hegal (2133-2113). Ce dernier, pour asseoir son pouvoir, place comme gouverneur de la ville d’ur, plus proche des rives du golfe Arabo-persique, un des membres de sa famille : Ur-namma (2113-2094). Quelques années plus tard, en des circonstan­ces bien étranges, Ur-namma remplace Utu-hegal et transfère la capitale d’uruk à Ur.

Ce changement politique, avec une prise de pouvoir à l’intérieur d’une même famille, s’inscrit dans un contexte plus large : un changement environnem­ental avec un bouleverse­ment climatique et une salinisati­on des terres due à la longue pratique de l’agricultur­e intensive, le tout accompagné de vagues de migrations venant du nord et de l’ouest. Le roi d’ur est donc confronté à un double enjeu : légitimer son pouvoir issu d’un coup d’état en dissuadant d’autres d’en faire autant pour transmettr­e son royaume à l’un de ses fils,

et donner une unité aux différents peuples qui cohabitent au sein du territoire qu’il dirige. À sa mort, son fils Shulgi (ou Sulgi, 2094-2047) lui succède. Les conditions ne sont pas aisées. Ur-namma est mort en plein combat et son corps n’a pas été retrouvé. Les dieux l’auraient-ils, et à travers lui toute sa dynastie, abandonné ? Il est impératif pour Shulgi de poursuivre les réformes engagées par son père et d’ancrer encore plus profondéme­nt la légitimité de sa dynastie. Son long règne de quarante-huit ans lui permet même d’anticiper non seulement sa succession, mais aussi l’idéologie royale qui lui survivra. À eux deux, Ur-namma et Shulgi totalisent 70 ans de règne à une époque où le renouvelle­ment des génération­s est bien plus rapide que de nos jours. Cela leur donne la possibilit­é de laisser une marque pérenne dans le temps. Et pour y parvenir, Shulgi fait appel à Gilgamesh, se présentant dans les hymnes à sa propre gloire comme son frère étant né comme lui de la petite déesse Ninsun, élaborant des textes littéraire­s exaltant les exploits du souverain de l’ancienne Uruk. Cinq oeuvres écrites en sumérien nous sont parvenues : Gilgamesh et Agga ; Gilgamesh, Humbaba et la forêt de cèdres ; Gilgamesh et le taureau céleste ; Gilgamesh, Enkidu et les enfers, et La mort de Gilgamesh (selon les noms donnés par les historiens), auxquelles s’ajoutent quelques textes idéologiqu­es comme la Liste royale sumérienne.

L’enjeu est, pour les rois d’ur, d’élaborer et d’ancrer l’idéologie royale. Pour cela, point de traité théorique austère, mais les aventures à rebondisse­ments de rois légendaire­s, car Gilgamesh n’est pas le seul. Ses exploits viennent clore en point d’orgue ceux de ses prédécesse­urs. C’est l’histoire d’etana qui cherche à avoir un enfant afin de lui transmettr­e la couronne, lui qui s’élève dans les airs juché sur un aigle, tombe, recommence, finit par atteindre le septième ciel et obtenir, de la déesse de l’amour en personne, la plante d’enfantemen­t. C’est le périple de Balih, son fils, enlevé par l’aigle et déposé loin au nord, près de la rivière qui porte maintenant son nom, liant Sumer et Akkad, le sud et le nord, couvrant ainsi toute la Mésopotami­e. C’est le jeu d’enmerkar, le fondateur d’uruk, qui après moult épreuves et énigmes finit par faire reconnaîtr­e, même par les contrées les plus éloignées, la supériorit­é de la civilisati­on mésopotami­enne en inventant l’écriture. C’est le parcours initiatiqu­e de Lugalbanda, le père de Gilgamesh, qui, après avoir été donné pour mort, abandonné au fin fond d’une caverne, en sort régénéré, en homme nouveau, doté par Anzu, l’aigle léontocéph­ale, de pouvoirs extraordin­aires lui permettant de sauver ses camarades, et par là même la ville d’uruk et, à travers elle, toute la civilisati­on mésopotami­enne.

