LE MOYEN-ORIENT ET LE MONDE. L’ÉTAT DU MONDE 2021
Bertrand Badie et Dominique Vidal (dir.), La Découverte, Paris, 2020, 260 p.
Dans cette dernière édition de L’état du monde, les auteurs dressent un panorama exhaustif de la situation géopolitique d’une région considérée comme « hors normes », car elle serait un trait d’union rebelle, une marge, un espace d’affrontements permanents. L’analyse mêle une pluralité de points de vue (américain, russe, chinois, européen, africain) et propose plusieurs études de cas. Malgré une éphémère inscription dans la bipolarité de la guerre froide, les acteurs régionaux se sont émancipés de toute tutelle et résistent à tout alignement international. Puis l’effondrement total ou partiel des États a profité à la prolifération de milices, participant à la fragmentation. La grille de lecture s’est complexifiée, que ce soit au niveau de la production pétrolière ou de l’avènement de puissances régionales (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Turquie, Iran, Israël) qui modifie la donne internationale et marginalise la question palestinienne. Autre nouveauté, l’irruption de mouvements sociaux qui semblent s’installer dans un temps long au regard des blocages inhérents aux pouvoirs autoritaires en place. On observe ainsi une résurgence de formes nouvelles de conflictualité, dont la pérennité a transformé de nombreux pays de la région, qui n’échappe pas à l’épidémie de Covid-19, en « sociétés guerrières ».
Que savons-nous du passé ancien du Proche-orient, qui occupe de nos jours le devant de la scène médiatique ? Du Ier siècle avant notre ère au VIIE, ce « croissant fertile » enserrant des régions arides entre la Méditerranée et les eaux de l’euphrate mit en relation l’empire romain, dont il faisait partie, avec l’arabie, la Perse, l’inde et la Chine, et par lequel transitaient l’encens, la myrrhe, le poivre, les perles et la soie. Pourtant, vu de Rome, puis de Constantinople, cet ensemble pouvait sembler marginal. Paru dans la collection « Mondes anciens », qui a déjà abordé l’afrique, la Mésopotamie, la Grèce ou Rome, cet ouvrage déplace le regard du centre vers la périphérie, plaçant celle-ci au coeur de l’enquête. Il présente un Proche-orient inscrit dans la longue durée, de la création de la province romaine de Syrie à la conquête islamique. Avec près de 30 cartes grand format en couleur, il retrace l’évolution politique, culturelle et économique de ce vaste territoire, étudie ses rapports avec les autres régions du monde antique et restitue les pratiques et les acteurs de l’époque. Un ouvrage à avoir dans toutes les bibliothèques des historiens et spécialistes du Proche-orient.