Le journal de Livy

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Je ne peux pas commencer cette chronique sans revenir sur ce qui est arrivé à Steven (Lenoir). C’était un ami d’enfance avec qui j’ai commencé le MX. Je me rappelle encore de nos débuts et des entraînements sur le circuit de Vincy-manoeuvre avec nos pères. On partait également en vacances ensemble. Bref, nous étions proches. Personne ne mérite ça, mais Steven était vraiment un bon mec que tout le monde appréciait. Je ne lui connaissais aucun ennemi, il ne faisait jamais de gros block-pass ou de choses comme ça. Ses parents et ses soeurs ont tout sacrifié pour qu’il puisse pratiquer sa passion, mais tout ce qu’il a obtenu dans ce sport, il est allé le chercher. C’était un pilote talentueux, mais aussi un gros bosseur qui a pris en main sa carrière en s’expatriant notamment en Angleterre pour trouver des contrats. Il ne prenait pas de risques et ne roulait jamais au-dessus de ses pompes. Cette chute et les conséquences que l’on connaît sont donc d’autant plus difficiles à comprendre et à digérer. C’est dingue, mais je voulais lui rendre hommage dans cette chronique car il va nous manquer. Pour en revenir à mon actualité sportive, je tenais à parler du GP de France qui s’est hyper bien passé. Pour la première fois depuis longtemps, j’étais dans le bon rythme dès les premiers essais et lors des qualifications où je me suis battue pour la pôle durant toute la séance. Malheureusement, j’ai pris un très mauvais départ dans la première manche. J’étais folle de rage et pas forcément dans les meilleures dispositions, mais après être reve- nue à la 4e place, j’ai vu que Kiara (Fontanesi) n’était pas loin et pas non plus sur un gros rythme. Je suis remontée mais en me voyant derrière, elle en a remis un peu. Du coup, nous sommes progressivement revenues sur le duo de tête. Duncan s’est alors pris un gros volume, ce qui nous a permis de gagner une place. Kiara a ensuite trouvé l’ouverture sur Van De Ven pour prendre la tête de la manche, mais elle a chuté. Je me suis donc retrouvée deuxième et j’ai réussi à doubler Van De Ven dans le dernier tour pour m’imposer. Vu mon début de course, c’était quand même improbable. Les circonstances m’ont été favorables mais d’un autre côté, je me dis que si mes adversaires partent à la faute, c’est aussi parce qu’elles étaient au-dessus de leurs pompes. J’ai pris le temps de bien analyser mon départ loupé car je restais sur une bonne série de holeshots en championnat de France. Cela a porté ses fruits et je me suis retrouvée devant au second départ, au coude à coude avec Nancy (Van De Ven). On s’est doublé à plusieurs reprises avant que Duncan me déborde. Je suis restée dans sa roue durant toute la manche. Je me suis montrée trop patiente. Pour espérer l’emporter, il aurait fallu que je prenne plus de risques. Il n’empêche que je réalise une bonne opération en remportant ce GP et en profitant des erreurs de mes adversaires. Ça fait du bien de voir les progrès accomplis depuis le début de l’année. Je sens que je suis plus rapide. Peut-être pas autant que Duncan, mais je sais qu’elle doit être à 110 % et prendre des risques pour aller plus vite que moi. En début de saison, c’était loin d’être le cas. J’arrivais à compenser grâce à mon physique et à mon expérience, mais je n’étais pas dans le rythme. Même au niveau des départs. C’est le jour et la nuit alors que la base de ma moto n’a pas forcément évolué. C’est une multitude de petits détails qui font toute la différence. Je pars tout le temps devant en championnat de France et ça se confirme en GP. Après le GP de France, nous avons disputé une épreuve du championnat de France Féminin à Plomion. Duncan avait également prévu de s’y rendre pour se préparer. Ça fait du bien de se retrouver en condition de GP. Les chronos ont été serrés même si elle a fini par décrocher la pôle. J’ai réduit l’écart lors du warmup du lendemain et les manches ont été disputées. J’ai remporté la première en profitant d’une petite erreur de Duncan mais en seconde manche, je n’ai pas réussi à tenir son rythme plus de 5 ou 6 tours. J’ai un peu craqué physiquement, mais je sais ce qu’il me reste à travailler. J’arrive à tenir mon nouveau rythme pendant 15 minutes. Il faut que je bosse pour le tenir 10 minutes de plus et aller au bout de la manche. Je pense que ce sera le cas dès le prochain GP à Loket. C’est un circuit que je connais bien. C’est un circuit glissant qui convient généralement bien aux Français. Avant ça, il y aura eu les trois dernières épreuves du championnat de France Féminin. Ce n’est pas simple d’enchaîner les courses au niveau des déplacements, de l’entraînement et de la fatigue, mais cela permet aussi de garder le rythme. Je suis contente de clôturer ce championnat tôt pour ensuite pouvoir me concentrer sur le Mondial. Je vais pouvoir préparer Assen en m’entraînant dans le sable sans faire des courses sur le dur entre temps. Je voulais aussi revenir sur l’élite de Pernes-les-fontaines auquel j’ai pris part en me qualifiant en 33e position. En première manche, je n’ai pris aucun risque au départ avant de revenir en 22e position. Je voyais deux pilotes devant moi et j’ai cru que j’allais décrocher mon petit point (rire). J’ai doublé le premier et alors que je préparais mon attaque pour doubler le 20e grâce à une trajectoire magique, un drapeau jaune est venu ruiner mes plans (rire). En 2e manche, je voulais jouer ma carte à fond au départ. J’ai fait une sortie de grille de dingue pour me retrouver au coude à coude avec Tom Vialle et Mathys Boisramé au premier virage. Ça m’a fait tout drôle et là je me suis dit que je n’étais pas dans la merde (rire). J’ai essayé de prendre mon rythme sans fermer les portes pour ne pas me faire couper en deux ou gêner des pilotes plus rapides. Finalement, j’ai rétrogradé en 22 ou 23e position, mais avec de jolis temps au tour. C’est encourageant même si je n’ai toujours pas décroché ce petit point à l’élite. C’est de bon augure pour la suite. »

« Je voulais rendre hommage à Steven Lenoir dans cette chronique. Il va vraiment nous manquer! »