Méditerranée
On irait au sud
Et pourquoi pas, cet été, vivre l’inoubliable expérience du large, sans compter qu’au bout de la route, le voyage continue le long des côtes de Corse ou des Baléares? Suivez donc les conseils des pros que nous avons interrogés et larguez les amarres.
La Grande Bleue est franchissable ! Et il serait dommage d’hésiter une seconde tant la beauté des îles de Méditerranée, Corse ou Baléares, est bluffante. En revanche, les distances vont du simple au double en fonction de l’île de destination et du port de départ. A la louche, Minorque est à 160 milles de Saint-Cyprien, 200 de Port-Camargue ou de Marseille tandis que Calvi est à 90 milles de Nice, 120 d’Hyères, 170 de Marseille, 220 de Port-Camargue et 250 de Saint-Cyprien. Il y a un peu d’eau à courir, mais le jeu en vaut la chandelle à condition d’avoir au moins douze jours devant soi pour ne pas être empêché par la météo. Car s’il est généralement facile de s’y rendre, il s’agit de ne pas être bloqué sur les îles par un phénomène de mistral ou de tramontane qui peut, selon son ampleur, rendre furieuse la belle bleue. Il va donc falloir multiplier les sources d’informations. Weather 4D Pro est une solution simple, mais payante, pour charger sur une tablette plu
sieurs sources de fichiers Grib. On peut aussi consulter avant le départ le site Windy ou le site italien, peu ergonomique mais fiable, Lamma. La complexité de la navigation en Méditerranée tient dans la soudaineté des événements météorologiques et, l’été, du risque orageux. Cependant il ne faut pas dramatiser, juste savoir anticiper tant le grain sous l’orage qu’une pétole qui s’éternise. Eric, fondateur de l’école de croisière ACM-Catamaran basée à Hyères, est un habitué de la traversée continent-corse qu’il effectue en famille ou dans le cadre des stages semi-hauturiers de son école. « Avant d’appareiller, je prends au moins trois météos différentes. Il faut s’élancer au portant évidemment, mais éviter de se précipiter pour partir avec une queue de mistral. Car si le vent est favorable, la mer levée par le vent peut être très dure ».
Pétole ou baston, il faut choisir...
De fait, la traversée s’effectue généralement à 60 % au moteur… C’est comme ça en Méditerranée, surtout l’été. « Du coup, avant chaque traversée – mais le conseil vaut de façon très globale –, on vérifie les niveaux du moteur et on s’assure d’avoir une courroie et un Impeller de rechange, cette petite roue à aube sans laquelle le circuit de refroidissement est inopérant ». Une fois toutes ces précautions prises, il faut se lancer! Comme pour toutes les navigations hauturières, on aura pris soin d’embarquer une canne, avec un bon leurre et un bas de ligne acier, car la pêche peut être très payante en Méditerranée, tout comme l’observation des mammifères marins. Rares sont en effet les traversées au cours desquelles on ne croise pas au minimum un groupe de dauphins, mais aussi très souvent des baleines, des tortues et autres poissons-lunes. Sachez-le : la veille ne sert pas qu’à surveiller les autres navires, d’autant qu’à part les ferries faisant route vers la Corse, le trafic est peu intense.
Pour le timing, Eric appareille généralement au petit matin, « Ça laisse toute la journée à l’équipage pour se caler. En partant d’Hyères, on arrive ainsi généralement au petit matin en Corse. L’effet “waouh!” est garanti! L’île très montagneuse est majestueuse et s’aperçoit de loin ». Couronnée de son chapelet de nuages, elle est semblable à une reine de beauté. Pour l’atterrissage, l’idéal est de viser Calvi pour redescendre ensuite vers le sud de l’île en passant par Piana et les Sanguinaires. Mais tout est fonction de l’angle du vent qui peut très bien nous emmener plutôt vers Ajaccio. A 10 milles près, ça ne change pas grand-chose. Un rapide avitaillement en spécialités locales et c’est parti pour une croisière de rêve, cap sur Bonifacio et les Lavezzi. Un dernier conseil : l’été, les plaisanciers sont nombreux et les mouillages bien abrités rares et vite encombrés. Il faut donc anticiper ses escales et arriver de bon matin pour trouver en toute sérénité la meilleure place. A ce propos, nous venons de rééditer notre hors-série sur les plus beaux mouillages de Corse... A bon entendeur !