Les balises de détresse
et un équipement chers à Kevin Escoffier, et plus particulièrement la balise individuelle AIS qui a permis à Jean Le Cam de le localiser avec précision. Que l’on soit naufragé ou sauveteur – et vous avez statistiquement plus de chances d’être dans le second cas – les balises sont un élément clef dans la chaîne des secours en mer, car elles alertent et surtout guident les secours vers le naufragé. D’où l’importance de connaître les moyens de repérage, notamment AIS, toujours dans le cas où, comme Jean Le Cam, vous passeriez du statut de marin à celui de sauveteur. Mais plongeons-nous dans un peu de théorie : il faut distinguer deux familles de balises : celles qui diffusent une alerte et un positionnement GPS par satellite (EPIRB, PLB) et celles qui diffusent une alerte et une position GPS par VHF (AIS). Les EPIRB (Emergency Position Indicating Radio Beacon) ou PLB (Personal Location Beacon) fonctionnent grâce au réseau satellitaire SARSAT. Elles intègrent (en option) un GPS et sont conseillées de 6 à 60 milles. L’EPIRB est obligatoire pour toute navigation au-delà de 60 milles. Les balises AIS fonctionnent sur le réseau VHF AIS/ASN et indiquent l’alerte à tous les voiliers disposant d’un récepteur AIS ou d’une VHF AIS/ASN. Ces dernières sont plus appropriées aux navigations côtières où les unités susceptibles de relayer le message de détresse sont les plus nombreuses. Pour Kevin Escoffier, si l’on devait n’en avoir qu’une, il s’agirait de la balise individuelle AIS. Il conseille donc d’en placer une dans son Grab Bag pour la simple raison qu’elles sont très précises à faible distance et autorisent une localisation rapide du radeau de survie. Les EPIRB sont prévues pour la navigation hauturière et sont administrativement et techniquement liées à un navire via un numéro d’identification. Comme leur nom l’indique, les PLB sont conçues pour un usage individuel, à terre (boîtiers non flottants) ou en mer (modèles flottants). Ces dernières peuvent être identifiées par un numéro de série ou par un numéro MMSI. Tous ces appareils sont normalisés et utilisent les mêmes standards technologiques, les différences ne portant que sur l’ergonomie, l’esthétique et le prix. Quelle que soit votre balise, pensez à l’enregistrer sur les plateformes adéquates : programmation de la balise et enregistrement du numéro MMSI de votre voilier (ANFR).
Les balises satellites alertent, les balises AIS vous positionnent auprès de tous. Kevin Escoffier
sauveteurs en mer et pourtant le stress était là. Denis, le stagiaire embarqué sur le second radeau, parle même d’état de choc… Il témoigne : « Je fais les choses sans trop réaliser ni me rendre compte de l’effort nécessaire. Est-ce pour cette raison que je me hisse à bord en un instant seulement ? La plateforme d’embarquement et sa poignée, dont j’ai appris l’existence le matin même à l’atelier, m’ont bien aidé. Pendant que mes compagnons d’infortune écopent l’eau que nous avons embarquée, je m’apprête à couper le bout qui nous relie au bateau. Je vérifie à deux reprises que je tiens le bon, c’est-à-dire pas celui de l’ancre flottante (ils sont identiques)… Nous nous organisons à bord. A cinq dans le radeau (de 6 places) nous sommes un peu serrés mais chacun prend possession de son espace. Nous testons le miroir, les sifflets, lisons les notices des fusées et fumigènes, dont l’utilisation semble délicate et découvrons une multitude de fonctionnalités, dont ce tuyau pour la récupération d’eau douce, ces deux crémaillères dans la capote pour sortir la tête. »
Tenir 24 ou 48 heures dans un tel esquif…
Justement voilà le Maxi Edmond de Rothschild monté sur ses foils qui semble nous foncer dessus ! Nous a-t-il vus ? La vedette qui nous tourne autour plein gaz pour nous chahuter va-t-elle faire chavirer le radeau ? Va-ton être malades ? Et enfin : comment tenir entre 24 et 48 heures dans un tel esquif ? Nous sommes trempés. Certes, l’isolant remplit parfaitement sa fonction et nous coupe du froid, certes la tente nous protège des vagues et du vent, certes les quatre poches stabilisatrices sous les boudins jouent leur rôle, tandis que l’ancre flottante ralentit notre dérive et les cachets calment nos estomacs. Tout est là pour nous rassurer, d’autant que nous sommes désormais incollables sur les qualités techniques du radeau. Reste une question : comment tenir psychologiquement en pareille situation ? Car enfin, Kevin Escoffier le confirme : le plus dur lorsque l’on embarque sans moyen de communication direct (téléphone satellite, VHF) est de savoir si l’appel de détresse a bien été entendu ! Bientôt les balises intégreront un accusé-réception. En attendant, il faut se raccrocher à ses propres connaissances, d’où l’importance de bien appréhender son matériel, mais aussi la chaîne des secours et leurs délais d’intervention. Comprendre pour attendre sans crainte en toute sérénité !