Le Monde du Multicoque

Rubi, 40 ans de passion...

- François-Xavier de Crécy

Du fait de sa périodicit­é trimestrie­lle, le magazine que vous avez entre les mains a le privilège d’un certain recul sur l’actualité. Y compris, hélas, quand elle nous attriste. Bernard Rubinstein, l’ami Rubi, nous a quittés le 13 juin dernier, et c’est finalement une chance de pouvoir lui rendre cet hommage tardif. Avec moins d’émotion dans la voix mais pas moins de tendresse, et ce souvenir souriant qui finit toujours par éclore du deuil.

Rubi, figure tutélaire du milieu maritime, était journalist­e nautique depuis plus de quarante ans, ce qui signifie qu’il a côtoyé tous les grands – à commencer par Eric Tabarly, son mentor, qui l’embarque sur Pen Duick VI pour la Whitbread 1973. Il a ensuite assisté à l’émergence des multicoque­s dans la course au large, puis à leur prise de pouvoir symbolisée par l’arrivée triomphale de Mike Birch, lors de la Route du Rhum 1978, 98 secondes devant Michel Malinovsky. Il a connu Charente-Maritime, Royale, les géants de The Race et les acrobates de la classe Orma et s’il était lui-même issu du monocoque, il a appris à apprécier la croisière en cata et l’a largement prouvé dans les colonnes de Voile Magazine, puis dans celles du Monde du Multicoque.

Il a d’ailleurs été très impliqué dans la création de votre trimestrie­l et dans ses premiers reportages aux îles, de la Martinique aux archipels croates et jusqu’aux Tuamotu. De cette croisière Pacifique, il avait d’ailleurs rapporté un très beau papier à sa façon, où l’humain et la passion des bateaux prenait volontiers le pas sur les clichés polynésien­s… C’était ça, le journalism­e à la Rubi : le goût des autres, une insatiable curiosité et une passion dévorante. Une réelle exigence aussi dans sa façon d’essayer et de comparer les bateaux. Pas question de juger sur plan : tout se passe sur l’eau. Comme pour le Multi de l’année, à La Grande Motte.

Le jury où il siégeait en patriarche avait essayé toutes les nouveautés bord à bord avant de délivrer son verdict… De sacrés souvenirs et de sacrées leçons. Rubi nous manque déjà, mais il n’a pas fini de nous inspirer. Tout simplement parce que la passion, la curiosité et cette fameuse intransige­ance sont la substance même des magazines qu’il nous a légués. Charge à nous de ne pas trahir ce précieux héritage. Kenavo, Rubi !

Il a connu les géants de la course au large et du nautisme

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Avec le jeune Loïck Peyron sur le trimaran ORMA Fuji.
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