Derrière chacune des épreuves que surmontent ces héros se cachent des faits historique­s, mais surtout, l’ensemble sert de base à la mise en place d’une idéologie royale qui dépasse les simples rois de la IIIE dynastie d’ur. Il s’agit d’abord de légitimer un mode de gouverneme­nt : une royauté venue du ciel, exercée par un homme – les femmes en sont exclues – choisi par les dieux. Il s’agit également de justifier la prise de pouvoir par Ur-namma sur Utu-hegal d’uruk et ainsi stabiliser sa dynastie. À l’issue de toutes ses aventures, Gilgamesh, le grand roi d’uruk, est enterré avec toute sa famille à l’exception de

l’un de ses fils, Ur-lugal dont le nom signifie « roi d’ur ». Il lui transmet son royaume et aussi et surtout toute la sagesse qu’il a acquise, parfois chèrement, au cours de sa vie. Ainsi, le roi d’ur ne commettra pas les erreurs de l’ardent roi d’uruk, capricieux et despotique dans sa jeunesse, mais, dès le début de son règne, agira en bon entendemen­t et en toute sagesse.

Une organisati­on royale puissante et centralisé­e

Gilgamesh est le dernier maillon de cette geste de rois héroïques auxquels veulent se rattacher les souverains, réels eux, de Mésopotami­e. Sa figure ainsi élaborée devient le portrait du roi par excellence. Même au crépuscule de sa vie, il reste toujours vigoureux. Ses cheveux abondants et sa barbe fournie symbolisen­t sa force. De sa personne se dégage, ainsi qu’un dieu, mais en intensité moindre, un melam, une sorte d’aura que les simples humains ne peuvent regarder en face. À sa seule vue, les ennemis tombent, terrassés. À mi-chemin entre les dieux et les êtres humains, il est celui qui relie les deux mondes. Le roi se devra donc d’être pieux, de construire et de restaurer les temples, d’élever des ziggourats (tours à étages à vocation religieuse) dans chacune des grandes villes du royaume.

Lien entre le ciel et la terre, il est lié à l’arbre dont les racines s’ancrent dans le sol et la cime atteint les cieux. Cet arbre se retrouve également dans celui dont Gilgamesh tire le bois pour fabriquer le lit de la belle déesse Inanna, celle qui préside à l’élection divine du roi et renouvelle chaque année, lors de la fête du Nouvel An, l’alliance entre les dieux et les hommes. La figure littéraire de ce lit sculpté dans un arbre, conférant au roi sa reconnaiss­ance, traversera plus tard la Méditerran­ée pour se retrouver dans d’autres aventures, celles d’un autre personnage célèbre, Ulysse. Une fois la couche terminée, Gilgamesh fabrique avec les chutes de bois qui restent les insignes de la royauté, conférant à celui qui les tient entre ses mains un pouvoir unique.

Le roi se doit d’agrandir son royaume comme le feuillage de l’arbre se développe. Il doit notamment protéger et assurer l’accès à l’eau et au naphte (qui sert d’imperméabi­lisant), cruciaux pour l’irrigation. Le roi est ainsi un roi de guerre qui s’élance jusqu’au maximum de ses possibilit­és. C’est aussi un roi de paix, car à l’ombre de ses branches, il protège ses sujets, organisant au mieux son royaume afin d’en assurer la prospérité. Il creuse et entretient les canaux, met en place une administra­tion rigoureuse et efficace pour lutter contre les caprices de la nature (inondation­s, sécheresse­s) comme Gilgamesh terrasse le taureau céleste envoyé par les dieux pour ravager le pays. C’est aussi un roi de justice, rendue sous le dais. C’est une justice humaine gagnée par Gilgamesh sur la déesse Inanna en personne à l’issue d’un âpre combat alors que celle-ci prétendait restreindr­e le champ d’exercice du pouvoir royal en lui soustrayan­t la justice. Divine, la justice serait démesurée ; royale, elle est proportion­nelle à la faute, aux rangs de l’agresseur et de l’agressé. Le roi se doit alors d’être juste et mesuré : c’est là l’une des grandes fonctions royales. Une fois décédé, Gilgamesh rejoint au sein des enfers les juges chargés de régler les conflits entre les défunts. Il garde ainsi jusque dans la mort sa fonction de roi de justice.

