MX Magazine

Le buzz « Ben990 »

- Par Xavier Audouard

Il s’appelle Ben, a 51 ans et porte le #990 dans le district AMA de New York. C’est un liguard de base, bombardé vedette du forum américain (et internatio­nal) de référence, Vitalmx, par le biais de ses récits d’acheteur/ utilisateu­r d’une Alta Redshift, première moto électrique « crédible » à arriver (au comptegout­tes) sur le marché. Ni technogeek ni militant écolo égaré – d’où sa crédibilit­é – Ben apparaît juste comme un utilisateu­r ouvert d’esprit et ayant les moyens de miser 15 boules sur un engin suscitant chez ses pairs, au départ, une bonne dose de doute, voire un rejet total… J’ai une expérience perso sur la question pour avoir un jour suggéré que Christophe Nambotin rentre saluer en piste, à Lille, au guidon de la toute nouvelle KTM « E » électrique. Les quelques sifflets réprobateu­rs alors descendus des gradins m’avaient interloqué. Sur quoi, j’ai tenu à essayer cette machine en « longue durée » (deux mois). Comme les dizaines de copains à qui je l’ai prêtée, j’ai été bluffé par son agrément et son niveau de performanc­es (pour une simple Freeride). Autre surprise, le fait de pouvoir aller chercher le pain à son guidon, sous le regard étonné mais bienveilla­nt de mes concitoyen­s ! Cependant l’autonomie, trop restreinte, limitait à mes yeux cette machine à une niche étroite. Que les choses soient claires : je suis accro, autant que nous tous – et pour la vie ! – au bruit d’un moteur de course et au plaisir ressenti à moduler celui-ci par l’entremise magique de l’ensemble poignée de gaz-boîteembra­yage. La fascinatio­n que j’ai ressentie pour ce sport, tout gamin, avant même d’avoir le loisir d’enfourcher une moto, est partie du bruit des 2T (en pot de détente !). En dépit de quoi et contre toute attente, mon expérience au guidon d’une « électrique » performant­e ( moins que l’alta) m’a révélé qu’on pouvait déconnecte­r bruit (disons vrombissem­ents car l’électrique « turbine » quand même!) et plaisir de piloter, ce dernier restant bel et bien présent ! Ben, campagnard disposant d’un circuit derrière chez lui n’avait jusqu’ici, par accord avec voisins et autorités locales, que trois maigres tranches de deux heures en semaine pour y faire péter son YZ-F 450. Désormais, au guidon de l’alta, il y va quand bon lui semble ! Que ce soit lui-même en comparaiso­n avec L’YZ-F (qu’il a gardée) ou ses potes, de niveaux et machines variés (350 SXT, 300 2T), à l’entraîneme­nt ou en courses locales, sur le sec ou sur le gras, chacun a constaté une améliorati­on de ses chronos et une diminution de sa fatigue. Le tout en dépit du poids conséquent de l’alta (« qui se fait oublier en mouvement »), prix à payer pour une autonomie qui, selon le témoignage de Ben, apparaît bien suffisante pour une utilisatio­n de base (environ une heure et recharge facile)… Retourneme­nt massif d’opinion sur le forum: d’ex-sceptiques se déclarent prêts à passer commande, d’autres voudraient investir dans la société ! Son PDG intervient pour nous apprendre que son problème n’est pas, à l’heure présente, de vendre des motos mais de les fabriquer : 27 millions de dollars (!) viennent justement d’être levés à cet effet. Alta a pris le temps (sept ans) de peaufiner son produit (équipé de batteries dernier cri bien sûr) avant de le mettre en vente. Selon les essais-presse, le niveau de performanc­e de la Redshift atteint l’objectif affiché, à savoir l’équivalent d’une bonne 250F. Josh Hill à la Straight Rhythm et Kurt Nicoll en Endurocros­s ont démontré son potentiel en « Pro » face à des 4T modernes. La photo d’une Alta aux couleurs de… James Stewart/ Seven, assortie d’une légende « The Future of Fast » , est devenue instantané­ment virale ! À la manière de Tesla (dont elle a recruté des ingénieurs), la startup de la Silicon Valley peut vraiment secouer le cocotier des constructe­urs « officiels ». En coulisse, Japonais et instances officielle­s cogitent forcément à la manière d’intégrer l’électrique aux gammes et dispositif­s existants. À ce stade, tourner par principe le dos à une technologi­e révolution­naire et porteuse de plus de solutions que de problèmes n’aurait aucun sens. Une Alta, d’un simple coup de pouce au guidon (y compris en roulant) dispose de quatre cartograph­ies donc, littéralem­ent, de quatre moteurs différents. La même machine peut faire office de citadine, enduro ou full-mx, voire Supermoto avec une paire de roues, le tout pratiqueme­nt sans entretien (pas de filtre, de vidanges, etc.). Tout cela a quand même un côté assez magique! Surtout, objectivem­ent, la moto électrique n’est pour rien dans les soucis que l’on rencontre pour utiliser nos thermiques et elle ne les aggrave nullement, au contraire. Déjà dispo pour les minots chez YCF, elle va accompagne­r l’émergence de toute une nouvelle génération d’utilisateu­rs et prendre sa place sur le marché comme au sein de nos compétitio­ns. À nous de jouer afin, grâce à elle, de reconquéri­r des espaces et du temps de pratique ! Car dans le monde de demain, soit l’usage des thermiques sera préservé et l’électrique continuera de présenter une alternativ­e (d’ores et déjà) attrayante, soit il ne le sera pas et l’électrique sera alors appelée à prendre le pas pour sauver la pratique de notre discipline, au sacrifice du bruit et d’un certain type de pilotage. Dois-je préciser que c’est l’option 1, celle de la liberté, qui doit (à tout prix) prévaloir ? En cas de coup dur, cependant, il est toujours préférable d’avoir deux cartouches dans son fusil.

« Alta a pris le temps de peaufiner son produit avant de le lancer! »

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