LA GALAXIE ELECTRIQUE
S’il est une tendance qui se confirme au salon de Cannes, c’est bien celle de la motorisation électrique… Mais laquelle ? Deux grandes familles se détachent au sein de cette galaxie des propulsions alternatives : les hybrides et les 100 % électriques. Les premiers défendent un modèle plus sûr en termes d’autonomie et une architecture d’avenir, car compatible avec l’avènement des nouvelles générations de piles à hydrogène. Il « suffirait », le jour venu, de remplacer le générateur thermique qui alimente le parc de batteries par son équivalent à hydrogène. Les seconds, tenants du 100 % électrique, proposent une approche de la croisière plus douce, raisonnée… et aussi vélique que possible. Un entretien passionnant avec Stéphane Renard, le directeur du bureau d’études Outremer-Gunboat, nous a convaincus du potentiel de l’électrique comme de ses limites. En résumé, en électrique il ne faut pas chercher à aller où l’on veut, quand on veut, mais naviguer en finesse en fonction du vent et de la mer… L’orientation du soleil pour les panneaux photovoltaïques ou la courbe de charge sous voiles peuvent être prises en compte dans le cadre d’un « routage énergétique » pas si éloigné, en grande croisière, de ce qui se pratique déjà dans la Marine marchande. Techniquement, à puissance égale il faut faire un choix entre les systèmes à haute tension (V) et basse intensité (A), et les systèmes à basse tension et haute intensité. L’Excess 15 Lab, sur lequel nous avons pu naviguer, a fait le choix de la haute tension (360 V), ce qui impose un usage professionnel du bateau pour des raisons de sécurité mais autorise un câblage léger. Motorisé par Torqeedo, l’Excess 15 Lab est un bateau expérimental dont la commercialisation n’est pas d’actualité : le système électrique représente le quart de son prix ! Chez Outremer, on a plutôt fait le choix d’un système OceanVolt basse tension (48 V), a priori plus rassurant mais plus contraignant en termes d’architecture électrique puisqu’à 48 V, il faut 300 A pour délivrer les 15 kW de chaque moteur, donc un câblage costaud… Indépendamment de ces choix techniques
– volontairement simplifiés, on parlera batteries dans un prochain article – il faut garder à l’esprit qu’on ne navigue pas en électrique comme en thermique, et que les performances sous voiles redeviennent cruciales en croisière. Tout comme les choix de confort et de divertissement, forcément énergivores… Changement de paradigme ?