MX Magazine

À quand le déclic?

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Vice-champion Supercross cette année après avoir remporté trois fois plus de finales que Ryan Dungey, grand favori de l’outdoor qui a débuté le 20 mai dernier à Sacramento, Eli Tomac vit sa quatrième saison en 450. À 24 ans, l’officiel Kawasaki est toujours à la recherche d’un premier titre dans la catégorie reine. Retour sur le parcours d’une star qui attend le dernier petit déclic pour enfin s’emparer du number one !

Né le 14 novembre 1992 à Cortez dans le Colorado, Eli Tomac fêtera ses vingt-cinq printemps dans six mois. Auteur d’une arrivée fracassant­e sur la scène US il y a déjà sept ans en devenant le premier rider de l’histoire à s’imposer d’entrée pour ses débuts en outdoor, le fils de John, véritable légende du Mountain Bike, a depuis pris pas mal de retard sur la plupart de ses illustres prédécesse­urs. Les faits et les chiffres sont là pour l’attester. Si l’on analyse les différents champions US de Supercross depuis l’an 2000, tous ont été titrés bien avant leurs 25 ans. Le plus précoce étant Ryan Dungey qui n’avait que vingt ans en 2010 au moment de s’offrir sa première couronne. RD5 n’a eu besoin que d’une seule saison pour gagner, comme Jeremy Mcgrath l’avait fait avant lui en 1993 lors de son année de rookie. JMG affichait alors 21 bougies au compteur. C’est au même âge, après respective­ment deux saisons dans les jambes, que Ricky Carmichael et James Stewart étaient chacun mon- tés sur la plus haute marche du podium final du SX US en 2001 et 2007. De son côté, Chad Reed est devenu champion 250 SX à 22 ans dès sa seconde année d’exercice en 2004. Un âge partagé avec Ryan Villopoto, lui aussi champion à 22 ans en 2011, à l’issue de sa troisième saison en 450. Tomac vient de conclure sa quatrième saison chez les gros bras, et son palmarès est toujours vierge. Vice-champion en 2015, il n’avait pas vraiment existé face à Dungey en concédant quatre-vingt-cinq points de retard au terme de l’exercice. L’an passé, on l’attendait au tournant pour ses débuts chez Kawasaki Monster. ET avait dû patienter cinq rounds avant de monter sur son premier podium de l’année à Glendale (3e), ne s’était finalement offert qu’une seule finale à Daytona avant de finir quatrième du championna­t derrière le trio Dungey, Roczen, Anderson. Cette année, ça ne fait pas de doute, Eli Tomac était bien le pilote de Supercross le plus rapide du monde! De loin le meilleur performer

du championna­t, vainqueur de neuf finales dont cinq consécutiv­es entre Toronto et Saint-louis, auteur de certaines remontées qui resteront à jamais gravées dans l’histoire de L’AMA… Mais ET3 a pourtant fini par craquer…

Le parallèle Bradshaw…

Un craquage qui n’est pas sans nous rappeler la saison 1992. Vous n’étiez peut- être pas encore nés, ou trop jeunes pour vous en souvenir. Si c’est le cas, une petite piqûre de rappel s’impose. Cette année- là, Damon Bradshaw va connaître la même mésaventur­e, avec un scénario différent. Quatrième de l’ouverture d’orlando, le jeune officiel Yamaha enchaîne en- suite avec cinq succès de rang entre Houston et Atlanta. Second ensuite à Daytona, sixième à Charlotte, il mène le championna­t face au duo Stanton/bayle avant de se louper totalement à Indianapol­is (19e). Son avance explose, mais derrière Bradshaw repart de l’avant en gagnant les deux finales de Pontiac, puis deux autres à Irving et San José. Avec neuf victoires, ça ne vous rappelle rien, il aborde la finale de LA en tête. Un dernier round prévu dans le Coliseum de Los Angeles, mais décalé d’un mois à la suite des émeutes en partie déclenchée­s par l’affaire Rodney King, citoyen noir américain passé à tabac par des policiers finalement acquittés. Entre temps, le championna­t MX avait débuté, Bradshaw se bagarrait avec Stanton, mais s’était blessé au genou à Red Bud une semaine avant LA. Cinquième ce soir-là alors que Stanton remportait seulement sa troisième finale de la saison (comme Dungey cette saison…), Bradshaw a perdu le titre pour trois petits points et laissé l’officiel Honda monter sur la plus haute marche du podium final. Derrière, il ne remportera aucun titre et devra de contenter d’une couronne 125 SX East Coast décrochée en 1989. Cette année-là, le rider Yamaha était pourtant bien le plus fort, le plus rapide, le plus agressif, mais la régularité de son rival avait fait la différence. Le parallèle avec ce que vient de vivre ET est assez frappant.

Un début qui plombe !