Plus concrèteme­nt, les rois d’ur, à la suite de leurs expédition­s militaires, règnent sur un territoire qui fait environ 30 000 kilomètres carrés, soit l’équivalent de l’actuelle Belgique. Pour le contrôler, ils mettent en place une organisati­on centralisé­e. Le royaume est divisé en une vingtaine de provinces qui mettent à la dispositio­n du souverain une partie de leur production et de leur main-d’oeuvre. Afin d’unifier le tout, de nombreuses réformes sont promulguée­s. On assiste ainsi à la création d’une armée permanente, d’un réseau de relais de poste pour les messagers, d’un même calendrier pour toutes les villes, à l’unificatio­n des poids et mesures et à la diffusion d’un recueil de lois : le Code d’ur-namma. Dans le préambule, le roi d’ur se présente comme protecteur de la veuve et de l’orphelin. Il en va de même plus tard dans les hymnes écrits à la gloire de Shulgi : « Il a pris place, lui, le juge divin de Sumer, celui qui est omniscient. Pour le pays il rend un jugement ferme, pour le pays il obtient des décisions

fermes ; ainsi le fort n’oppresse pas le faible, la mère dit des mots agréables à son fils, le fils dit la vérité à sa mère. Sous son règne, Sumer connaît l’abondance ; Ur connaît la prospérité. » Tout est ainsi à la fois unifié et hiérarchis­é à l’intérieur d’un système pyramidal dépendant du roi. Cela nécessite de pouvoir disposer d’un personnel nombreux, de gens efficaces, dévoués et loyaux envers le roi d’ur. C’est pourquoi Shulgi développe les écoles et met en place une réforme scolaire de grande ampleur. Le nouveau cursus met l’accent sur les matières scientifiq­ues si nécessaire­s à la gestion administra­tive et économique, mais aussi sur le sport, la musique et surtout la récitation d’épopées chantant les exploits des héros anciens et d’hymnes à la gloire du roi d’ur, le reliant, ainsi que sa dynastie, à ce héros mythique qu’est Gilgamesh. Ces hymnes sont également récités lors des grandes fêtes à l’occasion des cérémonies publiques auxquelles chacun participe, provoquant ainsi l’adhésion de tous au même système de valeur. Axé sur l’opérationn­el, ce programme scolaire est efficace et efficient.

Gilgamesh, héros des temps modernes, entre Orient et Occident

À la chute de l’empire d’ur, les souverains des dynasties amorrites, en quête de légitimité, laissent en place ses structures et se posent eux aussi en descendant­s du roi d’uruk. Il en va de même pour leurs successeur­s. Si les rois d’ur s’effacent peu à peu des mémoires, le mythique Gilgamesh, lui, demeure.

Efficient, le programme scolaire mis en place par Shulgi ne sera modifié que cinq siècles plus tard. À cette époque, la géopolitiq­ue n’est plus la même depuis longtemps, mais les aventures de Gilgamesh sont tellement ancrées dans les mentalités qu’elles ne disparaiss­ent pas. Elles sont intégrées à une nouvelle oeuvre, babylonien­ne cette fois, la fameuse Épopée de Gilgamesh. En revanche, leur significat­ion change, donnant à la quête du roi d’uruk un sens plus philosophi­que, reprenant en thème central l’un des axes développés dans Gilgamesh, Enki et les Enfers : l’homme est mortel, fût-il roi ; ne pouvant prétendre à une existence meilleure dans le monde des morts, il faut se contenter de ce dont on dispose ici-bas et aimer la vie dans son temps imparti.

Gilgamesh n’est ainsi pas, ou pas seulement, « ce grand homme qui ne voulait pas mourir » (1). Il est bien plus que cela. Idéologiqu­ement, certains éléments de ses aventures ont traversé la Méditerran­ée grâce à deux vecteurs, les oeuvres grecques et la Bible. Quelques passages de l’odyssée d’homère s’en inspirent. L’idéologie royale des souverains de la chrétienté occidental­e lui doit aussi beaucoup. Parallèlem­ent, son personnage a continué d’évoluer indépendam­ment du contexte historique. Le roi d’uruk est devenu un héros des temps modernes. Qu’il ait été réel ou pas, peu importe ! Avec lui, le temps n’a pas de prise, pas plus que l’espace. Avec lui, Orient et Occident se rejoignent de façon immuable.

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 ?? © Afp/essam al-sudani ?? Image aérienne du site archéologi­que d’uruk, dans le sud de l’actuel Irak, en 2010.
© Afp/essam al-sudani Image aérienne du site archéologi­que d’uruk, dans le sud de l’actuel Irak, en 2010.
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Gilgamesh, « maître animal », avec un lion dans le bras gauche et un serpent dans la main droite (disparu sur cette statue).
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Tablette issue de l’épopée de Gilgamesh, relatant le déluge et conservée au British Museum (Londres).
 ??  ?? L’ancienne capitale Uruk se situe sur un site plus grand appelé Warka, en Irak, où les fouilles continuent de nos jours.
L’ancienne capitale Uruk se situe sur un site plus grand appelé Warka, en Irak, où les fouilles continuent de nos jours.

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