Le Monde du Multicoque

Golfe de Gascogne Même pas peur!

- Texte Damien Bidaine et Paul Gury. Photos DR

Qu’on parte pour les Antilles, la Méditerran­ée ou simplement une virée en Espagne, il faut d’abord « dégolfer », et ce n’est jamais anodin. Voici donc un petit point météo pour traverser le Gascogne en toute sérénité.

Terrible mais si prévisible, le golfe de Gascogne n’est plus, grâce aux moyens de prédiction à sept jours, aussi redoutable qu’autrefois ; alors non, l’Espagne n’est pas si loin et en deux jours de mer, le dépaysemen­t sera total. Viva las tapas ! En effet, les phénomènes météo se forment au loin, de l’autre côté de l’Atlantique. On a donc le temps de les voir venir pour peu que l’on prépare correcteme­nt sa météo. Une tâche notamment facilitée par le site internet Cotweb.com et sa page dédiée au golfe de Gascogne où se rend systématiq­uement Gaël avant de partir en direction de Gijon ou de Santander. Skipper et cofondateu­r de l’école de croisière Yakapartir à La Rochelle, Gaël prévoit systématiq­ue douze jours pour traverser le Golfe. Ça permet de se laisser de la marge, tant pour choisir sa fenêtre à l’aller qu’au retour. « D’une façon générale, plus on a de temps devant soi, plus on a de chances de choisir une bonne fenêtre météo. Mais attention, le dicton est vrai : qui trop

britanniqu­es associées à des basses pressions sur le sud de l’Europe, générant un flux d’est à sud-est de modéré à assez fort qui peut faire votre affaire si vous visez le nord-ouest de la péninsule ibérique (entre Gijon et la Corogne). Evitez de partir si les fichiers annoncent l’arrivée d’une perturbati­on : la houle est vite dangereuse dans le Golfe avec la remontée rapide des fonds sur le plateau continenta­l alors que les vents forts de sud-ouest à ouest vous obligeront à naviguer au près. Enfin, prenez garde à la naissance de dépression­s thermiques (échauffeme­nt lié à la chaleur à terre) sur la côte espagnole ou le sud-ouest de la France. Des orages violents sont alors à craindre, synonymes de grosses rafales et de bons coups de stress à bord !

regarde la météo reste au bistro ». Pour la destinatio­n, Gaël vise Gijon (250 milles) ou Santander (200 milles). « Plus on se rapproche de la frontière franco-espagnole, moins on a de vent ; plus on s’approche du cap Finisterre, plus il forcit et plus on rencontre une houle croisée désagréabl­e. En visant au milieu, je suis tranquille. Gijon est un grand port, très accessible par tout temps, ce qui est rare sur cette côte ». Pour la traversée, il faut compter trois jours et deux nuits de mer sur une unité de 37 pieds comme le Sun Fizz de Yakapartir. Une véritable petite expérience hauturière qui se prépare : « Que ce soit avec des amis ou des stagiaires, j’aime faire l’avitaillem­ent avec l’équipage, car la nourriture prend une grande place dans la réussite d’une navigation. Il ne faut pas se rater ! A bas le lyophilisé et les boîtes, vive le frais ! Je fais ensuite une courte navigation qui se termine par une première nuit au mouillage. Ça permet à l’équipage de découvrir le bateau, que chacun (re)trouve ses marques.

L’observatio­n de baleines est courante

On en profite pour faire un point sur le matériel de sécurité, les procédures d’alerte et de signalemen­t ainsi que les règles de sécurité la nuit et le jour. Enfin, ça permet à tout le monde de s’amariner ». C’est important, car dans le Golfe on peut rencontrer une mer avec 2-3 mètres de creux, pas méchante mais qui soulève les estomacs… Pour affronter ça, notamment pour la première nuit, Gaël a une recette unique, simple, ultra-efficace : les patates vapeur à la cocotte !

Passée la première nuit, au lever du soleil on se sent vraiment libre. On a quitté le plateau continenta­l où se concentre l’essentiel des pêcheurs, nous voilà désormais au large. La houle s’allonge, c’est le temps de mouiller la ligne de traîne (thon blanc, bonite, maquereau espagnol) et d’assurer une veille attentive si l’on veut observer dauphins, rorquals communs, globicépha­les, requins (par calme plat) et tortues luths. Au deuxième petit matin, la côte espagnole se devine sur l’horizon : assez haute, souvent surmontée de nuages sur les sommets de l’arrière-pays. L’approche est claire mais gare au trafic maritime en arrivant sur Gijon. Reste à amarrer le voilier et à déguster, en guise de récompense de cette belle navigation, quelques tapas arrosées de vino tinto. Une fois repu, il faudra encore planifier le cabotage de ports en mouillages vers l’est ou l’ouest selon la météo. Notez qu’en général, les endroits les moins accessible­s sont les plus beaux, alors si vous ne l’avez pas déjà fait pendant la traversée, plongez-vous vite dans le guide Imray et le Pilote Côtier.

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