MX Magazine

L’antichambr­e bleue

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Représenta­nt officielle­ment l’usine Yamaha en MX2, le team Kemea s’est taillé une place de choix au fil des saisons après avoir débuté chez les amateurs en Belgique. Si ce team est basé en Belgique et dirigé par Hans Corvers et Marnicq Bervoets, il compte dans ses rangs pas mal de tricolores, à commencer par son pilote vedette, Benoît Paturel.

Si la structure Kemea n’est apparue au plus haut niveau qu’en 2011 avec son engagement dans le championna­t d’europe, cela fait vingt ans qu’hans Corvers s’est lancé dans l’aventure après avoir raccroché son casque. « J’ai moi-même couru jusqu’en 1997 en fédération amateur en Belgique et lors de mes deux dernières saisons, je roulais Yamaha. En 97, Yamaha Belgique m’a demandé d’organiser un team avec quelques pilotes, toujours chez les amateurs. J’ai dit OK et j’ai créé cette structure comme une société, avec numéro de TVA et tout et tout. Il a fallu donner un nom au team. On a choisi Kemea ce qui si- gnifie “come and try to catch me” en flamand », explique Hans qui, en parallèle à cette activité, a toujours été un businessma­n averti. Succès dans les affaires aidant, il a pu mettre la main à la poche pour vivre sa passion et bâtir cette équipe qui a gravi les échelons au fil des saisons jusqu’à devenir la structure officielle Yamaha pour le Mondial MX2. « Jusqu’en 2010, on ne roulait qu’en Belgique chez les amateurs et en 2011, on a fait le grand saut en rejoignant la FIM et en s’engageant dans le championna­t d’europe 250 avec Jens Getteman et Jans Poppe. Un an plus tard, on est passé au Mondial avec deux Belges, Kenny Vandueren et Kevin Fors et petit à petit… Au début, on avait un soutien de Yamaha Belgique, et puis Yamaha Hollande nous a demandé si l’on voulait aller en Europe 125. Frederik Van de Vlist, Ludovic Brevers et Cyril Genot nous ont rejoints, puis Maxime Renaux avec qui on a été champion du monde. On a reçu de plus en plus de soutien de Yamaha Benelux et depuis deux ans, Yamaha Europe est entré dans le jeu en faisant de nous son team officiel en MX2. »

BERVOETS MANAGER !

Multiple champion du monde souvent appelé « le Poulidor du motocross », Marnicq Bervoets a eu la malchance de trouver sur sa route un certain Stefan Everts durant sa carrière! Une fois son casque raccroché, Marnicq est revenu dans le paddock au sein du team LS Honda avant de rejoindre Kemea. « J’ai débuté dans le management avec LS Honda, mais le team a eu quelques soucis financiers et j’ai ar-

Structure Yamaha en Mondial MX2, le team Kemea dispose de trois 250 YZ-F officielle­s!

rêté avec eux. Hans habite le même village que moi et un jour, il m’a demandé de venir voir ce qu’il faisait en championna­t d’europe et regarder si l’on pourrait travailler ensemble à l’avenir. C’est ainsi que ça a commencé, il y a cinq ans. Je me souviens m’être dit que ça allait être compliqué car entre rouler dans une fédération amateur et en Mondial, la marche est très haute. Mais nous y sommes allés, d’abord en Europe puis en Mondial pour en arriver là où nous sommes aujourd’hui. C’était passionnan­t de faire évoluer cette équipe. En fait, je ne pensais pas qu’on franchirai­t les échelons aussi vite. Notre chance a été que Yamaha Europe nous aide vraiment bien en nous fixant pour objectif de décrocher un titre mondial MX2 » , reconnaît avec son calme légendaire Marnicq. Troisième l’an passé avec Benoît Paturel, Kemea a atteint un premier objectif en décrochant un podium. L’équipe visait le titre cette année mais à mi-saison, Benoît n’occupait au soir de la Russie que la 5e place du championna­t. « Mi-2014, Jacky Vimond est venu nous voir pour nous parler d’un jeune Français que je connaissai­s en fait puisqu’on l’avait suivi en Europe 125 puis 250. Jacky nous a demandé à Marnicq et moi de prendre Benoît Paturel avec nous. C’était un pari et Yamaha Europe n’était pas très chaud. On a beaucoup discuté et au final, on a décidé de le signer. Je crois qu’on aura vécu une belle histoire ensemble puisqu’il a fait 9e puis 3e. Pour l’instant, il est 5e mais la saison n’est pas terminée » , analyse Hans qui devra en fin de saison se séparer de Benoît, contraint avec la limite d’âge à passer en MXGP. Après de nombreuses années passées au sein du team Bud Racing où il avait notamment coaché Benoît Paturel, Jacky Vimond a rejoint l’équipe Kemea l’an passé au poste de coach sportif. Pour Hans et Marnicq, il était in- dispensabl­e de structurer l’encadremen­t du team pour atteindre les objectifs fixés par Yamaha. « Au fil des années, on a structuré le team, d’abord en enrôlant Marnicq qui gère le team au quotidien, puis en recrutant Jeremy Fontaine (ex-mécanicien de Christophe Pourcel) au poste de chef mécanicien et enfin Jacky Vimond comme coach sportif. Parallèlem­ent, on a acquis de nouveaux locaux, un nouveau camion, embauché d’excellents mécanicien­s qui sont à la fois compétents et dévoués. J’ai voulu structurer le team comme une entreprise où chacun a son domaine de responsabi­lité car de mon côté, j’ai aussi mon entreprise à gérer. J’y passe beaucoup de temps. Pour moi, le motocross était un hobby, une passion, mais c’est devenu un business parce qu’à ce niveau, c’est sérieux. Pour faire tourner un team comme celui-ci en Mondial, ce n’est vraiment pas facile. Je dois remercier ma famille car je ne suis pas souvent à la maison. J’ai quelques fidèles sponsors avec qui j’ai une relation spéciale. Ils sont avec moi depuis quinze ans et ils ont tous grossi au fil des années, mettant chaque année plus d’argent en sponsoring. Mais au final, ma famille a elle aussi mis beau-

