Le pétrole et la transformation des sociétés du Golfe (XXE-XXIE siècles)
Depuis sa découverte dans le golfe Persique au début du XXE siècle, le pétrole est un puissant facteur de bouleversement des sociétés de la région. La rente a fait évoluer le système tribal vers un modèle d’« État rentier-providence » (1) qui s’est traduit par la disparition des communautés de marchands ou de pêcheurs et l’affirmation du secteur public. Le pétrole a aussi entraîné des transformations au niveau des pratiques sociales et culturelles. S’il a servi au développement et à l’équipement en infrastructures, une autre mission lui a ensuite été confiée : devenir le moteur d’une nouvelle société construite sur la base d’une diversification des activités, dans le cadre d’une économie mondialisée reposant sur les industries de pointe et les hautes technologies de l’énergie et de l’information.
Au milieu du XXE siècle, le pétrole devient l’élément déterminant de l’économie de la région, évinçant progressivement l’activité de la perle déjà en déclin et les secteurs traditionnels de la pêche et de l’agronomadisme. Dès 1935, Bahreïn commence l’exploitation du brut et investit massivement ses revenus dans le secteur éducatif et les infrastructures urbaines ; il présente dans les années 1950 un taux de scolarisation parmi les plus élevés des pays arabes. En quelques décennies, il passe d’une société rurale, où les villages conservaient une certaine autonomie, à un pays pétrolier où l’état tient une place affirmée. En 1941, la population vit encore majoritairement de l’agriculture ou de la pêche ; trente ans plus tard, 70 % est employée dans le secteur public. Au Koweït, après la Seconde Guerre mondiale, les autorités font pression sur les compagnies pétrolières pour s’engager plus fermement dans le secteur éducatif ;