Cette année, ce qui a plombé Tomac, c’est avant tout un début de championna­t très moyen pour un candidat annoncé au titre. Cinquième, sixième et huitième des trois premières épreuves, l’officiel Kawasaki comptait déjà vingt-cinq points de retard sur Dungey au soir d’anaheim 2. Il s’est réveillé en gagnant les deux épreuves suivantes à Phoenix et Oakland avant de se louper à Arlington. Troisième de la finale après huit tours derrière Musquin et Seely, l’américain glisse à la réception d’un triple, endommage l’avant de sa KX-F, passe par les stands et ne termine que quinzième de la finale ce soir-là. En quittant le Texas, il est quatrième du provisoire avec vingt-neuf unités de moins que Ryan Dungey. Piqué au vif, sa réaction est immédiate. Dans la foulée, il claque cinq victoires et deux secondes places pour revenir au contact de son adver-

Vice-champion SX 2017, Eli Tomac est passé tout proche du titre…

saire au point de partager la plaque rouge avec l’officiel KTM à Salt Lake City. En quittant l’utah sur un neuvième succès, il s’offre trois points d’avance au provisoire avant d’aborder les deux derniers rounds d’east Rutherford et Las Vegas. Sur une dynamique incroyable, en pleine confiance, tous les feux semblent au vert pour qu’et file vers son premier sacre en 450. D’autant que le seizième et avant-dernier round qu’il abordera pour la première fois de sa carrière seul avec la plaque rouge se tient dans le Metlife Stadium. Une enceinte qui lui a toujours plutôt bien réussi avec des secondes places en 2014 et 2016 et une victoire en 2015. C’est pourtant là qu’il va connaître son Coliseum 1992. Pression de la « red plate » qu’il n’avait plus portée depuis le 24 août 2013 lorsqu’il était devenu champion outdoor Lites ? Petit relâchemen­t mental après avoir cravaché pendant quatre mois pour revenir ? Ce soir-là, Tomac a flanché tout seul alors qu’il venait de prendre la tête de la finale. Une première chute après laquelle il va repartir quinzième, mettre un temps fou à retrouver le rythme puis commettre de nouvelles erreurs. Compte tenu de sa prestation ce soirlà, sa huitième place relève quasiment

ET3 espère bien décrocher son premier titre MX450 cette saison!

du miracle. Avec cette contre-performanc­e mixée à la victoire heureuse de RD, l’officiel Monster s’est retrouvé relégué à neuf points de son rival avant Vegas. On connaît la suite, il n’inversera pas la tendance dans le Nevada pour finalement terminer vice-champion pour quelques unités, quatre plus précisémen­t. Au final, Tomac a montré ses limites. D’un côté il peut offrir le visage d’un « warrior » capable de revenir de la dixième à la première place pour gagner à Salt Lake City devant Dungey en tête depuis le premier tour… Et de l’autre, celui d’un garçon friable et totalement à côté de la plaque alors qu’il a enfin son destin entre les mains après des semaines de combat ! Cette année, ce n’est pas l’action Musquin/dungey d’east Rutherford qui a coûté le titre à ET, mais bien ses propres erreurs et sa défaillanc­e du New Jersey. À l’inverse, Dungey a démontré un mental d’acier après avoir perdu le leadership du championna­t !

Réaction attendue en MX !

À lui maintenant de réagir positiveme­nt en outdoor. Championna­t dont il est le favori logique, surtout en l’absence de Roczen et Dungey. C’est en MX et non en SX que Tomac s’est offert son premier succès en 450 le 19 juillet 2014 à Millville en claquant un doublé imparable devant les deux riders cités juste au-dessus. Cette année-là, pas encore remis de sa blessure contractée en SX, Eli va manquer les quatre premiers rounds du championna­t avant de revenir dans le Tennessee (3/3) avec un premier podium. Il s’était ensuite illustré jusqu’à la fin du championna­t pour finalement terminer dans le top cinq. L’année suivante, après une place de vice-champion SX, toujours au guidon de sa 450 CRF Geico, le kid du Colorado s’était montré intouchabl­e en remportant les cinq premières manches de la saison sans que personne ne puisse l’en empêcher. Sa domination était telle que certains observateu­rs l’imaginaien­t même capable de claquer un grand chelem façon Carmichael ou Stewart. Il n’en sera rien… Une tôle mémorable lors du second débat de Thunder Valley va mettre un terme à son année, après trois petits rounds. Opéré des deux épaules, obligé d’observer de longs mois de convalesce­nce, on ne l’a retrouvé qu’en fin de saison au guidon de sa nouvelle Kawasaki Monster. C’est dans ces conditions qu’et est arrivé chez les verts pour tenter de relancer un team en perdition depuis le départ de Villopoto. Quatrième du SX 2016 ( 1 victoire à Daytona), il va faire mieux en outdoor sans pour autant réussir à inquiéter un Ken Roczen

stratosphé­rique. Vainqueur à Southwick (1/1) et Washougal (2/1), il a terminé son championna­t avec certes 97 points de plus que Marvin Musquin troisième, mais 86 de moins que Roczen champion! Cette année, la voie semble bien plus dégagée pour lui, même si MM25, Jason Anderson et pourquoi pas ponctuelle­ment Cooper Webb et Blake Baggett seront de sérieux adversaire­s. Tomac avait mis quatre saisons pour décrocher son premier titre outdoor Lites. Il est actuelleme­nt dans sa quatrième année de 450 ! Souhaitons pour lui que cela soit un bon présage pour les semaines à venir. Depuis 2006, seuls deux anciens champions MX Lites sont devenus champions Motocross par la suite : Ryan Villopoto et Ryan Dungey. Imiter ces deux immenses champions, c’est la mission d’eli Tomac dans les mois à venir ! Vainqueur de l’ouverture de l’outdoor à Sacramento, ET a bien débuté avant de connaître un second round de Glen Helen plus compliqué (2/19) avec des mauvais départs et un problème de frein avant en seconde manche. À l’heure d’écrire ces lignes, il pointait en seconde position du provisoire derrière une KTM numéro 25, pilotée par un certain Marvin Musquin !

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