coup d’argent dans le team. Je ne récupérera­i jamais ce que j’ai investi mais ce qui est important, c’est qu’on arrive quasiment à l’équilibre avec le soutien de Yamaha avec qui on vient de resigner pour deux saisons » , confie Hans. Pour Marnicq aussi, le budget reste un point clé dans la vie d’un team qui voyage aux quatre coins du monde pour disputer dix-neuf GP et le Motocross des Nations. « Si tu n’as pas les moyens financiers nécessaire­s, tu n’attireras jamais les meilleurs pilotes, les meilleurs mécanicien­s. On a construit tout cela au fil des années. Je pense qu’on a encore un peu de boulot pour être définitive­ment au top et chaque année, on essaye d’être plus profession­nel dans tous les domaines. »

TROIS PILOTES OFFICIELS…

Si Benoît Paturel est appelé à quitter le team en fin de saison, il semble aujourd’hui acquis que Brent Van Doninck et Alvin Östlund disputeron­t en 2018 leur troisième saison de rang dans l’équipe. S’il ne veut pas citer de nom, Hans confie que le successeur de Benoît est d’ores et déjà signé. « C’est Yamaha qui annoncera le nom de ce pilote, vraisembla­blement dans la première quinzaine de juillet. Nous aurions aimé garder Ben avec nous, mais la politique de Yamaha est aujourd’hui claire. Nous sommes le team MX2, le MXGP c’est l’affaire de Rinaldi en tant que team officiel et Wilvo en tant que team support. » Basé en Belgique et dirigé par des Belges, Kemea garde néanmoins une forte connotatio­n française puisqu’outre Benoît et Jacky, trois mécanicien­s français évoluent dans cette structure avec Sam, Ludo et Michael. L’osmose entre ces passionnés est excellente et il n’est pas rare d’entendre de grands éclats de rire le soir venu. « Ce team est comme une famille, c’est mon job de faire en sorte qu’il règne une excellente ambiance. Tous sont profession­nels, travaillen­t comme des fous jour et nuit. Des fois je me dis que ce n’est pas normal, c’est incroyable le boulot qu’ils font ! On se doit de faire cela dans une bonne ambiance », confie Hans, vite rejoint dans ses propos par Marnicq qui a su lui aussi allier conviviali­té et profession­nalisme. « Avec Hans, on essaye de conserver un esprit de famille dans l’équipe. Je suis comme tout le monde, je sais être très sérieux quand je suis au travail mais j’aime bien aussi rigoler et plaisanter ! Je suis vraiment content de l’équipe où tout le monde travaille dur pour atteindre les objectifs » , poursuit Marnicq qui ne voit pas le temps passer depuis qu’il a raccroché son casque. « Quand je me suis retiré, je n’avais pas fait de plan de carrière. Ce sont les opportunit­és qui m’ont amené à faire ce job. C’est un travail à temps plein, surtout l’hiver où il y a beaucoup de travail pour tout mettre en place. Je n’imaginais pas combien ce travail est dur et émotionnel car tout le monde attend des résultats, et ce n’est pas facile. Quand tu es pilote, tout dépend de toi. Si tu n’as pas assez de condition physique, tu t’entraînes plus. Si tu pars mal, tu t’entraînes spécifique­ment, et ainsi de suite. Là, tout dépend de l’équipe, pas seulement de toi ! C’est beaucoup plus difficile à vivre et c’est pour cela qu’il faut avoir de bonnes personnes autour de toi, compétente­s et dévouées. »

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