Wharram pionnier de l’écoconception
« Iconoclaste, gourou, libertin, marginal… James Wharram n’a cessé, tout au long de sa vie, de collectionner les étiquettes que la bonne société colle à ceux qui la dérangent. » Un incipit qui va comme un gant à l’architecte naval britannique, grand pionnier du multicoque, disparu le 14 décembre dernier. Frappé par la navigation d’Eric de Bisschop d’Hawaï jusqu’en France sur une pirogue double inspirée des anciennes embarcations polynésiennes, le jeune James se lance en 1952, avec sa jeune épouse Ruth, dans la construction de Tangaroa, un catamaran de 7 m, puis avec Jutta, une amie de Ruth, dans une transat qui mènera le trio à Trinidad. La suite est faite de rencontres, de nouvelles constructions pour aboutir à un cabinet d’architecture : Polynesian Catamarans plus tard rebaptisé James Wharram Design.
Les décennies soixante-dix et quatre-vingt consacreront le succès planétaire des plans Wharram avec les Tiki 21, 26, 46, les Pahi 52 et 63… Des catamarans qui se distinguent par leur inspiration polynésienne, leurs matériaux nature et leur assemblage qui fait appel à de solides ligatures textiles. A l’heure où l’écoconception revient à l’avant-garde, ses plans sont une source d’inspiration pour une nouvelle génération d’architectes soucieux de limiter l’impact de leurs voiliers, à deux coques de préférence… Son décès à 93 ans marque sans doute la fin d’un âge d’or. Il fait partie de ces marins constructeurs qui se sont affranchis des dogmes du yachting pour inventer un nouveau monde. Et si certaines des utopies qu’il incarna ont vécu, restent un coup de crayon ultracréatif et un héritage nautique extraordinaire qui n’a pas fini de nous faire rêver.