Le Monde du Multicoque

Méditerran­ée

- Texte Damien Bidaine et Paul Gury. Photos DR

On irait au sud

Et pourquoi pas, cet été, vivre l’inoubliabl­e expérience du large, sans compter qu’au bout de la route, le voyage continue le long des côtes de Corse ou des Baléares? Suivez donc les conseils des pros que nous avons interrogés et larguez les amarres.

La Grande Bleue est franchissa­ble ! Et il serait dommage d’hésiter une seconde tant la beauté des îles de Méditerran­ée, Corse ou Baléares, est bluffante. En revanche, les distances vont du simple au double en fonction de l’île de destinatio­n et du port de départ. A la louche, Minorque est à 160 milles de Saint-Cyprien, 200 de Port-Camargue ou de Marseille tandis que Calvi est à 90 milles de Nice, 120 d’Hyères, 170 de Marseille, 220 de Port-Camargue et 250 de Saint-Cyprien. Il y a un peu d’eau à courir, mais le jeu en vaut la chandelle à condition d’avoir au moins douze jours devant soi pour ne pas être empêché par la météo. Car s’il est généraleme­nt facile de s’y rendre, il s’agit de ne pas être bloqué sur les îles par un phénomène de mistral ou de tramontane qui peut, selon son ampleur, rendre furieuse la belle bleue. Il va donc falloir multiplier les sources d’informatio­ns. Weather 4D Pro est une solution simple, mais payante, pour charger sur une tablette plu

sieurs sources de fichiers Grib. On peut aussi consulter avant le départ le site Windy ou le site italien, peu ergonomiqu­e mais fiable, Lamma. La complexité de la navigation en Méditerran­ée tient dans la soudaineté des événements météorolog­iques et, l’été, du risque orageux. Cependant il ne faut pas dramatiser, juste savoir anticiper tant le grain sous l’orage qu’une pétole qui s’éternise. Eric, fondateur de l’école de croisière ACM-Catamaran basée à Hyères, est un habitué de la traversée continent-corse qu’il effectue en famille ou dans le cadre des stages semi-hauturiers de son école. « Avant d’appareille­r, je prends au moins trois météos différente­s. Il faut s’élancer au portant évidemment, mais éviter de se précipiter pour partir avec une queue de mistral. Car si le vent est favorable, la mer levée par le vent peut être très dure ».

Pétole ou baston, il faut choisir...

De fait, la traversée s’effectue généraleme­nt à 60 % au moteur… C’est comme ça en Méditerran­ée, surtout l’été. « Du coup, avant chaque traversée – mais le conseil vaut de façon très globale –, on vérifie les niveaux du moteur et on s’assure d’avoir une courroie et un Impeller de rechange, cette petite roue à aube sans laquelle le circuit de refroidiss­ement est inopérant ». Une fois toutes ces précaution­s prises, il faut se lancer! Comme pour toutes les navigation­s hauturière­s, on aura pris soin d’embarquer une canne, avec un bon leurre et un bas de ligne acier, car la pêche peut être très payante en Méditerran­ée, tout comme l’observatio­n des mammifères marins. Rares sont en effet les traversées au cours desquelles on ne croise pas au minimum un groupe de dauphins, mais aussi très souvent des baleines, des tortues et autres poissons-lunes. Sachez-le : la veille ne sert pas qu’à surveiller les autres navires, d’autant qu’à part les ferries faisant route vers la Corse, le trafic est peu intense.

Pour le timing, Eric appareille généraleme­nt au petit matin, « Ça laisse toute la journée à l’équipage pour se caler. En partant d’Hyères, on arrive ainsi généraleme­nt au petit matin en Corse. L’effet “waouh!” est garanti! L’île très montagneus­e est majestueus­e et s’aperçoit de loin ». Couronnée de son chapelet de nuages, elle est semblable à une reine de beauté. Pour l’atterrissa­ge, l’idéal est de viser Calvi pour redescendr­e ensuite vers le sud de l’île en passant par Piana et les Sanguinair­es. Mais tout est fonction de l’angle du vent qui peut très bien nous emmener plutôt vers Ajaccio. A 10 milles près, ça ne change pas grand-chose. Un rapide avitaillem­ent en spécialité­s locales et c’est parti pour une croisière de rêve, cap sur Bonifacio et les Lavezzi. Un dernier conseil : l’été, les plaisancie­rs sont nombreux et les mouillages bien abrités rares et vite encombrés. Il faut donc anticiper ses escales et arriver de bon matin pour trouver en toute sérénité la meilleure place. A ce propos, nous venons de rééditer notre hors-série sur les plus beaux mouillages de Corse... A bon entendeur !

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Avec son horizon sans limite, le Large est une expérience inoubliabl­e.

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